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Burkina: putschistes, qu’avez-vous fait de Roch Marc Christian Kaboré?

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L'ancien président du Faso Roch Marc Christian Kaboré

Après son éviction du pouvoir, qu’est devenu le désormais ancien président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré? La question brûle les lèvres, et sur le sujet, courent les rumeurs les plus folles et les plus saugrenues. C’est ainsi que certains Burkinabè, se basant sur des traces de sang découvertes sur le siège d’un des véhicules 4X4 qui appartenait au cortège présidentiel, en était arrivé à la conclusion que le président chassé du pouvoir ce lundi, avait péri dans une fuite. Mais son parti politique avait, plus ou moins, démenti cette information en évoquant une tentative d’assassinat, dans un post de condamnation du coup de force. De plus, sur les mêmes réseaux sociaux circule, l’image d’un camion de déménagement garé devant une résidence qui appartiendrait à Dame Sika Bella, l’épouse de Roch Kaboré, dans un quartier de la capitale togolaise, Lomé. Ce qui fait dire à l’auteur de la publication que le Togo pourrait être le prochain point de chute du président du Faso déchu.

Officiellement, les autorités togolaises, même si elles seraient ravies, selon une personnalité de ce pays, contactée en discussion informelle, d’accueillir l’ancien président du Faso, n’ont pris, pour l’instant, aucune décision dans ce sens. Mais Roch Marc Christian Kaboré, si tel est son choix, ne peut qu’être le bienvenu dans un pays qui est aussi le sien par alliance. Et cela ne magnifierait, une fois de plus, que la légendaire solidarité africaine, si Faure Gnassingbé donne gîte et couvert à son ancien homologue. L’ivoirien Alassane Ouattara en a bien fait de même avec son ami et «beau-frère», Blaise Compaoré, lorsque l’époux de l’Ivoirienne Chantal Terrasson, a dû s’exiler en Côte d’Ivoire, suite à sa sortie précipitée de la présidence, démission provoquée par l’insurrection populaire d’octobre 2014. Et le «beau Blaise» qui jouit, en plus de son statut de citoyen ivoirien, naturalisé d’office par les liens du mariage, vit, depuis lors, comme poisson dans l’eau paisible de la lagune Ebrié.

Quel est donc le sort réservé à Roch Marc Christian Kaboré, dont les organisations africaines et internationales exigent le respect de l’intégrité physique et la libération? Seul les nouveaux maîtres de Ouagadougou peuvent répondre à cette question. Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) et son président, le colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, qui n’ont pas dérogé à la coutume des putschistes, de garder comme otages précieux les ex-dirigeants qui, en liberté pourraient nuire à leur projet, ont, en tout cas, rassuré l’opinion nationale et internationale. «Les opérations se sont déroulées sans effusion de sang et sans aucune violence physique sur les personnes arrêtées qui sont détenues dans un lieu sûr dans le respect de leur dignité», a déclaré la junte au pouvoir qui n’a pas manqué de donner d’autres gages de sa détermination d’accompagner le peuple burkinabè pour son mieux-être. C’est ainsi que les Burkinabè ont retrouvé, dans la foulée du coup d’Etat, le retour de l’internet mobile qui avait été une fois de plus suspendu par l’ancien régime, et la réouverture des frontières aériennes juste le lendemain de leur fermeture.

Si dans leur première déclaration, le colonel Damiba et ses hommes ont promis de respecter les engagements internationaux pris par le Burkina, notamment en matière des droits de l’Homme, ils ont également révélé, promesse très importante, leur engagement «à proposer, dans un délai raisonnable, après consultation des forces vives de la nation, un calendrier de retour à un ordre constitutionnel accepté de tous». Mais ça c’est une autre paire de manches, car, ces derniers temps, les militaires qui ont «balayé la maison», s’y sont, pour la plupart installés, l’ayant sans doute, trouvé trop propre pour l’abandonner. L’illustration parfaite vient du Mali où les putschistes, avec à leur tête le colonel Assimi Goïta, après un an et six mois passés au pouvoir proposent encore une longévité ahurissante de cinq années à la transition politique qu’ils dirigent. Toute chose qui a provoqué l’ire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) qui a brandi des sanctions pour l’exemple.

Comme Alpha Condé en Guinée, et avant lui, Feu Ibrahim Boubacar Keïta au Mali, le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré qui a signé sa lettre de démission suite à sa déstabilisation, retrouvera-t-il bientôt la liberté, après les tractations en cours? Tout dépendra de la garantie donnée à ses tombeurs ou de la pression exercée sur eux pour que l’ancien président du Faso puisse respirer, de nouveau, l’air si vital de la liberté de mouvement.

Par Wakat Séra