Accueil Communiqué de presse Burkina: un député demande « le désarmement et la dissolution des koglwéogo »

Burkina: un député demande « le désarmement et la dissolution des koglwéogo »

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Au cours de la session à l’Assemblée nationale, ce vendredi 11 janvier 2019, où la loi pour proroger l’état d’urgence devait être votée, le député-maire de Dorié Aziz Diallo, dans ce message a demandé le « désarmement et la dissolution pure et simple des Koglweogo ».
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Monsieur le Ministre de la Justice, des Droits Humains et de la Promotion Civique,
Nous nous apprêtons à autoriser la prorogation de l’Etat d’urgence dans 14 provinces de notre pays suite à la demande du gouvernement. Notre assemblée a toujours répondu présente à chaque fois qu’elle a été sollicitée par le gouvernement sur les questions sécuritaires. En témoignent, si besoin en était, les énormes sacrifices consentis par le peuple entier à travers la loi de finances 2019 qui permet au gouvernement de réaliser des investissements importants au profit de nos Forces de défense et de sécurité.
Le 1er Janvier dernier, à la suite de l’assassinat odieux du chef de village de Yirgou et de six autres personnes par des terroristes non identifiés, d’autres terroristes, bien identifiés eux par contre, les koglwéogos, se livraient à des exactions crapuleuses, ôtant la vie à près d’une centaine de Burkinabè, qui ignoraient même que le chef du village avait été tué.
En Novembre dernier, à Tanghin, dans notre capitale, à la suite d’affrontements entre koglwéogos et bouchers, on déplore deux décès et un blessé grave.
Le 12 Septembre 2018, dans la commune de Karangasso-Vigué, des affrontements entre koglwéogo et populations ont fait 3 morts et de nombreux blessés.
En mai 2017, à Tialgo, après que les koglwéogo ont réclamé plus de 800 000 francs CFA d’amende à un individu, les populations se sont révoltées et les affrontements qui ont suivi ont causé la mort d’au moins cinq personnes.
Je ne vais pas poursuivre ce décompte macabre qui n’honore pas notre pays.
Peut-on concevoir qu’au même moment où nous nous évertuons à donner à nos Forces de défense et de sécurité les moyens nécessaires pour assumer pleinement leur rôle, un groupe d’individus s’adonnent à pareils exactions au nez et à la barbe des institutions de notre pays?
Le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et le Comité des droits de l’homme lors de la présentation de leur rapport su notre pays en Mai dernier se sont dit je cite, «préoccupés par l’apparition de milices d’autodéfense, notamment les «Koglwéogo», dont certaines se livreraient à des extorsions de fonds, arrêteraient ou retiendraient illégalement des personnes et commettraient des exactions et des meurtres».
A ces propos, monsieur le ministre de la Justice a répondu: «Si les actions de ces groupes ont souvent été saluées par les populations locales qui y voient un moyen efficace de lutte contre l’insécurité, il convient, cependant, de regretter les atteintes graves aux droits et libertés fondamentales et aux principes de l’Etat de droit dont ils se rendent coupables».
Monsieur le ministre, la centaine de victimes des villages de Yirgou, Fourbe, Toekedogo, Bangrin, Kassaye, Bolle, Guiendbila, Binguele et ailleurs, n’ont plus de libertés fondamentales.
En leur nom, au nom de ce jeune homme couché sur un lit à l’hôpital de Kaya entre la vie et la mort ayant reçu 32 balles de calibre 12 au niveau de son bassin, au nom de ce vieux couché dans le même hôpital qui a eu la gorge scindée et qui n’est en vie que par onction divine, au nom de ce jeune d’à peine 30 ans qui a vu tous les autres membres de sa famille froidement assassinés devant lui, et qui est couché dans le même hôpital avec des blessures par balles, au nom des populations de ce village peuple essentiellement de Mossis qui ont hébergé et nourris plus de 230 déplacés en attendant qu’ils rejoignent la Mairie de Barsalogho, au nom de ce jeune burkinabè d’ethnie Mossi qui a caché son ami peulh pour lui permettre d’échapper à cette folie meurtrière,
au nom de l’Etat de Droit, nous avons le devoir d’exiger le désarmement, et la dissolution pure et simple des koglwéogo. Nous ne souhaitons pas une prolifération des groupes armés dans notre pays. Pour cela, il est important que seul l’Etat assume le monopole de la violence comme le dit notre Constitution. Seul l’Etat.
Notre Assemblée a rendez-vous avec l’Histoire, car un des actes les plus attentatoires à la cohésion sociale et à l’unité nationale a été commis sous notre législature.
Monsieur le Président, en notre nom, vous avez prononcé un discours remarquable de courage lors de l’ouverture de la session spéciale Mardi dernier. Nous avons maintenant l’obligation de joindre l’acte à la parole.
Je vous remercie.
Aziz Diallo,
Député