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Burkina: le syndicat des GSP dénonce le «dilatoire» du gouvernement

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Le SG du SYNAGSP, le contrôleur Abdoul Rahmane Thiombiano (Photo d'archives)

Le Syndicat national des agents de la garde de sécurité pénitentiaire du Burkina Faso (SYNAGSP), a dénoncé face à la presse ce samedi 13 octobre 2018 à Ouagadougou, le «dilatoire» des autorités. Le SG du syndicat, Abdoul Rahmane Thiombiano, a déploré au sortir du congrès extraordinaire de son organisation, que des décrets signés par le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré qui devaient contribuer à améliorer les conditions de travail et de vie des travailleurs des établissements pénitentiaires, ne soient pas appliqués.

La Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO), le plus grand établissement pénitentiaire du Burkina Faso, a été  pris d’assaut par des agents GSP, 600 personnes environ, venus des 27 Maisons d’arrêts que compte le pays, selon un militant du SYNAGSP, pour exprimer leur ras-le-bol face à l’attitude du gouvernement qui non seulement tarde à donner satisfaction à certaines de leurs préoccupations, mais travaille à diviser les agents.

« Comme vous le constatez, notre congrès extraordinaire était prévu pour se tenir dedans (à la MACO) avec vous, mais malheureusement quand nous sommes arrivés ce matin, on vient de nous informer que le directeur général (de la MACO) a refusé catégoriquement à ce que la presse soit dedans, sans l’autorisation au préalable du ministre de la Justice, Garde des Sceaux (René Bagoro) », a déclaré Abdoul Rahmane Thiombiano, notant que « c’est ce qui explique notre présence dehors ce matin ».

Des militants du SYNASGP remontés après l’interdiction faite aux journalistes pour ne pas suivre leur congrès extraordinaire

Le congrès des GSP avait pour ordre du jour « la crise entre le nouveau bureau et l’ancien bureau et les questions financières en l’occurrence les avancements et les nominations ». L’ancien bureau était composé des éléments qui « ne faisaient plus l’affaire des militants », selon le SG du SYNAGSP, signifiant que « c’est ainsi que nous avons été portés à la tête du syndicat le 15 juin (dernier), le nouveau bureau ».

« Malheureusement des individus mal intentionnés travaillant purement pour leurs intérêts individuel et égoïste ne veulent pas céder. Je crois que ce sont ces éléments qui ont dû agir sur le ministre et le DG (de la MACO) pour qu’ils nous refusent l’accès des journalistes » à la salle où allait se tenir le congrès en vue de « mieux faire passer notre message et en même temps mettre aux oubliettes l’ancien bureau », a-t-il poursuivi en soulignant que le ministre René Bagoro « est animé vraiment d’une mauvaise volonté ».

A l’en croire, depuis l’élection du nouveau bureau de 12 membres dont il préside la destinée, le syndicat « a tenté de croiser monsieur le ministre à plusieurs reprises mais il nous fait sortir une réponse où il nous demande de bien vouloir produire le récépissé de reconnaissance de notre (structure) avant d’être reçu ». Pour lui, cela montre que le ministre « est partisan parce que l’ancien bureau n’a jamais eu de récépissé mais jusqu’à présent, le ministre continue de les recevoir parce que certains membres sont ses cousins et d’autres jouissent des faveurs de leur nominations, donc ils ne peuvent pas lutter pour l’intérêt des agents GSP ».

Réponse du ministre Bagoro demandant le récépissé du nouveau bureau SYNAGSP

Les agents GSP qui étaient massés devant la MACO, laissaient voir à travers leurs propos proférer dans la mesure, que leur situation sur les plans professionnel et social n’est guère reluisante. « Depuis 2015, un GSP qui a 20 ans de service et un GSP qui vient de sortir hier, qui ont les mêmes grades, touchent aujourd’hui les mêmes salaires. Alors que par vous-même (la presse), nous avons appris qu’après la police, nous faisons partie des corps paramilitaires les mieux payés du Burkina or ce n’est pas le cas », a indiqué M. Thiombiano, contrôleur, voulant « aujourd’hui prendre la population burkinabè à témoin, pour dire que s’il arrivait que les jours à venir il y ait débordement, le gouvernement est au courant puisqu’il connait tout ça ».

« Pour le moment nous allons repartir avec les militants que vous voyez ici dans chaque établissement pénitentiaire, tout le bureau est là, et le bureau local est composé d’un SG, un SG adjoint et d’un trésorier dans chaque établissement. Nous allons réfléchir ensemble pour voir dans quel sens nous allons accorder nos violons pour lutter pour nos intérêts », a-t-il dit, attendant « du gouvernement actuellement qu’il applique concrètement les décrets signés qui devaient améliorer (leurs) conditions de travail et de vie ».

Les responsables du syndicat des GSP estiment que tout n’est que rapport de force. « Quand on a croisé le directeur général (de Sécurité pénitentiaire) pour lui parler de ces problèmes, il nous dit que la question est politique. Cela laisse entendre que politiquement nous ne sommes pas vus parce qu’on n’est pas peut être forts », ont-ils confié en voulant changer cette image qu’on pourrait avoir d’eux.

Selon nos informations, quelques membres de l’ancien bureau auraient refusé leur destitution malgré la démission du SG.

Par Bernard BOUGOUM