Accueil A la une Situation nationale: éviter les dérives par un recadrage des VDP

Situation nationale: éviter les dérives par un recadrage des VDP

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Le SG du CISC, Dr Daouda Diallo, stylo en main (Photo d'archives)

Dans un communiqué, le Collectif contre l’Impunité et la Stigmatisation des Communautés (CISC) « sollicite un engagement sans réserve des amis et partenaires du Burkina Faso dans la protection des populations ».

COMMUNIQUE DE PRESSE

La crise sécuritaire qui a débuté au Burkina Faso en 2015, année des premières attaques terroristes, a persisté au fil des ans, entrainant des conséquences néfastes aux plans économiques et humanitaires. Elle reste marquée par des attaques terroristes contre des cibles militaires et civiles, occasionnant des pertes en vies humaines considérables.

Sur le plan humanitaire, les attaques terroristes sont  aussi à l’origine de beaucoup de  déplacements importants des populations. Au 30 Septembre 2022, les statistiques selon le Conseil National de Secours d’Urgence et de Réhabilitation (CONASUR) établissaient à 1 719 332, le nombre de personnes déplacées internes (PDI) réparties sur l’ensemble du territoire national.

A ce jour, une bonne partie (estimée à 40%) du territoire national se trouve être  hors du contrôle de l’État. Le pays est devenu progressivement l’épicentre des violences dans le Sahel.

Le 24 janvier 2022, l’arrivé des militaires au pouvoir à travers le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), avait suscité beaucoup d’espoirs chez la plupart des Burkinabè, compte tenu de l’incapacité du régime précédent à juguler la crise sécuritaire. Les premiers discours étaient rassurants, notamment en ce qui concerne la sécurisation, le respect des droits humains et la volonté de venir à bout du terrorisme par l’adoption des stratégies innovantes alliant à la fois l’action militaire et le dialogue communautaire.

Cependant, force est de constater que 10 mois après l’arrivée des militaires au pouvoir, la situation sécuritaire ne cessa de se dégrader au fil des jours et le quotidien des Burkinabè est plus que jamais chaotique, en dépis de tous les efforts déployés sur le terrain. Les attaques se poursuivent et s’intensifient dans un  format nouveau de cruauté humaine comme ce fut le cas avec les récentes attaques notamment à Madjoari le 26 mai 2022 avec plus de 50 civils tués, à Bourasso le 4 juillet 2022  avec plus de 30 morts et à Gaskindé le 26 septembre 2022 avec plus de 40 morts…

Les éléments des forces de défense et de sécurité (FDS) qui sont en première ligne dans ce combat ont payé et continuent régulièrement de payer un lourd tribut. Personne n’est à l’abris et les représentants de l’autorité administrative, les leaders communautaires et les populations civiles font continuellement les frais de cette barbarie.

C’est à l’effet de pouvoir contrer cette situation dramatique qui atteint des proportions de plus en plus inquiétantes que les nouvelles autorités ont décidé de lancer un appel à une mobilisation populaire générale à travers un recrutement massif de 50 000 civils qui seront enrôlés comme Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP). Cette approche de mobilisation populaire qui s’inspire de la loi n°002-2020/AN du 21 janvier 2020  portant institution de volontaires pour la défense de la patrie nécessite un discernement dans sa mise en œuvre surtout que le terrorisme au Burkina se nourrit des conflits communautaires mal gérés dans le passé.

En effet, les précédents recrutements des VDP nous enseignent que l’opérationnalisation des VDP n’a pas été conforme aux dispositions de la loi ci-dessus citée, toute chose qui a occasionné des dérives de tout genre dans certaines zones et qui se sont traduites par des pillages organisés  avec en toile de fond des exactions ciblées.  Barga (mars 2020), Tanwalbougou (mai 2020)… Ce manque d’encadrement et de suivi des VDP  a eu un effet contraire à la philosophie de départ qui consistait à mettre à contribution les populations locales dans la lutte contre l’insécurité.

En considération de ce qui précède et au regard de la volonté affichée par les  nouvelles autorités de  procéder à un recadrage des VDP, le CISC vient par ce présent communiqué pour :

  • inviter tous les Burkinabè de toutes communautés à se mobiliser de manière solidaire pour sauver le pays ;
  • inviter les autorités à prendre toutes les dispositions nécessaires pour que le recrutement des VDP soit inclusif c’est-à-dire sans discrimination ;
  • appeler à une union sacrée autour de l’essentiel et ce conformément à la législation en vigueur ;
  • appeler tous les Burkinabè à se démarquer des actes et comportements qui nuisent à l’intérêt de notre nation ;
  • souhaiter que cet élan de lutte puisse intégrer dans sa démarche le dialogue et la médiation entre les communautés ;
  • solliciter un engagement sans réserve des amis et partenaires du Burkina Faso dans la protection des populations.

Pour le Bureau Exécutif National

Dr Daouda DIALLO