Accueil A la une Tentative de coup d’Etat aux Etats Unis du…Gondwana: ashamed!

Tentative de coup d’Etat aux Etats Unis du…Gondwana: ashamed!

0
C'était mercredi noir aux Etats Unis (Ph. france24.com)

Triste, hallucinant, inédit, chaotique, honteux, surréaliste, coup d’Etat, viol de la démocratie, ubuesque… Tout le répertoire lexical réservé à ces actes déshonorants, qui laissent perplexes, a été mis à contribution, utilisé et parfois abusé, pour qualifier l’une des dernières TrumpERIES de Donald, avant sa sortie par une petite porte de la Maison blanche. Certes, tout peut encore arriver, avant le 20 janvier prochain, date de l’installation du nouveau locataire de la Maison blanche, mais l’intrusion au sein du Capitole, de milliers de partisans du président qui s’accroche à son fauteuil, comme un bébé le fait avec son dernier cadeau de Noël, ferait pâlir de jalousie, Gaston Lagaffe, l’inimitable fada de la bande dessinée, créé par le dessinateur belge André Franquin.

Galvanisés par leur mentor, qui revendique une victoire à la présidentielle américaine du 3 novembre 2020, victoire qui n’existe que dans sa tête, ses «fans», après s’être rassemblés devant le saint des saints de la plus vieille démocratie du monde, en ont finalement violé l’enceinte. Le but des vandales du jour, empêcher la session de certification des résultats du scrutin qui a fait du démocrate Joe Biden, le 46è président des Etats-Unis. Et pendant deux interminables heures, le Capitole, dont les élus ont dû être évacués, dare-dare, a été assiégé par les «putschistes» du jour. Le chaos était total et même meurtrier, car cette tentative de coup d’Etat a fait au moins quatre morts.

Le «président par accident» fait sourire en Afrique

Bienvenue aux Etats-Unis du Gondwana! Pour sa chronique du jour, l’humoriste de Rfi, Mamane n’aurait pas rêvé mieux. La démocratie américaine qui se targuait d’être la plus vielle et la plus exemplaire, venait de vaciller. Paradoxe des paradoxes, les parangons de la démocratie, ont été confrontés à une dure facette du «gouvernement par le peuple». Mettant en valeur la vraie nature du cowboy du Far West qui ne règle ses problèmes qu’au colt, en pleine rue ou dans les «saloons», les «trumpistes» ont fait la preuve que malgré son âge très avancé, aucune démocratie n’est à l’abri des épreuves. Il faut, cependant admettre, que c’est bien un individu, et pas le peule, qui a planté ce poignard en plein cœur de la démocratie américaine.

Celui que certains considèrent comme «un président par accident», mais que nombre de ses concitoyens adorent, vient, ainsi, de donner le sourire aux putschistes africains, qu’ils soient militaires comme ceux de Kati, au Mali, qui ont renversé, le 18 août 2020, le président Ibrahim Boubacar Keïta, ou civils, comme les chefs d’Etat, l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara, et le Guinéen, Alpha Condé, qui ont charcuté la loi fondamentale de leurs pays respectifs, pour embrasser le troisième mandat anticonstitutionnel de tous les malheurs. En tout cas, Donald Trump les aurait tous détrônés, si la démocratie, fort heureusement, n’avait doté les Etats-Unis d’institutions fortes,

La démocratie, c’est désormais incontestable, est une quête permanente et reste constamment perfectible. Comme un malheureux hasard, le Ghana, qui, jusqu’à ce jour du 7 janvier, où l’armée a dû s’introduire au sein du parlement, pour calmer une rixe entre députés de l’opposition et du pouvoir, était considéré comme un havre de démocratie, connaissait également des balbutiements en la matière. La réélection du président Nana Akufo-Addo qui a été investi ce 7 janvier à la magistrature suprême pour son second mandat, reste fortement contestée par l’opposant John Dramani Mahama et ses partisans.

L’exemple venu du Burkina et du Niger

Fort heureusement, dans ce printemps africain d’élections contestées et de troisièmes mandats générateurs de violences meurtrières, le Burkina Faso et le Niger donnent du charme à la démocratie. Les Burkinabè, après justement avoir lutté contre des velléités de troisième mandat, malgré les dérives déplorées de l’insurrection populaire d’octobre 2014, viennent de réélire, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré et de renouveler l’Assemblée nationale, suite aux élections ouvertes du 22 novembre 2020. Dans le même temps, ne suivant que sa parole donnée et collé au respect de la constitution de son pays, Mahamadou Issoufou, le président nigérien, qui a refusé de succomber à la sirène du troisième mandat est devenu une véritable fierté pour le Niger et l’Afrique. Sous sa houlette, élections locales et présidentielle et législatives se sont succédé au Niger, dans la sérénité, respectivement, le 13 et le 27 décembre 2020. Le peuple nigérien qui a fait une campagne électorale paisible et voté dans le calme, compte visiblement donner l’exemple jusqu’au bout, lui qui attend, dans la même quiétude, le second tour de la présidentielle, prévu pour le 21 février prochain.

Même si le Capitole a retrouvé son calme et que la destitution du sulfureux Donald Trump, l’empêcheur pour la démocratie de tourner en rond, est exigée, c’est désormais établi que les Etats-Unis, «gendarme du monde» et «donneur de leçon», doivent songer à balayer devant leur porte, avant de vouer aux gémonies les autres Etats qu’ils classent régulièrement, selon leurs humeurs, sur une liste noire. L’Afrique vient, peut-être, de se débarrasser de son bonnet d’âne en matière de démocratie.

Par Wakat Séra