La confédération de l’Alliance des Etats du Sahel fait visiblement des émules. Les pays de l’AES, il faut le dire de go, réussissent, bien, comme le prouvent les communiqués officiels, grâce à la bravoure et le professionnalisme de leurs forces armées, à contenir les attaques terroristes, la hantise première des populations du Sahel. Elles font même mieux, en allant à l’assaut des forces du mal, détruisant nombre de leurs repaires et anéantissant des chefs terroristes. De plus, affichant cette souveraineté et liberté de ton qui faisaient défaut aux pays africains, les dirigeants de l’AES, en imposent à des pays dits puissants de ce monde, dont les présidents, ne veulent toujours pas abandonner le narratif infantilisant qu’ils mettent en avant dans leurs interventions à des tribunes officielles ou en privé. Ce fut le cas de la vive protestation soulevée au sein de l’AES, et par le Tchad, le Sénégal et la Côte d’Ivoire, par les propos paternalistes et d’un temps révolu, d’Emmanuel Macron.
Toutes choses qui ont séduit, le ministre togolais en charge des Affaires étrangères, Robert Dussey, qui, lors d’un entretien avec nos confrères de Vox Africa, n’a pas hésité à affirmer qu’«il n’est pas exclut pour le Togo de rejoindre l’AES». A quand la décision officielle, qui doit être prise par le premier des Togolais, Faure Gnassingbé? Car, tout patron de la diplomatie togolaise qu’il est, M. Dussey ne peut engager, le pays, en matière de relations internationales, prérogative par excellence du chef de l’Etat. Du reste, l’intéressé lui-même l’a reconnu dans son propos, en soulignant, en substance, que cette attribution est dévolue au président de la république ou au chef du conseil des ministres, qui sera désigné par le parlement, le Togo étant désormais, de par sa nouvelle constitution, dans un régime parlementaire. Par ailleurs, avec le Sénégal, le Togo a été désigné pour travailler à établir des passerelles de discussion entre l’AES et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) dont les le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont claqué la porte, sans possibilité de retour. Comment le Togo jouera-t-il ce rôle en tant que membre de l’AES? Une préoccupation qui a, visiblement, échappé au ministre Robert Dussey.
En tout cas, même s’il n’a pas appuyé ses dires par des chiffres provenant d’un quelconque sondage déjà effectué, ou d’un exemple concret ou d’un pays, sous les tropiques, qui a intégré une institution internationale parce que le peuple l’a voulu, le missi dominici officiel de Faure Gnassingbé a signifié que les populations togolaises diront «oui», et marqueront donc leur accord pour l’entrée de leur pays dans l’AES. Pour abonder dans le même sens que le ministre, le constat est sans équivoque sur les réseaux sociaux, et c’est peut-être à cela que Robert Dussey fait allusion. Tant que le Togo aura trouvé ses intérêts économiques, politiques et de fraternité avec des pays voisins, il sera difficile, voire impossible de l’empêcher d’intégrer l’AES qui, d’ailleurs, n’a jamais fermé ses portes et s’est montrée ouverte pour dans le cadre de ses relations futures avec les autres ressortissants de l’Afrique de l’ouest et d’ailleurs. Qui plus est, chaque pays est libre de faire partie de l’organisation institutionnelle, régionale ou internationale de son choix.
En attendant que Faure Gnassingbé, se prononce sur la question et engage, en fonction de l’avis de son parlement, le Togo dans l’AES, les commentaires vont bon train sur la toile.
Par Wakat Séra