Accueil A la une Rebranding Africa Forum 2023: et ça dure depuis neuf ans!

Rebranding Africa Forum 2023: et ça dure depuis neuf ans!

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Autour du président sierra-léonnais Julius Maada Bio (chapeau)

Une fois encore, l’Afrique a démontré, à Bruxelles, qu’elle est peut-être «mal partie», comme l’a décrété René Dumont mais qu’elle se départit de la fatalité qui a tenté d’en faire le continent où tout va mal! Une fois encore, le challenge que compte relever Thierry Hot, à la création, en 2014, de ce levier de développement de l’Afrique, est devenu le cheval de bataille de Paule Renée Etogo Ebongué, et d’une équipe d’Africains engagés pour l’Afrique! Une fois encore, les 20 et 21 octobre 2023, l’Afrique a pris le pouvoir dans la capitale de l’Europe! Une fois encore, des décideurs africains ont réfléchi sur le présent et l’avenir d’un continent présenté comme celui du futur, donc constamment courtisé et très convoité. Une fois encore, l’argent, étant le nerf de la guerre, il a été mis au centre de la réflexion, à travers un thème autant d’actualité qu’incontournable pour l’Afrique: «Les systèmes financiers africains en mutation, concilier authenticité et modernité: les chemins de l’inclusion financière.» Une fois encore, diverses institutions et personnalités du microcosme africain des finances, ont apporté leur contribution aux débats pour le développement de l’Afrique! Et une fois encore, le Rebranding Africa Forum a tenu toutes ses promesses! Et ce n’est pas, le chef de l’Etat de la Sierra Leone, Julius Maada Wonie Bio, qui dira le contraire, lui qui a été témoin privilégié de cette édition, et dont le pays était celui «invité d’honneur».

Le fondateur du RAF, Thierry Hot

Le RAF 2023, pour faire court, concis, clair, et complet, a permis, selon la conviction du fondateur de ce forum, de consolider les jalons pour «relever le défi de l’inclusion financière en Afrique». Foi de Thierry Hot!

Henri Lopes célébré pour la dernière fois de son vivant

Le «Lifetime Achievement Rebranding Africa Award» vise à récompenser la carrière exceptionnelle d’une personnalité qui aura contribué à faire rayonner positivement le continent africain. Cette année, le jury a choisi de primer une personnalité d’exception Henri Lopes. Malheureusement, ce grand Homme sera arraché à l’affection des siens, et du Rebranding Africa Forum, le 3 novembre, en France.

Henri Lopes (fauteuil roulant) a été salué par un standing ovation lors du RAF 2023 à Bruxelles (Ph. RAF)

Membre de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF), ministre de l’Éducation (1969-1970), des Affaires Étrangères (1971-1973), des Finances (1977-1980) et Premier ministre (1973 1975) du Congo-Brazzaville, haut fonctionnaire au sein de l’UNESCO (1982-1997) avant de devenir ambassadeur du Congo en France (1998-2015), Henri Lopes n’a eu de cesse de conjoindre préoccupations locales, prises de position panafricaines et dynamiques cosmopolitiques. Son œuvre littéraire conserve la trace de ce goût pour le monde et ses métamorphoses.

En effet, les riches écrits d’Henri Lopes ont constitué ce dernier en figure majeure de la littérature en langue française. L’écrivain, théoricien de la littérature et de la francophonie, est aussi un penseur des «Afriques» qu’il a interrogées et configurées dans sa création littéraire, son travail militant et son action d’homme public. Auteur de poèmes, de romans, d’un essai et de mémoires, il a inventé un univers littéraire d’une rare densité.

«Écrire, c’est s’ouvrir à tous les vents» (Ma Grand-mère bantoue et mes ancêtres les Gaulois: simples discours, p. 113, Henri Lopes).

Des prix et encore des prix

Kanayo Awani

Le «Empowering Women Rebranding Africa Award» est attribué à une femme (ou un groupe de femmes) dont le leadership au quotidien traduit la place prépondérante des femmes dans la construction d’un narratif positif sur le continent africain. Et c’est pour son leadership incontestable dans la mise en œuvre de l’initiative du commerce intra-africain, l’organisation de la foire commerciale intra-africaine (IATF) et ses brillantes performances professionnelles qui font d’elle une source d’inspiration pour de nombreuses jeunes africaines, que le jury a décidé de primer Kanayo Awani, Vice-Présidente Exécutive d’Afreximbank.

