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Putsch manqué de 2015: «Je n’avais confiance en personne» au RSP (Major Badiel)

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Des accusés dans le dossier du putsch de 2015

L’adjudant-chef Major, Eloi Badiel, ex-garde de la sécurité présidentielle, accusé dans le dossier du coup d’Etat manqué de septembre 2015 au Burkina, a affirmé à la barre ce lundi 9 juillet 2018, qu’au sein du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) les éléments étaient divisés de telle sorte qu’il «n’avait confiance en personne».

Le major Badiel, 55 ans, huitième accusé à passer devant le tribunal militaire pour son interrogatoire, a chargé le général Yacouba Isaac, l’ex-chef du gouvernement de la transition.

Selon ce sous-officier poursuivi pour «attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires», le général Isaac Zida qui réside depuis début janvier 2016 au Canada, «a divisé le RSP» dès l’exil forcé de l’ex-président Blaise Compaoré, fin octobre 2014 à la suite d’une insurrection populaire.

Sous la transition (novembre 2014 à fin décembre 2015), au moment où Zida cumulait les fonctions de Premier ministre et de ministre de la Défense nationale, «il y a eu trop d’actes qui ont fait que personne n’avait confiance en personne» au RSP. L’ex-Premier ministre aurait même «armé» certains éléments du régiment pour ses missions personnelles, a enfoncé le sous-officier.

Selon les accusations de l’adjudant-chef major Badiel, qui a reconnu à la barre qu’il a donné l’ordre à ses subordonnées de procéder à «l’arrestation» des dirigeants de la transition suite à une instruction attribuée au général Gilbert Diendéré, Zida avait «interdit» aux premiers responsables du RSP de rendre au camp de l’ex-corps d’élite jouxtant le palais présidentiel Kosyam .

«Le RSP a fait un mois sans ses supérieurs hiérarchiques (notamment) son papa (Diendéré)» parce que Yacouba Isaac Zida leur avait mis à l’écart de tout commandement des éléments du RSP, a-t-il ajouté.

L’adjudant-chef major Eloi Badiel qui a 32 ans de carrière militaire, a déploré les morts survenus avec l’évènement du putsch manqué 2015. Pour Badiel, le principal coupable doit être le général Zida qui a travaillé depuis son arrivée au pouvoir sous la bénédiction de ses frères d’armes du régiment, à «dissoudre» le RSP. A l’en croire, c’est surtout cette politique de liquidation du corps d’élite qui a poussé certains éléments du RSP à bout.

Tout au long de son interrogatoire sur ses actes présumés dans ce dossier, le major Badiel dit ne faire qu’«exécuter» les ordres de ses supérieurs, notamment, l’arrestation des dirigeants de la transition qui s’est passée sans effusion de sang.

Par Bernard BOUGOUM