Ainsi donc, sauf tsunami, Mamadi Doumbouya se présentera à la prochaine élection présidentielle prévue pour une date non connue avec précision. Pourtant, le sauveur des Guinéens de la présidence à vie que se fabriquait Pr Alpha Condé en entamant le 3e mandat de toutes les dérives, l’avait dit, ni lui, ni aucun de ceux qui auront participé à l’animation de la transition politique en Guinée ne seront éligibles à quoi que ce soit! Mais ça c’était avant! Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et comme le changement climatique, l’envie politique a fait son effet. L’appétit est venu en mangeant, sur les hauteurs du Fouta-Djalon! Et, de même que l’a chanté le célèbre reggae-maker ivoirien Alpha Blondy, « tout change, tout évolue, seuls les imbéciles ne changent pas». Or, le général Mamadi Doumbouya peut changer!
Désormais, la voie est presque, pour ne pas dire totalement ouverte pour un avenir de longévité pour Mamadi Doumbouya qui, bien que taisant encore officiellement sa candidature pour le fauteuil «démocratiquement» conquis, fait peu mystère de ses ambitions de chef d’Etat civil, lorsque l’heure des urnes sonnera. Une constitution sera bientôt proposée au peuple, le 21 septembre prochain et accordera le droit au président de la république de briguer deux septennats. Les rassemblements réguliers, que ça soit dans les quartiers où les grandes places des villes et villages, attirent le monde qu’il faut pour accompagner le projet de l’auteur du coup de force du 5 septembre 2021.
Tout est mis à contribution pour conditionner les électeurs, notamment les mille et un portraits géants, du candidat certain mais non encore déclaré, qui pavoisent les murs et carrefours de la capitale guinéenne, quelques photos grandeur nature, sur lesquelles le général porte encore sur sa vareuse, ses cinq barrettes de colonel, les bannières arborant des slogans sans équivoque, les citations et instructions de Mamadi Doumbouya, dans les discours des officiels, l’attribution, même des actions de ses prédécesseurs au général, la libération pour «raison de santé» du capitaine Moussa Dadis Camara, afin de s’attirer les faveurs des électeurs du fief de celui qui a écopé de 20 ans de prison pour le massacre, la tuerie et les viols, à ciel ouvert, commis le 28 septembre 2009 au stade du…septembre, etc., sont autant de signes qui ne trompent guère!
Pour mettre toutes les chances de son côté, afin de s’éviter toute surprise désagréable, le pouvoir de la transition a éloigné de Conakry, toutes forces qui pourraient contrarier son dessein. C’est en cela que les opposants crédibles, dont le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée, l’UFDG de Cellou Dalein Diallo empêché de s’inscrire sur la liste électorale, sont contraints à l’exil, et d’autres à un sort inconnu. Le parti d’opposition qui subit aujourd’hui la foudre du pouvoir qui lui interdit de tenir son congrès tout en le menaçant de le dissoudre s’il ne le fait pas, ne sait plus à quel prophète se vouer! Que dire des militants de la société civile, des voix dissonantes, qui ont «mystérieusement» disparu des radars, et dont les plus emblématiques sont Foninké Mengué de son vrai nom Oumar Sylla et Mamadou Billo Bah?
Non, mon général, de sauveur, ne passez pas à oppresseur! Unissez autour de vous, pour l’avenir de ce beau pays aux habitants si sympathiques, tous ses fils et filles pour lui donner les chances d’un avenir radieux commun et d’un développement harmonieux, en lieu et place des intérêts divergents et très personnels dont les mêmes causes produisent rarement des effets différents!
La parole du général est sacrée! Vos meilleurs militants sont vos contradicteurs qui vous préservent des sorties de route inopinées et dangereuses!
Par Wakat Séra
