Accueil Monde Répressions en Guinée: le FNDC manifestera le 14 août devant la Commission européenne

Répressions en Guinée: le FNDC manifestera le 14 août devant la Commission européenne

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Des heurts en marge d'une manifestation du FNDC en Guinée (Ph. Archive)

Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) organisera une « grande manifestation » devant la Commission européenne à Bruxelles le 14 août prochain pour dénoncer les « répressions, les traitements inhumains et les expéditions punitives » contre les «manifestants pro-démocratie » en Guinée, a annoncé le vendredi 5 août 2022, son responsable stratégie et planification, Sékou Koundouno, lors d’une conférence de presse.

Le responsable stratégie et planification du Front national pour la défense de la constitution (FNDC), Sékou Koundouno,  a échangé ce vendredi depuis Bruxelles par visioconférence avec une trentaine de journalistes sur la crise socio-politique que traverse la Guinée. Après avoir fait un exposé introductif résumant succinctement la situation de la vie socio-politique en Guinée, il s’est prêté par la suite aux questions des journalistes de la Guinée et de d’autres pays.

«Les antennes FNDC des pays de l’Europe manifesteront devant la commission de l’Union le 14 août pour dire non à la répression sanglante et aveugle en Guinée, à la confiscation des libertés individuelles et collectives (…) aux pratiques rétrogrades de la junte », a déclaré Sékou Koundouno pour qui, cette manifestation vise à envoyer « un signal fort » à la communauté internationale sur ce qui se passe actuellement en Guinée. Selon ses propos, la trêve que le mouvement observait il y a une semaine, « prend fin ce soir autour de 22H00 Gmt ».

Sékou Koundouno, responsable stratégie et planification du Front national pour la défense de la constitution (FNDC)

Le président guinéen, le colonel Mamadi Doumbouya, « est pris en otage par des individus que nous connaissons », a affirmé M. Koundouno, soulignant que le FNDC « a toujours montré sa bonne foi à accompagner les autorités de la Transition ». Pour lui, les personnes que son mouvement accuse de manipuler le président guinéen « veulent transformer le colonel légionnaire en un monarque ».

Sur les échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre, il pointe du doigt deux forces spéciales à savoir le Groupement d’intervention rapide (GIR) et le Bataillon des troupes aéroportées (BATA). « Ces deux groupes s’adonnent à des expéditions punitives en vue de faire taire toute voix discordante », a-t-il soutenu.

« Nous avons invité des manifestants qui ont l’âge de la majorité. Les Guinéens sortent pour leur intérêt (qui) est la défense du principe de la démocratie. Nous n’appelons aucun enfant dans la rue », s’est défendu M. Koundouno sur la responsabilité du FNDC quant aux victimes à l’issue des répressions des manifestations que leur mouvement organise. Il a par contre dit que le FNDC accompagne les victimes lors des manifestations de façon « discrète », si fait qu’« on se refuse de faire des commentaires compte tenu des sensibilités réunies autour du FNDC ». Il a rassuré les partisans du FNDC que de nouvelles stratégies dont il ne saurait dévoiler à cette conférence sont concoctées pour « contrer les répressions ».

Le conférencier du jour a également fustigé la justice guinéenne qu’il a qualifié « d’une justice instrumentalisée, manipulée et téléguidée. Rien que les chefs d’accusation, vous vous rendrez compte que cette justice est aux ordres de la junte au pouvoir ».

Il a dénoncé les poursuites judiciaires que les autorités de la transition ont lancé pèle mêle contre certains de leurs leaders. « On ne peut pas moraliser la vie publique alors que soi-même, on n’est pas un exemple », a lancé Sékou Koundouno, rappelant que depuis le renversement du président Alpha Condé à cette date, « les membres de la transition n’ont pas déclaré leurs biens ». Pour lui, si le colonel Mamadi Doumbouya qui préside à la destinée du pays actuellement veut briguer la magistrature suprême, « il n’a qu’à ôter la tenue et venir dans l’arène politique ».

C’est pourquoi, estimant que les autorités de la transition ont des velléités de se pérenniser, il a considéré que « le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD, la junte) est une nébuleuse en cagoulé ». « A date, il n’y a pas une liste nominative de cette organisation », s’est-il plaint, laissant entendre qu’au moment opportun, « le FNDC fera des révélations ».

Selon le bilan du comité de monitoring du FNDC sur les récents heurts entre manifestants « pro-démocratie » et forces de l’ordre, « on dénombre six morts et une centaine de blessés », a indiqué Sékou Koundouno, réitérant que son mouvement est « soucieux de la réussite de la transition et de la paix » dont il a fait savoir au président Umaro Sissoco Embalo.

Le responsable stratégie et planification FNDC a appelé les investisseurs, notamment les miniers, « à arrêter de collaborer avec la transition car c’est un régime illégal et illégitime ». M. Koundouno invite les investisseurs miniers à éviter de signer des contrats lourds parce que « quand il y aura un régime légal et légitime, cela va être remis en cause ».

Le FNDC avait annoncé le vendredi dernier, dans un communiqué, une trêve d’une semaine, pour suspendre les appels à manifester contre la junte au pouvoir, à la suite d’un entretien que le mouvement avait tenu avec le président bissau-guinéen président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Umaro Sissoco Embalo. Selon le conférencier Sékou Koundouno, « dès le lundi, des actions décisives seront déployées » à nouveau sur le terrain de la lutte, rassurant que les actions sont prises de concert avec toutes parties prenantes du mouvement qui se dresse contre les dirigeants de la Transition.

Par Bernard BOUGOUM