Le retour de Joseph Kabila de son exil, qui n’était qu’une annonce, mais soulevait déjà de grosses vagues prend des proportions encore plus inquiétantes. L’ancien président qui avait prévenu qu’il rentrerait par l’Est du pays, région dont les grandes villes sont aux mains des forces de l’AFC/M23 soutenu par le Rwanda, a-t-il déposé ses pénates à Goma comme le bruit se répand depuis quelques jours?
Question à laquelle aucune réponse officielle ne peut être apportée pour l’instant, mais qui a entraîné une réaction urticante et forte de la part de Kinshasa, à l’encontre de celui qui avait servi le pouvoir sur un plateau d’or, à Félix Tshisekedi, son allié pour la présidentielle de décembre 2018. «Activisme avéré» et «collusion» avec le groupe M23 sont reprochés à Joseph Kabila qui est même accusé de «haute trahison». Et pour faire preuve de sa volonté d’opposer une fermeté sans faille contre l’ancien président, le pouvoir en place a brandi, contre lui, un arsenal de mesures, dont des poursuites judiciaires avec saisie de ses bien immobiliers et la suspension des activités de sa formation politique, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD).
Le président de la République démocratique du Congo (RDC) est à son second mandat constitutionnel. Mais depuis quelques années, la friture s’est installée sur la ligne de communication entre lui et joseph Kabila qui s’entendaient comme larrons en foire, pour écarter du monde autour du fauteuil présidentiel. La lune de miel s’étant transformée en lune de fiel, les relations entre les deux désormais anciens alliés, se sont détériorées au point où Joseph Kabila s’était muré dans un silence de mort, en ce qui concerne la vie socio-politique en RDC. Sauf que ces derniers temps, il a décidé de parler, mais pas au goût de Félix Tshisekedi, auquel il fait porter la mauvaise gestion et tous les problèmes du pays.
L’extrême gravité des faits reprochés à Joseph Kabila, est loin de la simple agitation politique. Ce n’est, ni plus, ni moins, que le moyen d’affaiblir un adversaire, sur lequel porte des soupçons, à peine voilés, de soutien, aux côtés de Kigali, à l’AFC/M23. Du reste, pour le gouvernement congolais, ce n’est certainement pas le fait du hasard que Joseph Kabila a opté de retourner en RDC par l’Est, région orientale où le mouvement rebelle règne en maître sur les deux grandes villes de Goma et de Bukavu. Accusations vraies ou fausses? Pour l’instant, des preuves concrètes manquent à ce dossier qui ressemble fort à un autre front que Kinshasa s’ouvre en plus de celui de l’AFC/M23 soutenu par le Rwanda. A moins que Joseph Kabila soit, réellement, une articulation de la machine mise en branle pour broyer du Tshisekedi!
Question: de chef de l’Etat, Joseph Kabila redescendra-t-il au statut de chef rebelle pour reconquérir le fauteuil présidentiel? Si oui, il n’aura fait qu’emprunter la route prise par un certain Laurent Désiré Kabila, son père, qui a marché sur Kinshasa, en 1997, pour mettre fin au règne de Mobutu, avec l’aide des Ougandais et…des Rwandais! L’histoire est têtue dira l’autre!
En attendant, c’est bien le nouveau facilitateur de l’Union africaine, le Togolais Faure Gnassingbé, qui doit revoir ses plans, s’il ne l’a déjà fait! Car le schéma Joseph Kabila n’était pas à exclure dans la crise à l’Est de la RDC! Le coordonnateur de l’AFC/M23, Corneille Nangaa était bien le président de la Commission électorale nationale indépendante, sous Joseph Kabila!
Par Wakat Séra
