Accueil Société Putsch manqué de 2015: «Nous nous sommes des exécutants» (Major Badiel)

Putsch manqué de 2015: «Nous nous sommes des exécutants» (Major Badiel)

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Une vue des accusés dont les deux généraux Djibrill Bassolé (costume) et Gilbert Diendéré (tenue militaire) (Ph. Wakat Séra)

L’adjudant-chef major Eloi Badiel, poursuivi dans le dossier du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015, huitième accusé à la barre pour les interrogatoires, a affirmé ce lundi 9 juillet 2018, qu’ils ne sont que «des exécutants» et que l’ordre d’arrêter le président de la transition Michel Kafando, son Premier ministre Isaac Zida et deux autres ministres est venu «du général Gilbert Diendéré».

L’ex-garde présidentiel, l’adjudant-chef major Badiel, dont le nom revenait toujours lors de l’interrogatoire des sept premiers accusés à la barre, a confirmé les dires de l’adjudant Jean Florent Akoé Nion sur l’origine de l’ordre d’arrêter les autorités qui étaient en Conseil des ministres.

«Le 16 septembre, c’est autour de 10h que le sergent-chef Roger Koussoubé dit le «Touareg» est venu me voir pour dire que sur instruction du général, de procéder à l’arrestation du président Kafando, le Premier ministre Zida, les ministres Augustin Loada et Réné Bagoro», a confié l’adjudant-chef major Badiel. «Surplace je n’étais pas d’accord» car une telle mission «se prépare», a-t-il déclaré.

Selon les dires du présent accusé, il y a eu une discussion entre le sergent-chef Koussoubé et lui avant qu’ils ne partent voir l’adjudant Nion. Arrivé chez Nion «je lui ai passé l’information» et la discussion s’est poursuivie. Pour appuyer la version de l’adjudant Florent Nion, le major Badiel a affirmé que c’est bien l’adjudant Nion qui, volontairement, a contacté le général pour vérifier l’information qui a été apportée par le sergent-chef Koussoubé.

«Après notre discussion, je suis parti chez moi à la maison. Autour de 12h-13h30 que Koussoubé m’a appelé me disant de venir au Palais (résidence du président) que c’est urgent. Quand je suis arrivé, il m’a dit que l’adjudant Nion a pu confirmer l’information avec le général et j’ai cherché à voir Nion», a narré l’ex-élément de la garde présidentielle qui confie qu’il ne pouvait «plus faire marche arrière».

C’est ainsi que l’adjudant-chef major a «fait appel à des anciens qui connaissent bien le travail», notamment le sergent-chef Bouda et l’adjudant Ouékouri Kossé, pour l’exécution de la mission confié par «le général».

Après l’arrestation des autorités, des éléments se sont portés volontaires pour aller chercher le général qui devait les venir les voir, selon le major Eloi Badiel qui dit qu’il ne savait pas que c’était un coup d’Etat, mais pensais que c’était pour amener ces autorités à régler les problèmes qui existaient au sein du Régiment de sécurité présidentielle (RSP).

L’adjudant-chef major Badiel à qui il reproché trois faits, notamment l’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires, dit qu’il n’a «pas fait de coup d’Etat» et il «reconnait partiellement» les chefs d’accusation pour lesquels il est poursuivi. «Je reconnais avoir procédé à l’arrestation des autorités», a-t-il précisé.

Pour ce qui concerne les faits de meurtre, coups et blessures volontaires, le major Badiel a déclaré qu’il n’a «jamais ordonné une patrouille» et que lui-même n’a été sur le terrain qu’une fois et c’était pour porter secours à Salifou Diallo dont la maison était en feu et le matériel pillé. En plus de ça «j’ai envoyé des éléments à des postes fixes comme le Conseil de l’Entente» pour qu’il reste là-bas «en cas de cas», a dit le major qui a soutenu que c’est à la Maison d’arrêt de correction des armées qu’il a appris qu’il y avait ses éléments qui sont allés à Zorgho. «Je ne sais pas qui les a envoyé et quand ils y sont allés».

«Si c’était à refaire, je ne le ferai pas», a affirmé l’adjudant-chef major Eloi Badiel, regrettant «les morts» qui ont été enregistrés durant le putsch.

«Je sens que vous avez une dose de sincérité», lui a dit l’avocat de la partie civile Me Prosper Farama qui a souhaité qu’il reste dans cette ligne. Pour son conseil Me Bali Baziomo, le major Badiel «est plus que claire et il a dit ce qu’il a fait», mais selon lui, à travers les questions de certains avocats, «on se rend compte que les uns et les autres ne veulent pas assumer ce qu’ils ont fait».

L’audience a été suspendue vers 17h et reprendra demain mardi 10 juillet à 9h.

Par Daouda ZONGO