Accueil A la une Sénégal: ainsi donc les Sénégalais ont voté ce dimanche!

Sénégal: ainsi donc les Sénégalais ont voté ce dimanche!

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A quand la présidentielle au Sénégal?

Des bureaux de vote. Des isoloirs. De l’encre indélébile. Des électeurs. Et surtout des Sénégalaises et Sénégalais fiers d’avoir honoré ce dimanche 25 février d’élection, un rendez-vous démocratique crucial qui leur permettra d’élire leur président de la république, le nouveau locataire du palais présidentiel. Que ce soit dans des bureaux de vote installés un peu partout ou celui implanté au QG de campagne de l’ancien maire de Dakar, opposant, et surtout ancien pensionnaire de la prison de Rebeuss, Khalifa Sall, où les candidats à la présidentielle comme lui se sont rassemblés, il s’agissait de respecter, l’échéance électorale à bonne date, celle de ce 25 février 2024, fixée par la Constitution. Ils ont donc glissé leur bulletin dans l’urne pour perpétuer la dynamique démocratique dont le Pays de la Teranga a toujours été un des meilleurs, pour ne pas dire le meilleur, dans la sous-région, voire sur le continent africain. Le phare de la démocratie, dit-on!

A travers une élection ouverte, inclusive et démocratique, ils ont accompli leur devoir constitutionnel et attendent leur prochain président. Mais ce serait en attendant Godot, car cette élection ne connaître de gagnant que celui qui a pris forme dans la tête de chaque électeur. Le vote de ce dimanche qui devait trouver un successeur à Macky Sall qui a choisi de ne pas aller contre la Loi Fondamentale de son pays en briguant un 3e mandat, n’a été que symbolique. Car les uns et les autres sont accrochés aux lèvres du président sortant qui doit convoquer, à nouveau, le corps électoral. Le Conseil constitutionnel lui a demandé de le faire dans les meilleurs délais, après avoir désavoué son décret de reporter le scrutin au 15 décembre, au lieu de ce dimanche. Si le chef de l’Etat sénégalais a accepté le verdict des Sept Sages, il ne prend pas moins son temps pour s’exécuter, voulant d’abord organiser «son» dialogue national pour une élection acceptée par tous et un Sénégal de paix.

Mais il y a problème! La crise créée de toutes pièces par Macky Sall pour ne pas passer la main et prolonger son mandat d’une dizaine de mois, et plus si affinités, pourrait bien connaître l’enlisement. Car, s’il a reçu l’aval d’une partie de l’opposition, notamment la coalition de partis dont le champion n’est autre que Karim Wade, qui est intransigeante sur la mise à plat du processus électoral, le dialogue national est combattu par l’autre fange de l’opposition. 16 des 19 candidats à l’élection et la plate-forme de la société civile Aar Sunu Election, «Protéger notre élection», ne veulent pas en entendre parler et malgré le geste d’apaisement qui s’est matérialisé par la libération en masse de prisonniers politiques, gardent leur position de fermeté. Ils s’expriment à travers plusieurs créneaux, dont l’élection symbolique de ce dimanche et demandent au Conseil constitutionnel de prendre ses responsabilités en optant pour une date qui permettra de dégager Macky Sall de la présidence, le 2 avril. Et tous tirent la corde qui, sans doute, se cassera un jour, même si le Sénégal a toujours fait la preuve qu’il dispose de ressorts, à l’instar du Conseil constitutionnel, pour donner au droit, toute sa place.

Plus que jamais, les interrogations se bousculent et laisse planer l’inquiétude. La date butoir du 2 avril pour la passation de charges est-elle encore possible? Oui, selon les mathématiciens politiques détracteurs de Macky Sall. Non, à en croire les analystes des pro-report d’élection pour qui le glissement de date ne peut qu’être bénéfique à la qualité de l’élection? En attendant que Macky Sall tranche en avançant une autre date de la tenue de la présidentielle quitte à ce que celle-ci ne soit ni inclusive, ni apaisée, le Sénégal présente un nouveau cas d’école pour la CEDEAO qui vient de lever les sanctions contre les pays qui ont connu des putschs militaires dans la sous-région.

C’était lors d’un sommet extraordinaire à Abuja ce week-end, avec pour témoin oculaire, un certain Macky Sall engagé dans une aventure ambigüe, et qui joue avec les nerfs de tout un peuple, en assurant qu’il quittera ses fonctions présidentielles le 2 avril, mais s’obstine à ne pas fixer de date pour la tenue de l’élection, mission qu’il entend confier, comme Ponce Pilate, au Dialogue national.

Par Wakat Séra