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Burkina: « L’hydre terroriste et le sacrifice des droits fondamentaux ! » (Syndicat des avocats)

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Des manifestants face à la gendarmerie à la Place de la nation

Ceci est une déclaration du syndicat des avocats du Burkina Faso (SYNAF) sur la situation nationale.

Des attaques barbares menées par des individus sans foi ni loi, endeuillent le peuple burkinabè depuis 2015. 

Elles se sont multipliées et intensifiées ces dernières semaines et plongent la nation toute entière dans une douleur insondable.

En effet :

  • Le 12 novembre 2021, une équipe du Groupement des Compagnies Républicaines de Sécurité a été la cible d’une attaque terroriste sur l’axe Dori-Essakane, entrainant la mort de sept (07) policiers et occasionnant cinq (05) blessés.
  • Dans un communiqué du 15 novembre 2021 le Gouvernement du Burkina Faso informait le public que le dimanche 14 Novembre 2021, dans la province du Soum, dans la région du Sahel au Burkina Faso, le détachement de gendarmerie de Inata a été la cible d’une double attaque terroriste qui a occasionné la mort de cinquante-trois (53) personnes, dont quarante-neuf (49) gendarmes et quatre (04) civils.
  • Le même jour, toujours selon les autorités gouvernementales, la commune de Kelbo a également fait l’objet d’une attaque par des individus armés non identifiés, qui ont été repoussés par les soldats et des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP).
  • Le 22 novembre 2021, ce sont dix-neuf (19) personnes dont neuf (09) gendarmes et dix (10) civils qui ont trouvé la mort suite à une attaque terroriste à Foubé dans la province du Sanmatenga.
  • Dans un communiqué du 22 novembre 2021, le Gouvernement informait le public burkinabè qu’il a procédé à une suspension de l’internet mobile pour une durée de 96 heures pour compter du samedi 20 novembre. Cette suspension sera prolongée pour la même durée par un autre communiquée du 24 novembre 2021 ;
  • Dans une lettre du 24 novembre 2021, le Maire de la commune de Ouagadougou invitait le Commandant du groupement de gendarmerie départemental de Ouagadougou, le Directeur général de la police nationale et le Directeur général de la police municipale, à prendre immédiatement toutes mesures jugées utiles pour empêcher le déroulement de manifestations dites illégales, sur le territoire communal ;
  • Dans un communiqué du 25 novembre 2021 le Ministre de l’Education nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales informait la communauté éducative de la fermeture des établissements scolaires les 26 et 27 novembre 2021.

C’est ainsi que, comme pour provoquer l’inaction, dans la nuit du 25 novembre aux environs de 23 heures, le Chef de l’Etat s’adressait au peuple burkinabè par un message à la nation, dans lequel mesures diverses ont été annoncées.

Cette situation dramatique combinée à la cacophonie de mesures institutionnelles, a plongé le peuple burkinabè dans une profonde douleur et ravivé sa colère.

Le SYNAF s’incline devant la mémoire des vaillants soldats et Volontaires pour la Défense de la Patrie tombés sur le champ de combat et présente ses sincères condoléances aux familles éplorées et à la nation toute entière.

Il dénonce et condamne avec la plus grande fermeté ces graves atteintes aux droits fondamentaux du peuple burkinabè, notamment le droit à la vie. Oter la vie est devenu un jeu de barbarie et un acte banal pour des lâches et des obscurantistes dignes d’une autre époque. 

Le droit à la vie est un droit fondamental dont aucune atteinte dans aucune circonstance ne saurait être tolérée. La vie est sacrée et sa protection est un devoir pour tous.

Ces drames à répétition interrogent l’ensemble des acteurs de la vie civile et militaire, du monde politique, social et judiciaire. Ils interpellent la conscience collective et individuelle de tout burkinabè et incitent à l’action de bravoure, la seule qui vaille pour la défense de la patrie et des droits fondamentaux.

Du reste, le SYNAF s’indigne contre des mesures draconiennes et disproportionnées drainées par des autorités publiques pour aggraver la douleur d’un peuple souffrant de l’hydre terroriste qui voit ses droits fondamentaux élémentaires bafoués pour asservir des appétits inavoués.

Le droit à l’information et la liberté d’expression sont des droits fondamentaux dont aucune atteinte de quelque manière que ce soit n’est tolérable, surtout dans un contexte crucial où le besoin d’information et de communication est vital. Les justifications du genre « c’est dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et pour permettre d’enterrer dignement les gendarmes décédés suite à l’attaque d’Inata » sont suffisamment oiseuses et ne convainquent personne, pas même le gouvernement.

L’attaque d’Inata est suffisamment révélatrice de l’échec du gouvernement en matière de lutte contre le terrorisme car selon les informations publiées sur les réseaux sociaux et non démenties, au moment de l’attaque, les gendarmes manquaient jusqu’à la nourriture !

Selon les mêmes informations, nos Forces de Défenses et de Sécurité déployées sur le terrain manquent énormément de moyens performants pour faire face à la puissance de feu des terroristes. Il est inadmissible et inacceptables que des personnes dont la mission principale est la sécurisation des populations et de leurs biens et la sauvegarde de l’intégrité de notre territoire en soient dans cette précarité.

C’est bien évidemment cette réalité cruelle et révoltante que le gouvernement a voulu cacher au peuple en procédant à la coupure de la connexion Internet mobile, puissant moyen de communication et d’information, dans le seul objectif de l’empêcher de se mobiliser et de revendiquer le droit à la sécurité.    

Pourtant, communiquer, informer et s’informer sont d’autres formes de vaincre la peur et de combattre l’ennemi.

De nos jour, internet, plus qu’un prestige est un outil nécessaire de travail un et support de communication comme les journaux.

Se les voir priver par des mesures drastiques disproportionnées et d’une manière détournée est simplement un abus de pouvoir de la part des autorités gouvernementales.

Viendra –t’il à l’esprit du gouvernement d’interdire un jour la parution des journaux sous le fallacieux prétexte de lutter contre le terrorisme ?

Au regard de tout ce qui précède, le Bureau Exécutif du Syndicat des Avocats du Burkina Faso (SYNAF) réuni en session extraordinaire ce dimanche 28 novembre 2021 :

– Condamne avec fermeté les actes de barbaries de tout genre et toute nature d’où qu’ils viennent et quelle qu’en soit la cause qui les soutiennent. Il en appelle à la responsabilité des autorités civiles et militaires et invite le peuple burkinabè à la vigilance ;

 – Encourage et exprime son soutien indéfectible à nos forces de défense et de sécurité qui se battent chaque jour, au péril de leurs vies, pour assurer la sécurité des populations et l’intégrité de notre territoire ;

– Rappelle que la sécurité des biens et des personnes, l’intégrité du territoire national et la protection des droits fondamentaux, sont des devoirs constitutionnels à la charge des autorités publiques hiérarchisées ;

– Condamne fermement la coupure de la connexion Internet mobile qui est une atteinte gravissime à la liberté d’expression et au droit à l’information et appelle à son rétablissement sans délai ni condition ;

– Appelle l’ensemble de ses militants et le peuple burkinabè à dénoncer toute atteinte à un droit fondamental et à entreprendre toute action légale pour le rétablissement des droits fondamentaux en cause.

DEFENDRE, SE DEFENDRE, TOUJOURS SERVIR !

Fait à Ouagadougou le 28 novembre 2021

Pour le Bureau Exécutif

Le Secrétaire Général

Maître Olivier YELKOUNY

Avocat à la Cour