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Procès putsch manqué: « Si j’avais su tôt, j’allais déjouer le coup d’Etat » (Caporal Dah)

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Le caporal Sami Dah, accusé dans le dossier du putsch manqué du 16 septembre 2015, a affirmé, ce mercredi 23 janvier 2019, à la barre, que s’il avait «su tôt» que ce qui se tramait était un coup d’Etat, il l’aurait «déjoué», comme il l’a déjà fait le 8 juillet 2015. «Je n’étais au courant de rien», a dit le caporal Dah, affirmant qu’il s’est retrouvé dans cette affaire à cause de «l’appel du sergent-chef Roger Koussoubé».

L’ex-garde de sécurité présidentielle, le caporal Sami Dah, rappelé à la barre pour son interrogatoire complémentaire, devant la Chambre de jugement, est resté sur sa déposition de juillet 2018. Il a soutenu que le 16 septembre 2015, c’est bien le sergent-chef Koussoubé qui l’a appelé au téléphone, l’invitant à rejoindre le palais présidentiel, parce que l’adjudant Jean Florent Nion aurait besoin d’eux.

Le caporal Dah, a déclaré avoir vu le sergent-chef Roger Koussoubé au palais avant la prise en otage des autorités de la transition, quand il est arrivé sur les lieux, suite à l’appel de celui-ci. Pourtant, le sergent-chef Roger Koussoubé dans sa déposition avait indiqué qu’avant l’assaut, il n’était pas au palais présidentiel, ajoutant qu’il n’a jamais été un «messager du général (Gilbert) Diendéré» et n’était donc au courant de rien.   

«Si je n’avais pas vu le sergent-chef, je n’allais pas monter dans le véhicule» pour me rendre à la présidence, puisque «c’est lui qui m’a appelé», a révélé le caporal Dah, qui a également rappelé que «c’est en exécution des ordres du sergent-chef Koussoubé (qu’il) s’est retrouvé dans cette affaire».

Le sergent-chef Koussoubé serait celui-là qui l’a «commis à la sécurité du général Gilbert Diendéré», au moment des faits, selon les dires de l’accusé. C’est plus tard qu’il aurait cherché à savoir pourquoi le sergent-chef l’a appelé et l’intéressé lui aurait répondu «que l’adjudant Nion a dit qu’il a été vérifier une information chez le général avant le coup» sans dire de quoi il s’agissait.  

En ce qui concerne sa présence dans le bureau du chef de corps pour une réunion, le caporal Dah a été catégorique, il n’a pas été dans la salle. «Quand on est arrivé, je suis resté au secrétariat, je ne suis pas rentré dans la salle», a-t-il soutenu. Quant à sa participation à l’arrestation des autorités dans la salle du Conseil des ministres, il a fait savoir qu’il est resté sous le hall de la présidence et qu’il n’est pas rentré dans ladite salle.

L’accusé qui avait comme supérieur direct, le sergent-chef Roger Koussoubé, a déclaré que s’il «savait que c’était un coup d’Etat», le 16 septembre, il «n’allait pas se rendre» au camp, à la suite de l’appel de Roger Koussoubé. «J’allais chercher à déjouer le coup», a redit le caporal Dah, notant qu’il «allait directement appeler le capitaine Flavien Kaboré (aide de camp du premier ministre de la transition, Isaac Zida) pour l’informer». En rappel, en juillet 2015, cet accusé aurait œuvré à déjouer un putsch contre la transition.

«Si je n’avais pas déjoué le coup le 8 juillet 2015, peut-être que le premier ministre Isaac Zida serait mort», parce que «les sous-officiers supérieurs (qui) souhaitaient arrêter la transition, voulaient le tuer». Après son acte il aurait eu comme récompense la somme de six millions de francs CFA en deux tranches, qui lui a été remise par l’aide de camp de Zida. A propos de cette somme qui lui a été remise, il en a parlé au sergent-chef Koussoubé qui lui à son tour aurait rendu compte au commandement.

A la suite des questions et observations du procureur militaire, l’avocat de l’accusé, Me Antoinette Boussim a laissé entendre que «depuis le début du procès (27 février 2018), elle sent que ce procès n’est pas fait pour connaitre la vérité, mais pour avoir la tête de quelqu’un», précisant qu’«en réalité, le parquet  cherche la tête du général Diendéré».  «Mon client est là pour dire la vérité, il n’est pas là pour noyer ou aider quelqu’un», a-t-elle poursuivi.

Quant à Me Séraphin Somé, de la partie civile, il dit ne pas partager le même avis que la défense du caporal Sami Dah. Pour lui «c’est parce qu’on cherche la vérité que ce procès se tient», sinon il n’allait pas se tenir. Selon la partie civile ce que Me Boussim a dit est «grave (et) inadmissible».  

Quant à Me Mamadou Sombié, un avocat de la défense, il a estimé que «Me Boussim a le droit de faire ses observations comme elle veut». «C’est des moyens de défense et elle est couverte par l’immunité de parole», a indiqué Me Sombié.

Pour conclure le débat sur ce sujet, le président du tribunal, Seydou Ouédraogo, a affirmé que «c’est ça aussi le débat contradictoire», prévenant les uns et les autres que «quand on ne veut pas recevoir des coups, il faut éviter d’en donner».

L’audience de ce mercredi 23 janvier 2019 a été suspendue à 16h18 et reprendra le vendredi 25 janvier 2019.

Par Daouda ZONGO