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Afrique: nouvelle «saison» de coups d’Etat!

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Laes coups d'Etat reviennent-ils au goût du jour en Afrique? (Ph. d'illustration)

On s’est habitué à penser que la révolution africaine partirait de l’Afrique centrale, précisément de la RD Congo, selon les prédictions de Franz Fanon. Et pour cause. «L’Afrique a la forme d’un revolver et la gâchette se trouve au Congo», affirmait-t-il. Une image qu’on a vite associée sans discernement à la violence révolutionnaire classique, croisant l’idée de Mao, qui soutenait que «la liberté était au bout du fusil». Et, par conséquent, le progrès, qui lui en est consubstantiel.

D’où, en général, la première justification de coups d’Etat, pour les militaires, et l’acceptation de cette pensée par les peuples. Avec une série d’autres causes, à répertorier globalement dans les échecs de politiques publiques et leurs dérivés, dont la pauvreté, l’insécurité, etc. Quid de la situation qui prévaut en Afrique de l’Ouest? Justifie-t-elle les théories des visionnaires cités ci-haut, encore que celles-ci conservent une bonne place dans le champ des métaphores?

Au cours des années 1960, début de l’ère des après-indépendances, les coups d’Etat avaient les faveurs des opinions africaines. Moitié, par ignorance, moitié par emportement émotionnel ethnique. Pourtant, il y eut un temps de «cohésion africaine». Ce fut la belle époque où le panafricanisme, prêché par l’Egyptien Nasser, le Ghanéen Nkrumah, le Guinéen Sékou-Touré et autres, le Tanzanien Nyerere, avaient la côte. Alors que leur charisme montait en gamme, au point d’entraîner toute l’Afrique dans des rêves idylliques. «On y croyait», parce que les guides étaient dignes de confiance, des anges tutélaires, en quelque sorte.

On a vu l’Afrique dans le souci de «se chercher», et de rechercher ardemment l’unité africaine, étant donné qu’elle avait sans doute compris que le développement du continent résidait, de prime abord, dans le principe d’unité. La conférence de Bandung, en Indonésie, en 1955, en fut le prélude. En ceci que ses résolutions restaient une sorte de boussole, laquelle présida à la naissance de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), en 1963. Un succès incontestable, en dépit des divisions entre «progressistes» et «modérés», à l’époque, ou en raison des effets de la guerre froide. Entre autres.

Ces espoirs, quelque peu déjà douchés dès septembre 1960, par le premier coup d’Etat du général Mobutu au Congo-Kinshasa, s’effondrèrent, à partir de 1965. Depuis cette date, les militaires s’emparèrent du pouvoir (Congo-Kinshasa, Algérie: 1965; Ghana: 1966; Libye: 1969, par exemple). La suite, nous la connaissons. Peu de pays ont échappé à ce phénomène que les sociologues rangent dans la catégorie des «tendances lourdes». Qu’on peut qualifier aussi, pour l’Afrique, de phénomène de «mode»: un emballement dans lequel les militaires fantasment. D’autant que la fonction suprême permet de baigner vite dans l’opulence. Situation qui divise partout.

Au-delà de toutes les hypothèses émises par les observateurs politiques pointus du continent, il y a surtout ce point que l’Afrique de l’Ouest tente de recycler: les coups d’Etat pour avoir droit au sésame de la caverne d’Ali Baba. Le Mali, la Guinée et le Burkina se sont déjà pris les pieds dans le tapis. C’est le début d’une nouvelle saison, au continent, de la marche des militaires vers le pouvoir. Car, pour Jonathan Powell, un diplomate britannique bien connu, «un coup d’Etat appelle ipso facto d’autres coups d’Etat.»

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France