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Guinée: que va-t-il se passer maintenant?

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Les scrutins dee ce 22 mars ont été marqués par des heurts un peu partout en Guinée (Ph. RFI/Carol Valade)

Alpha Condé, envers et contre tous, a imposé à la Guinée, son double scrutin, législatives et référendum couplés. Malgré les inquiétude affirmées et renouvelées de Amnesty International, de l’Union européenne, de l’Union africaine, de la Commission des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), pour ne citer que ces organisations, le président guinéen est allé au bout de son entêtement de tenir ces élections rejetées par l’opposition et la société civile guinéennes. Même la menace de forte contagion du Covid-19 et encore moins, le mouvement d’humeur des soldats du camp Alpha Yaya, qui a couté la vie au colonel Ousmane Cissé et fait plusieurs blessés, n’ont réussi à freiner l’entreprise illégitime de Alpha Condé. Entre internet et réseaux sociaux coupés et déploiement massif de militaires, l’opposant devenu président à la main de fer, a voté et fait voter ses courtisans et partisans dont les intérêts sont intimement liés à son règne. Un bilan d’une source sur place fait état de 10 Guinéens tués et de nombreux blessés, dans une répression féroce. Ce qui porte la comptabilité macabre à 45, depuis le 14 octobre 2019, début des manifestations contre la tentative de 3è mandat prêtée, à tort ou à raison, à Alpha Condé.

Quel crédit donner à ces élections entachées du sang de nombreux manifestants qui, sous la houlette du Front national pour la défense de la constitution (FNDC) ont essayé de ramener Alpha Condé sur les rails de cette fragile démocratie qui l’avaient conduit, lui-même, de l’opposition à la présidence? Le fichier électoral vicié de plus de millions d’électeurs fictifs, dont des morts, qui a permis le report des élections qui devaient se tenir le 1er mars dernier, a-t-il connu le nettoyage demandé par la communauté international? Pourquoi Alpha Condé qui lui-même a longtemps subi l’exclusion s’accroche-t-il, contre vents et marrées à des élections dont il a écarté les opposants en vue de gagner en roue libre? Avant ces élections de la honte, des arrestations d’opposants et des disparitions forcées, ont été dénoncées par Amnesty International. Que va-t-il maintenant se passer, alors que Alpha Condé, sur qui pèse de lourds soupçons de s’organiser un 3è mandat présidentiel que lui interdit la constitution, a tenu ses élections législatives et son référendum? En tout cas, sauf tsunami, et en l’absence de l’opposition pour boycott, Alpha Condé est certain d’avoir une assemblée nationale aux seules couleurs de son parti, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG). Avec des députés acquis à sa cause et un «oui» massif construit d’avance pour «sa» constitution, l’homme pourra alors remettre le compteur des mandats à zéro et s’ouvrir un boulevard vers une présidence à vie.

En attendant la réaction du FNDC et de la communauté internationale qui a refusé de donner sa caution à cette mascarade électorale grossière, Alpha Condé boit son petit lait, en oubliant qu’ «à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire». Du reste, il faut craindre des heures chaudes dans une Guinée dont les populations pensaient avoir vaincu les arbitrages de l’armée et les prises de pouvoir sanglantes hors des urnes. En tout cas, comme bien des opposants qui ont réussi à se hisser à la fonction suprême, Alpha Condé est en train de s’ériger en une grosse et hideuse déception.

Par Wakat Séra