Accueil Editorial Le début de la fin pour «Vincent Tout Puissant»?

Le début de la fin pour «Vincent Tout Puissant»?

0
Vincent Bolloré (Ph. ouest-france.fr)

Vincent Bolloré mis en examen pour, entre autres, corruption d’agents publics étrangers! Certes, le patron du grand groupe français qui réalise plus de 80% de son chiffre d’affaire en Afrique est loin d’être un surhomme. Mais sur le continent, l’homme d’affaire n’est pas loin d’être un demi-dieu. Présent directement ou indirectement dans les grands secteurs d’activités en tant que concessionnaire de port, actionnaires de sociétés agricoles, opérateur du chemin de fer, etc., le Groupe Bolloré est synonyme de puissance économique, et même de force politique certaine. Grâce à cette force de frappe, Vincent Bolloré possède une influence vraie sur la vie de ses hôtes africains, surtout dans le choix de leurs dirigeants. C’est du reste la principale cause de sa garde-à-vue, suivie de sa mise en examen par la justice française qui veut en savoir plus sur les voies par lesquelles le groupe est passé pour arracher en 2010 les terminaux à conteneurs des ports de Lomé, au Togo et de Conakry, en Guinée. Surtout que, comme par pur hasard, les campagnes électorales des chefs de l’Etat de ces deux pays ont été menées par Havas, la filiale experte en communication du Groupe. Alpha Condé et Faure Gnassingbé, doivent-ils leurs fauteuils de présidents, respectivement de la Guinée et du Togo, à Vincent Bolloré?

Seule la justice pourra situer les uns et les autres dans cette bataille qui pourrait mettre bien du temps à livrer son verdict. En tout cas, s’élevant avec véhémence contre les détracteurs du richissime homme d’affaire français qui ne compte pas que des amis dans ce milieu réputé pour ces coups bas, le Groupe Bolloré montre patte blanche dans cette affaire qui secoue l’un des plus grands empires économiques de l’Europe. En attendant, le magnat français doit préparer une défense en béton, ses pourfendeurs étant persuadés du contraire et surtout certains que l’heure est venue pour eux de prendre leur revanche sur un adversaire coriace et impitoyable, qui est toujours dans les coups juteux. Une chose est sûre, on nage comme dans un temps révolu d’une certaine Françafrique qui permettait aux puissants groupes économiques de régner en maîtres, grâce à des positions dominantes, d’écraser des structures locales qui n’ont pas la force économique d’avoir les gouvernants dans leur poche. A moins qu’on soit «en plein cinéma» comme le pensent certains pour qui le néo-colonialisme a encore de beaux jours devant lui, et qui sont persuadés que cette mise en examen n’est que diversion.

Que se passera-t-il dans les prochains jours? Assiste-t-on au début de la fin de «Vincent Tout Puissant»? Rien n’est moins sûr, car l’image de l’homme et celle du Groupe s’en trouveront très écornées, surtout en Afrique où ils sont incontournables, certains parlent d’intouchables, dans la vie socio-politico-économique dans la quarantaine de pays où leurs intérêts sont implantés. De toute façon, Vincent Bolloré n’est que mis en examen, et jouit de la sacro-sainte présumée innocence.

Par Wakat Séra