Accueil A la une RD Congo: Adieu veau, vache, cochon, couvée…

RD Congo: Adieu veau, vache, cochon, couvée…

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Le journaliste congolais en exil, Lema Landu

Jeudi 25 novembre, le révérend pasteur Senga, porte-parole de l’Eglise du Christ au Congo (ECC), a accordé une longue interview à TSHANGU TV, à travers Fabien KUSUANIKA, responsable et animateur de ce média congolais, ayant son siège à Bruxelles, en Belgique. L’entretien tournait autour de ce qu’on pourrait appeler le « rapprochement entre la présidence de la République et les Eglises catholique et protestante », après le tumulte provoqué par la nomination jugée illégale de Denis Kadima à la direction de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

A y prêter attention, c’est comme si les deux Eglises contestataires s’avisent à jeter l’éponge. Car, à la question principale sur l’entérinement ou non de Denis Kadima comme président de la CENI, le pasteur Senga bottait constamment en touche.  Or, l’ecclésiastique est un disert sans fard. Qualité que tout le monde lui reconnaît bien.

Quoique rompu à l’exercice de ce genre précis de journalisme, KUSUANIKA n’a pas réussi à entraîner l’homme de Dieu à «lâcher le morceau». L’interview est restée sur des questions périphériques, qui ont leur importance, certes, mais sans avoir eu forcément la vertu d’étancher la soif des téléspectateurs. Ces derniers, pour la plupart, attendaient d’entendre une alternative à Denis Kadima.

CHERCHER A ARRONDIR LES ANGLES

Depuis, les interprétations sont allées bon train. Tous les mots y ont été décryptés, à la lumière de la sémantique, afin d’en découvrir le sens caché. Cependant, une toute petite phrase de l’interviewé a semblé retenir l’attention: «Monseigneur Utembi [archevêque de Kinshasa] n’est pas un homme qui dit ‘a’ le matin et ‘b’ le soir», a indiqué le porte-parole de l’ECC.

C’est que, autrement dit, la position des deux Eglises n’a pas changé sur la désignation de Denis Kadima qu’elles considèrent – avec une grande majorité de l’opinion congolaise -, comme étant un «passage en force» par le régime en place.

En même temps, à examiner l’ensemble des réponses données par le porte-parole de l’Eglise du Christ au Congo, on reste perplexe. Les deux Eglises donnent l’impression de verser dans la logique de la parabole biblique, au sujet de «l’enfant prodigue». Ce qui revient à dire, en clair, que Félix Tshisekedi a péché mais qu’il mérite un pardon, du fait qu’il est retourné à la maison paternelle.

De fait, celui-ci leur a envoyé une délégation gouvernementale de premier ordre, comprenant les présidents du Sénat, celui de la Chambre Basse, le Premier ministre ainsi que le conseiller spécial en matière de sécurité. C’est «toute la crème tshisekediste». Objectif avoué (personne n’est dupe) : avoir cherché à « arrondir les angles ». Après d’actes ignobles commis par les partisans du parti présidentiel (UDPS) à l’endroit de l’Eglise catholique. Cette importante délégation a rencontré le cardinal Ambongo, le 23 novembre, à Kinsahsa. Sans laisser filtrer rien d’essentiel.

Tel est le dilemme. On ne peut pas, en attendant, y voir les choses autrement. Mais si les Eglises contestataires cèdent à la sirène d’hypocrisie, sous le prétexte de l’enfant prodigue, concoctée par Tshisekedi et consorts, le Congo est bel et bien reparti vers le pire des situations, jusqu’alors jamais connues. En politique, les solutions aux problèmes posés se jouent dans les rapports de force. Pas à travers les paraboles bibliques. A Tshisekedi, il faut opposer la résistance. Ce n’est pas du tout un démocrate. Sinon…

Sinon, caramba, c’est encore raté! Et, cette fois-ci, il faut se lamenter, en disant «adieu veau, vache, cochon, couvée…!» Et, par «vive la balkanisation, tant entendu dire et tant attendue!» C’est fini!

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France