George Agyekum Donkor

Le «Development Champion Rebranding Africa Award» récompense des leaders qui font bouger les lignes et impulsent la dynamique du développement, en actionnant, avec détermination et pugnacité les leviers qu’il faut et quand il le faut. C’est dans cette dynamique et pour saluer son leadership à la tête de l’institution qu’il dirige, qui s’est traduit par l’amélioration de la note de crédit par les agences de crédit Moody’s et Fitchs Ratings, ainsi que sa contribution significative au financement de grands projets d’infrastructures visant à faciliter l’intégration régionale ouest africaine, que le jury a décidé de primer George Agyekum Donkor, Président de la BIDC.

Patrice Melom

Le «Milestone Achievement Rebranding Africa Award» récompense un patron d’entreprise dont la vision et la qualité du management ont significativement contribué à la croissance de l’entreprise qu’il dirige ou a dirigée. Pour saluer son leadership qui a conduit à la transformation du projet de construction du complexe industrialo-portuaire de Kribi en une réalité tangible faisant du Port en eau profonde de Kribi un véritable pôle de croissance économique au Cameroun, le jury a décidé de primer Patrice Melom, Directeur Général du Port autonome de Kribi.

Henri Salem Sonbol

Le «Business Leadership Rebranding Africa Award» vise à distinguer un acteur dont la démarche, le positionnement et le leadership auront été marquants dans le monde des Affaires. Pour saluer son leadership exceptionnel, son engagement en faveur de la promotion de la croissance économique mondiale et le soutien indéfectible de l’institution qu’il dirige en faveur du secteur privé africain, le jury a décidé de primer Hani Salem Sonbol, CEO de ITFC.

Le «Governance Leadership Rebranding Africa Award» est attribué à un leader africain qui aura su témoigner de son engagement pour une Afrique résolument en phase avec les défis et les mutations du monde actuel.

En reconnaissance de son engagement en faveur de la démocratie, de l’État de droit, de l’autonomisation des femmes et du développement du capital humain en défendant l’accès universel à l’éducation dans son pays, en Afrique et dans le monde, le jury a décidé de récompenser le président de la République de Sierra Leone Julius Maada Bio.

L’inclusion financière à fond

Avant de faire honneur à ces hommes et femmes engagés dans un combat, sans répit, pour hisser l’Afrique à sa véritable place dans le concert des continents, la réflexion avait pris toute la place au RAF 2023. Une journée marathon du samedi 21 octobre où les communications inaugurales se sont enfilées aux «Conversation avec», pour décortiquer de long en large, cette inclusion financière qui se présente comme une des principales clés devant ouvrir la porte du développement à l’Afrique, en réduisant la pauvreté et en stimulant la croissance économique. Tout s’est fait à travers des B2B, mais surtout des panels portant sur les modèles de financement des économies africaines, les Fintech et l’inclusion financière en Afrique, et l’interrogation sur l’avenir des banques traditionnelles telles que connues par les Africains. Les participants, dans un esprit du donner et recevoir, ont partagé leurs expériences et présenté des success-stories, tout en mettant l’accent sur la nécessité de mise en place d’un environnement réglementaire qui ne doit pas constituer un frein pour les initiatives, mais plutôt les faciliter.

Le sourire au Brucity de Bruxelles lors du Welcome Business Cocktail

Cependant, ont reconnu les intervenants devant un public dont l’intérêt était manifeste pour les sujets en discussion, l’inclusion financière ne pourra s’épanouir que dans le terreau fertile de l’indispensable collaboration secteur public-secteur privé-société civile. En clair, l’inclusion financière ne sera que lorsque seront, un accès conséquent de tous, tant en milieu rural que dans les villes, aux services financiers adaptés, la promotion de l’entrepreneuriat et l’utilisation appropriée des outils de technologies financières innovantes.

Ainsi, comme l’a prouvé pour ne citer que son exemple, le président de la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC), George Agyekum Odonkor, l’inclusion financière est une solution de choix pour le développement de l’Afrique. C’est dans cette logique, a rappelé le patron de la BIDC, que l’institution bancaire sous-régionale apporte un appui de taille à l’économie et au commerce sur le continent.

