Accueil A la une Burkina: «Le musèlement de la presse ne crée pas la sécurité» (Déclaration...

Burkina: «Le musèlement de la presse ne crée pas la sécurité» (Déclaration du 3 Mai)

0
Le présidiume de la Journée commémorative sur la liberté de la Presse au CNP-NZ avec Inoussa Ouédraogo (2e à partir de la gauche)

«Le musèlement de la presse ne crée pas la sécurité, il génère tout au plus le sentiment de sécurité», a averti le Centre national de Presse Norbert Zongo (CNP-NZ) dans sa Déclaration du 3 Mai faite, le mercredi 3 mai 2023, à l’occasion de la Journée internationale de la  liberté de la presse. Le Centre a dénoncé «les menaces incessantes» contre les acteurs du monde des médias au Burkina Faso qui a, par ailleurs, vu son indice sur la liberté de la presse baisser.

Le Centre national de Presse Norbert (CNP-NZ) a célébré, ce mercredi 3 mai 2023, ses 25 ans d’existence, lui qui a vu le jour en 1998 par l’intermédiaire du célèbre journaliste burkinabè d’investigation Norbert Zongo. Cette célébration a coïncidé avec la commémoration de la Journée internationale de la liberté de la presse.

A cette occasion le CNP-NZ, dans sa déclaration du 3 Mai, a interpellé les autorités burkinabè de la Transition sur les menaces «incessantes» dont les journalistes font l’objet. «Aujourd’hui, certains citoyens, y compris des autorités, accusent les médias de mettre leurs plumes, caméras et leurs micros au service des terroristes (…). On assiste à des appels incessants aux meurtres de journalistes et de leaders d’opinion», a dépeint Inoussa Ouédraogo, président du comité de pilotage du Centre national de presse Norbert Zongo (CNP/NZ).

Il a rassuré que les journalistes ne sont pas les ennemis du Burkina Faso, mais bien les terroristes qui endeuillent les populations civiles et militaires et qui détruisent les infrastructures du pays. M. Ouédraogo a invité les autorités du pays à recentrer tous les efforts sur cet objectif qui est de lutter contre les terroristes pour reconquérir l’ensemble du territoire national.

Le président du comité de pilotage du CNP-NZ a martelé que s’en prendre aux journalistes pour espérer gagner la guerre contre le terrorisme «c’est se bercer d’illusion». «Le musèlement de la presse ne crée pas la sécurité, il génère tout au plus le sentiment de sécurité», a affirmé Inoussa Ouédraogo qui a rappelé que la répression de la presse n’a jamais été une solution.

Au cours de ses activités commémoratives de la Journée internationale de la liberté de la presse, le CNP-NZ a rendu public son rapport 2022 sur l’état de la liberté de la presse au Burkina Faso. Le pays des Hommes intègre a été crédité d’une note de 2,21/4 à l’Indice sur la Liberté de la Presse (ILP) contre une note de 2,25/4 en 2021. De 2016 à 2022, il est constaté une baisse drastique de cet ILP. Les facteurs explicatifs de cette situation sont liés, selon les experts du Centre de Presse Norbert Zongo, à l’instabilité politique dans le pays marquée par deux coups d’Etat, la situation sécuritaire caractérisée par les menaces des groupes armés terroristes, la cyber violence et la précarité des journalistes.

Sur le plan mondial, le Burkina Faso a perdu 17 places dans le classement sur la liberté de la presse de Reporter Sans Frontières (RSF). Le pays quitte son rang de 41e mondial pour se retrouver à la 58e place sur 180 pays.

Par Siaka CISSE