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RDC: la messe est-elle dite pour Kabila?

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On va sûrement vers la fin de la lune de miel entre Kinshasa et le Vatican (Ph. la-croix.com)

La messe est-elle dite pour Joseph Kabila? S’il est difficile de répondre par l’affirmatif à cette interrogation, c’est au moins certain que l’Eglise catholique vient de signer son retour dans la crise socio-politique congolaise provoquée par le refus du président de la République démocratique du Congo (RDC) dont le deuxième bail à la tête de son pays, permis par la Constitution a échu depuis le 20 décembre 2016, de partir. Comme une sangsue, le fils de Laurent Désiré Kabila s’accroche à ce pouvoir que lui-même a hérité de son père assassiné le 16 janvier 2001 dans des conditions floues, dans une sorte de révolution de palais. Après s’être fait une virginité à travers les urnes, en 2006 et 2011, le fils Kabila, dans une gouvernance sans partage, est résolument tourné vers l’option de la présidence à vie, replongeant inexorablement la RDC dans les années Mobutu. Mais il fera vite l’unanimité contre lui, les prétendants à sa succession se mobilisant résolument contre cet appétit sans fin. Et la RDC renoua avec les violences, qui marquent les manifestations presque au quotidien d’une opposition qui après avoir perdu son leader charismatique, Etienne Tshisekedi, ressemble de plus en plus à un troupeau sans véritable pasteur, le fils du sphinx de Limété n’arrivant pas à faire parler le langage de l’unité dans son camp. Et l’église catholique met les pieds dans le plat!

C’est dans cette atmosphère de chaos dans laquelle le sang des Congolais était devenu comme la sève nourricière de la crise sans fin que l’église catholique a pris les choses en main, arrachant au forceps, l’accord de la Saint Sylvestre aux termes duquel, Joseph Kabila devait lâcher les rênes du pays, et des élections devaient être tenues avant le 31 décembre 2017 pour désigner son successeur. Mais c’était sans compter avec la mauvaise foi du principal protagoniste de la crise. Voyant la crédibilité de leur clergé menacée, les catholiques qui ont voulu reprendre les choses en main, surtout à la lumière du dernier flop d’une opposition dont plusieurs membres lorgnent vers plutôt vers les avantages que leur font miroiter, le pouvoir, quittent le navire dont le capitaine Félix Tshisékédi ne maîtrise plus le gouvernail. Mais désormais, ceux qui pensent encore, comme les caciques du pouvoir, que les fidèles catholiques doivent se laisser conduire comme des moutons à l’abattoir, avec la complicité passive de leurs pasteurs, ont déchanté. La répression meurtrière des marches organisées dimanche 31 décembre par les catholiques du Comité laïc de coordination contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila a sonné comme la goutte de trop. Visiblement, plus rien ne sera comme avant, dans une RDC où se jouait comme à huis-clos, le combat pour faire lâcher prise à l’apprenti à la présidence à vie. Représailles, coupure d’internet et de sms, suspension de radios, etc., sont devenues des moyens de lutte affectionnées par Kabila et ses séides pour museler les combattants de la liberté, affaiblir leur mobilisation à l’interne et empêcher leurs voix d’être entendues hors de la RDC.

Désormais, les appels de toutes les institutions comme l’Union européenne et l’Organisation internationale de la Francophonie, se joignent aux injonctions de l’Onu et surtout aux complaintes du peuple congolais pour exiger que l’accord de la Saint-Sylvestre soit respecté par toutes les parties en conflit. Ce qui sonne comme un désaveu de Joseph Kabila qui était déjà en sérieuse difficulté sur le plan international, à travers les mesures prises à l’encontre de ses proches collaborateurs, interdits de voyage ou dont les avoirs ont été gelés. Combien de morts faudra-t-il encore au pouvoir assassin de Kabila qui, malgré ses entreprises d’étouffer le peuple combattant n’arrive pas à ses fins? De quels soutiens bénéficie encore Kabila pour tenir, nonobstant les sanctions de la communauté internationale? Une chose est certaine, avec l’implication de l’église catholique dont on attend aussi la réaction ferme, et non plus les condamnations timides dans des prêches de ses autorités depuis le Vatican, c’est peut-être le début de la fin pour Joseph Kabila. Et la messe sera alors dite!

Par Wakat Séra