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49 militaires ivoiriens arrêtés à Bamako: attention à ne pas trop jouer avec le feu!

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Le colonel Assimi Goïta engage le Mali dans un bras-de-fer avec la Côte d'Ivoire

La libération sans délai des 49 militaires ivoiriens qualifiés de mercenaires et mis en détention par le pouvoir kaki de Bamako depuis ce dimanche. C’est la seule et unique décision de la réunion extraordinaire du Conseil national de sécurité (CNS), ce mardi. Une réaction de la Côte d’Ivoire qui était attendue par une opinion nationale ivoirienne très remontée contre la dernière du long chapelet de déraisons et de provocations de la junte militaire malienne qui ne manque aucune occasion pour affirmer son populisme.

Avec cette facilité démoniaque qu’ils ont dans les montages accusateurs contre des ennemis qu’ils fabriquent, les militaires aux affaires depuis leur double putsch d’août 2020 et mai 2021 se donnent tous les droits en ignorant tous les devoirs que leur imposent les normes d’un voisinage apaisé et les règles de la coopération bilatérale ou multilatérale. Le colonel Assimi Goïta, vient de se fabriquer ses «mercenaires», lui qui a donné toute sa confiance à la société de sécurité privée russe Wagner, dont les éléments sont accusés, par nombre d’organisations crédibles de défense des droits de l’homme de commettre de nombreuses exactions contre les populations civiles. Et ce au Mali, comme en Centrafrique et en Libye où ils sont présents.

Démontant point par point les accusations montées pièce par pièce contre ses militaires que les autorités maliennes ont habillés en mercenaires, Abidjan demande qu’ils soient libérés immédiatement. Ces hommes, selon le gouvernement malien, ont débarqué en plein jour à l’aéroport de Bamako, couteau entre les dents, canon en avant, faux passeports en poche, soit tout ce qu’aurait interdit le b.a.-ba du mercenaire, si le baroudeur Bob Denard avait entrepris de l’écrire pour la postérité. Selon le CNS ivoirien présidé par Alassane Ouattara himself, toute la procédure en vigueur a été scrupuleusement respectée pour que la 8e rotation réalisée ce dimanche «dans le cadre des opérations des Eléments nationaux de soutien» le soit sans anicroche comme c’est le cas depuis des années.

En effet, tout se déroule, déclarent les autorités ivoiriennes, en vertu d’une convention passée entre la Côte d’Ivoire et l’Organisation des Nations Unies, et conformément à un contrat de sécurisation et de soutien logistique signé avec la société Sahel Aviation Service (SAS). Dans leur réponse à ce fameux communiqué de la junte truffé de contradictions mais qui révèle simplement le dessein caché des militaires malien de récupérer pour le compte des Forces de défense et de sécurité du Mali, le contrat entre la Côte d’Ivoire et SAS, qui repose sur la convention avec l’ONU, les autorités ivoiriennes cachent difficilement leur agacement, bien qu’ayant puisé à satiété dans le lexique diplomatique.

Mais le Mali avait-il besoin de tout ce cinéma, pour reprendre à son compte un marché même si celui-ci a été passé en bonne et due forme? Non, en principe. Sauf qu’il existe entre la junte militaire et les autorités ivoiriennes deux contentieux de taille. Le premier différend est lié à la présence sur les berges de la lagune Ebrié, de Karim Keïta, le fils de feu Ibrahim Boubacar Keïta que le colonel Assimi Goïta et les siens ont tombé un certain 18 août de l’année 2020. Le deuxième et certainement pas le moindre, est sans doute le péché dont les Maliens affublent la Côte d’Ivoire qui s’était mise en front line dans la prise des sanctions financières et commerciales contre le Mali.

Pourtant, en ce qui concerne ces mesures drastiques, la seule responsable est la junte militaire qui entendait octroyer une longévité exagérée à un pouvoir qu’elle a arraché par les armes, contrairement aux normes constitutionnelles maliennes et aux principes qui régissent la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et l’Union africaine (UA). Les militaires maliens au pouvoir semblent ignorer que les décisions au sein de la CEDEAO obéissent au consensus et que les sanctions n’auraient donc pas été levées contre le Mali, ce 3 juillet, si la Côte d’Ivoire était restée sur la ligne dure de départ.

Maintenant, que va-t-il se passer à la suite de cet accès de fièvre qui pousse entre les deux pays? Pourvu que le pire soit épargné à des peuples dont les familles sont éparpillées au-delà de frontières artificielles tracées par la funeste Conférence de Berlin qui a consacré le partage du continent et singulièrement de l’Afrique de l’ouest. La flammèche de la haine, de la division et de la violence n’est jamais loin, alors que l’incendie, quant à elle, est toujours difficile à éteindre!

Par Wakat Séra