Et Vista Bank en vedette…

Simon Tiemtoré, Chairman de Vista Group et de Lilium Group (2e à partir de la gauche), entouré d’une partie de ses proches collaborateurs

Si elle a déployé ses ailes dans bien des pays, avec pour ambition de ne laisser aucune partie du continent hors du train du développement, c’est bien parce que, par des méthodes innovantes et efficaces, Vista Bank entend accompagner l’inclusion financière. Ce cheval de bataille, Vista Bank l’a enfourché et en tient solidement la bride, à travers diverses actions au profit de tous les pays où la banque s’est installée, pour le bonheur des Etats qui en apprécient l’accompagnement, les entreprises privées qui y trouvent écoute et financement, et pour le citoyen lambda qui est de plus en plus convaincu d’avoir désormais, à portée de main, la banque qu’il lui fallait. Cette bonne nouvelle en plusieurs, a été confirmée par Simon Tiemtoré, lors de cette 9e édition du Rebranding Africa Forum. Le chairman de Vista Group et Lilium Group, était entouré, à l’occasion, d’une partie de sa garde rapprochée, dont Yassin Bayo, Woumarou Mourindi, Mohamed Ba, Koffi Martial Goeh-Akué, Ousmane Pa et Serge Raymond, respectivement Directrice générale Vista Group Holding, directeur Finances de Vista Group Holding, directeur général de Vista Bank Burkina, directeur général de Vista Bank Guinée, directeur général de Vista Bank Sierra-Leone, et directeur général de Vista Bank France. Difficile d’oublier, sa grande modestie en souffrira sans doute, la discrète mais tout autant efficace chargée de communication, Amsatou Maïga, Amssa pour les intimes.

«Ensemble…Construisons l’Afrique»

Toutes les bonnes choses ayant une fin, le 9e Rebranding Africa Forum a pris fin sur un air de satisfecit partagé par tous les participants. Mais cette édition de la maturité, qui a attiré plus de 500 participants, n’a refermé ses portes que pour ouvrir celles de la suivante: la 10e édition!

Symbole du «génie africain» selon son fondateur Thierry Hot, de l’«amitié, de la solidarité et de la durée», pour emprunter les mots du ministre d’Etat belge, André Flahaut, figure marquante de cet événement devenu incontournable sur l’échiquier des actions de développement de l’Afrique, et «catalyseur de développement» pour répéter les propos du président sierra-léonais, Julius Maada Bio, le Rebranding Africa Forum est en train de faire disparaître le narratif de «l’Afrique des conflits et des maladies» pour faire rayonner l’Afrique de l’espoir. L’espoir que ne manque pas de susciter déjà, l’édition 10, dont le thème évocateur est: «Ensemble…Construisons l’Afrique» ou pour faire un peu british, «Building Africa…Together»

Le Rebranding Africa Forum 10 flotte déjà dans l’air

Par Morin YAMONGBE (Ouagadougou-Bruxelles-Ouagadougou)

Encadré 1

Natasha Dimban: «Les Fintech ne sont pas en concurrence avec les banques»

 

Natasha Dimban est Experte Afrique à l’Observatoire de la Fintech. Avec plus de 15 ans d’expérience dans la tech et la Fintech tient bien sa place au sein des femmes leaders qui contribuent à faire bouger les lignes dans ce domaine. Promouvoir la tech auprès des jeunes, faciliter l’autonomisation des femmes et soutenir les opérateurs tech africains, sont trois des grandes priorités que se fixe la diplômée de l’Ecole supérieure polytechnique de Dakar au Sénégal et de l’Ecole centrale de Lyon en France. A la fin du RAF 2023, elle se prononce, sur le vif, sur la nécessaire collaboration entre Fintech et banques, et dit sa satisfaction du Rebranding Africa Forum.

Fintech et inclusion financière. Est-ce la dernière chance pour l’Afrique de réussir la bancarisation totale?

Je pense que c’est l’une des clés, pas l’unique, mais l’une des clés très importantes. Parce qu’aujourd’hui, en fonction des pays, les taux de bancarisation, même s’ils varient, restent quand même très faibles et les Fintech qui sont sur les paiements, permettent de créer des synergies avec les banques afin que ces dernières puissent adresser un marché qui, de facto, leur est inaccessible. Si cette bancarisation ne se fait pas via la synergie banque-Fintech, l’essor des Fintech a, tout de même, le mérite de faire bouger les banques pour qu’elles essaient de rattraper leur retard technologique afin d’atteindre davantage de clients.

Les Fintech sont-elles des alliées ou une menace pour les banques?

