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CEDEAO : un étudiant interpelle les Etats sur la « bonne gestion» des transferts de fonds des migrants

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Photo de famille avec les membres du jury

Le titulaire de Diplôme d’Etudes Approfondies (DEA) en Economie Appliquée (EA), option macroéconomie ouverte, Alassane Camara, interpelle, dans son document présenté le 31 juillet dernier, les Etats sur la « bonne gestion » des transferts de fonds des migrants, notamment dans 13 pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Alassane Camara a soutenu le thème : « Effets des transferts de fonds des migrants sur la croissance économique dans les pays de la CEDEAO : rôle de la gouvernance ». Les résultats de sa recherche qui a ciblé 13 pays de la zone CEDEAO montrent qu’il existe une relation positive à long terme entre les transferts de fonds des migrants et la croissance économique. Cependant, la qualité de la gouvernance se présente comme une « condition nécessaire » pour attirer les transferts et favoriser une meilleure contribution de ceux-ci à la croissance et au développement des pays d’Afrique de l’Ouest, selon l’étudiant en Sciences économiques et de Gestion (SEG) de l’Unité de Formation et de Recherche (UFR) de l’université Ouaga II.

Cette recherche, a précisé l’étudiant, s’est intéressée à l’évaluation empirique du rôle de la gouvernance dans la contribution des transferts de fonds des migrants à la croissance économique dans 13 pays de la CEDEAO sur la période 1996-2017. Il s’est agi pour lui plus particulièrement d’estimer le lien entre transferts de fonds et croissance économique et d’examiner le rôle de la gouvernance dans cette relation.

L’étudiant en Sciences économiques et de Gestion (SEG) de l’Unité de Formation et de Recherche (UFR) de l’université Ouaga II, a d’abord relevé que l’un des défis majeurs des acteurs de la politique économique est d’assurer une croissance économique forte et soutenue des Etats. Ainsi, les questions migratoires placées parmi les plus importantes et les plus sensibles dans le monde, c’est tout logiquement que l’étudiant a examiné les impacts des mouvements migratoires qui imposent des transferts de fonds des émigrés vers leurs pays d’origine.

Alassane Camara, titulaire d’un DEA en Economie appliquée

En 2016, selon Alassane Camara, les transferts de fonds des migrants, au niveau mondial, s’élevaient à «586 milliards de dollars et sont passés à 625 milliards de dollars en 2017 soit une hausse de 6,6% (Banque Mondiale, 2018)». Ces tendances officielles ont également augmenté dans la région de l’Afrique subsaharienne de « 10,8%, passant de 37 milliards de dollars en 2016 à 41 milliards de dollars en 2017 ». L’étude montre que dans la plupart des pays de cette région, les transferts de fonds constituent la première source de financement externe dépassant ainsi les Investissements Directs Etrangers (IDE) et l’Aide Publique au Développement (APD). « Ces transferts ont des incidences positives et fortes sur l’économie des pays de départ », a souligné M. Camara.

L’analyse indique que l’effet des transferts de fonds sur la croissance économique est conditionné par des facteurs existant dans les pays bénéficiaires. Parmi ces facteurs, la « qualité de la gouvernance » se pose parce que de «nombreux pays en développement ont été associés à une mauvaise gouvernance, ce qui est souvent cité comme un obstacle important à une croissance économique plus rapide», a indiqué l’étudiant.

Alors, l’effet de croissance des transferts de fonds est renforcé en présence de bonne gouvernance qui est donc en mesure d’attirer un plus grand flux de transferts de fonds vers les pays de la CEDEAO. Alassane Camara préconise «l’amélioration de la qualité de la gouvernance dans la CEDEAO pour rendre les transferts de fonds plus profitables aux pays bénéficiaires». Ainsi, la qualité de la gouvernance se présentant comme une condition nécessaire pour attirer les transferts et favoriser une meilleure contribution de ceux-ci à la croissance et au développement des pays de l’Afrique de l’Ouest, une appréciation plus claire des canaux par lesquels les transferts de fonds pouvant stimuler la croissance des économies africaines est à faire en vue d’aider les décideurs à élaborer des politiques appropriées.

Alassane Camara, se basant sur les résultats de sa recherche, a formulé quelques implications majeures de politiques économiques dont « la mise en place des politiques d’attractivité des transferts de fonds des migrants » qui contribuera à accroître leur volume dans les pays et également leurs externalités positives. Pour cela, M. Camara propose que les Etats mettent en place des « mécanismes formels de transit des transferts de fonds ; amènent les expéditeurs et les bénéficiaires de fonds à faire confiance aux institutions en place et aussi mettre en place des politiques de réductions des coûts de transferts qui demeurent très élevés dans la zone ».

En outre, selon l’étudiant en économie, il parait primordial d’améliorer globalement la qualité de la gouvernance au sein des pays de la CEDEAO. Cela nécessite concrètement, à l’en croire, « le renforcement d’un environnement politique et d’un cadre réglementaire qui promeut des institutions fortes par la dotation de moyens nécessaires aux structures chargées d’appliquer les textes ». Pour cela, il faut non seulement des « mesures rigoureuses plus transparentes et moins contraignantes pour réduire la corruption » mais, également, « mettre en place des mécanismes efficaces de sanction et de contrôle », a souhaité le titulaire de DEA qui a soutenu dans le cadre du Programme de Troisième cycle Inter-universitaire (PTCI).

L’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), indique que le nombre total de migrants internationaux, y compris les réfugiés, est passé de « 173 millions en 2000 à 244 millions en 2015 puis à 258 millions en 2017 soit respectivement une croissance de 2,8%; 3,3% et 3,4% de la population mondiale », lit-on dans le mémoire de M. Camara.

A la suite d’un « brillant » exposé devant des membres de jury bien avertis des questions économiques le 31 juillet dernier, Alassane Camara a séduit le jury tant dans la forme que dans le fond du sujet présenté qui est digne d’intérêt puisque alimentant l’actualité au plan national et international actuellement. C’est d’ailleurs ce qui lui a permis, lors de sa soutenance à l’université Joseph Ki-Zerbo, le plus grand temple de savoir du Burkina Faso, d’obtenir une note de 17/20.

Par Bernard BOUGOUM