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Burkina: les opérateurs de téléphonies « sensibles » à la plainte des consommateurs

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Les responsables des opérateurs de téléphonies mobile installées au Burkina Faso sont « sensibles » à la plainte de ces derniers jours des consommateurs qui dénoncent la cherté des coûts des services des réseaux dont la qualité est aussi décriée. C’est ce qu’ont affirmé unanimement le secrétaire exécutif de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) et les trois directeurs généraux des sociétés de téléphonie mobile que sont TELECEL, ORANGE et MOOV AFRICA qui se sont entretenus à l’issue d’une rencontre, avec les journalistes, à Ouagadougou, ce vendredi 14 avril 2023.

L’actualité nationale de ces derniers jours est marquée par les appels à une baisse de la tarification pratiquée par les trois réseaux de téléphonie mobile du Burkina Faso, notamment sur les réseaux sociaux où des leaders d’opinions appellent même à manifester contre la cherté des tarifs et la qualité des services de ces réseaux privés de télécommunications.

La nouvelle équipe de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) qui dit avoir véritablement commencé à travailler à partir de juin 2022, a une feuille de route qui met clairement l’accent sur la protection des consommateurs et la nécessité de trouver des solutions innovantes avec l’ensemble des acteurs, selon ses premiers responsables qui ont rassuré les consommateurs que la question de la tarification est au cœur de leurs défis. Pour cela, ils ont instruit de produire un rapport qui fasse ressortir la structure des coûts des opérateurs afin d’orienter leurs futures décisions.

Bien que l’ARCEP soit « suffisamment sensible aux légitimes revendications des consommateurs, notamment sur la révision à une tendance baissière des tarifs de la communication des sociétés de téléphonie mobile, elle est tout de même tenue au respect de la législation nationale et sous régionale qui organise dans le même espace communautaire, les grandes orientations de la communication électronique », a laissé entendre dès l’entame de ses propos, le conférencier principal, le secrétaire exécutif de l’ARCEP, Wendlassida Patrice Compaoré.

Ainsi, l’ARCEP vis-à-vis de ses missions, est parfaitement en phase avec les « revendications légitimes » qui se sont exprimées ces derniers temps, non seulement à travers les structures organisées des consommateurs mais aussi à travers les réseaux sociaux, a déclaré M. Compaoré qui a profité de cette sortie médiatique pour louer le caractère « pacifique » desdites revendications qui permet d’interpeller les gouvernants sur les enjeux tarifaires d’un secteur névralgique comme celui de la téléphonie.

Les échanges ont porté sur quatre points

Face aux multiples plaintes qui ont monté d’un cran ces derniers jours, l’ARCEP a initié des consultations avec divers acteurs, notamment, les organisateurs de consommateurs de téléphonie mobile, et ce, depuis fort longtemps, à des fins d’amélioration de la qualité des services. Ce qui implique non seulement la qualité technique de la couverture téléphonique et de la connexion internet, mais aussi, la révision des tarifs à des niveaux supportables par le plus grand nombre de Burkinabè ayant accès à des services internet.

Toutefois, « une telle décision requiert de notre part la collaboration des opérateurs de téléphonie. A ce sujet, je voudrais rassurer le public que les téléphonies ont été très sensibles à notre démarche. Dans les plus brefs délais, les concertations que nous avons initiées ce matin même vont se poursuivre pour qu’enfin de compte, l’intérêt du consommateur, qui est notre raison d’exister, soit le critère le plus plausible dans l’arrêt des nouvelles tarifications en perspective », a rassuré le secrétaire exécutif de l’ARCEP qui a demandé aux Burkinabè de faire « confiance » à la structure de régulation des télécommunications au Burkina Faso et de donner une chance aux concertations en cours. « J’invite les consommateurs à la retenue pour permettre que la dynamique que nous avons amorcée puisse se poursuivre pour la satisfaction de leurs attentes », a-t-il dit.