Non! On a longtemps pensé, et nombre de gens le pensent encore, que les Fintech venaient pour être en concurrence avec les banques. Mais ce n’est pas le cas. On le voit en Europe, il y a énormément de Fintech qui se sont développées, alors qu’au début les banques ne voulaient pas ouvrir leurs systèmes. Mais elles ont été obligées par une réglementation à faire de l’open banking. Il y a énormément de Fintech qui se sont développées sur ce modèle. Il y a même des néo banques, mais pour autant toutes les grandes banques qu’on connait continuent à exercer. En Afrique on aura la même chose. D’abord, ce ne sont pas les mêmes populations en général qui sont adressées. Si à terme on arrive à avoir des Fintech qui vont faire du crédit, il y a des montants qui seront trop importants pour elles, et pour lesquels elles ne pourront pas le faire. Dans tous les cas, pour moi, ce n’est pas de la concurrence, mais il y a de réelles synergies qui doivent se créer. Là où la banque va être paralysée par des lourdeurs administratives, les Fintech, elles, feront preuve d’agilité et elles peuvent répondre facilement aux demandes du marché. Donc, au lieu de se voir en ennemis, c’est plutôt de la collaboration qui va les lier.

Que représente pour vous un cadre comme le Rebranding Africa Forum?

C’est la première fois que j’y suis. Je suis venue et j’ai trouvé le cadre très intéressant. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre et finalement toutes mes attentes ont été comblées. J’ai rencontré beaucoup de décideurs, des gens qui sont passionnés par le rebranding de l’Afrique, des gens qui ont à cœur de changer positivement l’Afrique.  Ce ne sont pas des gens qui se contentent de rêver, mais des gens qui pensent et réalisent ce qu’ils ont en tête. Et c’est important que les rêves se réalisent. C’est ce qui va nous faire avancer. J’étais heureuse d’être là et de pouvoir m’inspirer de toutes ces personnes et partager mon expérience.

Encadré 2

Paule Renée Etogo, une Déléguée Générale comblée

La Déléguée Générale du RAF, Paule Renée Etogo

Au soir du 9e Rebranding Africa Forum, Paule Renée Etogo Ebongué, était simplement satisfaite des résultats de cette édition, comme l’ont été tous les participants à l’événement qui, depuis neuf ans, apporte sa modeste mais précieuse contribution au développement de l’Afrique.

«J’éprouve une profonde satisfaction par rapport au déroulement de la 9e édition du Rebranding Africa Forum! Satisfaction parce que grâce à la collaboration et la contribution de nos partenaires, nous avons pu réunir, une fois encore, l’Afrique au cœur de l’Europe pendant 48 heures. C’est une fierté immense pour mon équipe et moi, d’avoir relevé ce défi de pouvoir parler de l’Afrique, en étant au cœur de l’Union européenne et surtout de mettre en avant les besoins de notre continent en ce qui concerne l’inclusion financière. Le constat constant est que les femmes sont la cheville ouvrière dans nos sociétés, dans nos familles. Ce sont elles qui sont le moteur de la famille, tant au niveau de l’organisation que dans la gestion des finances. Paradoxalement, elles sont aussi la frange de la population qui est la plus isolée, qui a moins accès aux services bancaires. Si on arrive à l’autonomisation des femmes, à l’inclusion financière des femmes, l’Afrique aura effectué un bond qualitatif certain dans sa marche vers le développement. Cette 9e édition du Rebranding Africa Forum a été l’occasion d’échanger afin d’aspirer à un modèle d’inclusion financière plus compatible avec la société africaine, avec nos habitudes, nos coutumes, et qui prend aussi en considération l’identité originale de notre société. On ne peut pas faire un copier-coller des modèles des systèmes bancaires européens. Donc nous devons nous demander comment réinventer nos systèmes bancaires qui doivent être du «Made in Africa for Africans». Donc, avec l’appui des partenaires, des sponsors, et la contribution et présence de toutes les institutions qui nous ont toujours accompagnés et que je remercie, nous avons réfléchi durant 48 heures, à l’inclusion financière adéquate pour notre continent.

Des panels de haut niveau ont donné une qualité certaine au RAF 2023

Du reste, si tout ce monde se retrouve au Rebranding Africa Forum, c’est aussi à cause de la qualité des interventions, de la qualité des contributions des panelistes, de la qualité du réseau que nous proposons aux participants. Nous ne sommes pas orientés vers un remplissage d’une salle de 5 000 personnes. Nous préférons en avoir 500, mais qui puissent apporter un cachet particulier à l’événement et qui puissent constituer des opportunités de relations qualitatives pour tous les participants. Ce qui fait du Rebranding Africa Forum, «the place to be», c’est cette capacité de se réinventer, de ne jamais proposer le même modèle chaque année et surtout d’éviter, autant que faire se peut, d’avoir les mêmes panelistes, les mêmes institutions et les mêmes décideurs, à toutes les rencontres. Toute chose qui fait que nous avons des participants qui reviennent depuis 9 ans, parce qu’ils savent que chaque RAF est toujours différent du précédent.»