Sur les échanges proprement dits, il a indiqué que leur discussion avec les directeurs généraux des opérateurs de téléphonie a porté sur quatre points majeurs. Le premier point a porté sur la validité des offres des utilisateurs. « De nos échanges sur ce premier point, les opérateurs sont d’accord pour le principe mais ils vont se référer à leurs équipes techniques pour voir les modalités et la faisabilité et nous revenir dans une semaine », a-t-il déclaré.

La rencontre s’est penchée pour ce qui concerne le deuxième point, sur le coût ou ce qu’on appelle la tarification de la connexion internet. A ce niveau, il y a une étude qui doit se faire au niveau de l’ARCEP, selon les conférenciers. « Cette étude est en cours mais nous avons besoin de certaines informations des opérateurs de téléphonie qui se sont engagés à nous les fournir dans un délai court », a-t-il rapporté. Cela doit à terme permettre aux différentes parties de sortir des coûts qui seront abordables pour la satisfaction des consommateurs. Mais, a prévenu le secrétaire exécutif Wenlassida Patrice Compaoré, ce délai prendra un peu plus de temps car l’ARCEP entend gérer ce sujet avec les autres pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) pour pouvoir avoir un « coût réaliste », accepté par toutes les parties.

Le troisième point des échanges entre les responsables de TELECEL, ORANGE et MOOV AFRICA a porté sur les bonus. A ce ne niveau, les opérateurs « se sont engagés à travailler à une bonne gestion des bonus des consommateurs. Dans de meilleurs délais, ils vont travailler à offrir une meilleure gestion de la multitude des bonus », a soutenu le conférencier principal, Patrice Compaoré qui a souligné que le dernier point de leur entrevue a concerné la lisibilité des nombreuses offres qui foisonnent. « Les opérateurs de téléphonies ont pris l’engagement de proposer une meilleure communication des offres pour que les consommateurs puissent mieux comprendre », a-t-il appuyé.

Les difficultés auxquelles font face les opérateurs de téléphonies mobiles

Comme tous les secteurs d’activité, la téléphonie est également touchée par les crises sécuritaires et économique que vit le Burkina Faso. Mais, malgré cette situation difficile, « les opérateurs de téléphonie n’ont pas procédé à une augmentation des tarifs de leurs services. Les téléphonies subissent la crise sécuritaire mais aussi l’inflation », a avancé le directeur général de TELECEL, Boris Compaoré, porte-parole des patrons des opérateurs de téléphonie.

« Nous comprenons que les consommateurs veulent toujours un meilleur service aux meilleurs prix mais cela demande que les parties prenantes puissent discuter dans un climat de sérénité et de responsabilité », a rétorqué M. Compaoré qui a révélé qu’« à l’heure où nous parlons au Burkina, à cause du péril sécuritaire, il y a plus de 500 sites actuellement qui ne marchent pas dont plus de 200 détruits par des groupes terroristes ».

Pour lui, cette situation qui affecte durement et négativement les réseaux de télécommunication oblige les opérateurs à se battre avec l’accompagnement des Forces de défense et de sécurité (FDS) pour le rétablissement de ces sites-là. « Et donc, il faut se le dire, ce sont des investissements en pure perte pour les opérateurs », a-t-il regretté, voulant que les consommateurs mettent ça aussi dans la balance pour ne pas exagérer dans leur revendication.

Sur la structure des prix, Boris Compaoré a signifié que ce sont des questions complexes. « Les gens font la comparaison avec d’autres pays de la sous-région mais il y a beaucoup de choses qui rentrent en ligne de compte vu que le Burkina Faso est un pays enclavé. Ce qui oblige les opérateurs à faire d’autres investissements supplémentaires », a-t-il fait noter avant de poursuivre qu’« à cela, il faut ajouter la fiscalité qui n’est pas la même d’un pays à un autre ». « Une étude sur le taux de fiscalité en 2020 a montré que le secteur des télécommunications était l’un des secteurs les plus taxés », a-t-il martelé.

Par Bernard BOUGOUM