Accueil Editorial Mali: 24 candidats pour un fauteuil, en rire et en pleurer!

Mali: 24 candidats pour un fauteuil, en rire et en pleurer!

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Comme elle, les électeurs maliens auront droit à l'embarras du choix avec 24 candidats (Ph. rfi.fr)

La cour constitutionnelle malienne vient de rendre publique la liste des candidats pouvant prendre part à l’élection présidentielle du 29 juillet prochain. Ils seront 24 à se positionner dans les starting-blocks pour aller à l’assaut du fauteuil de Ibrahim Boubacar KeÏta, lui-même candidat à sa propre succession. Dans cette flopée d’aspirants à la magistrature suprême, figurent pêle-mêle, anciens premier ministre, ministres, et personnalités des différents secteurs socio-professionnels. Djénéba Ndiaye, est la seule femme qui osera descendre dans l’arène pour participer à ce combat des gladiateurs au premier rang desquels le chef de l’Etat en exercice et le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé. Le combat sera sans aucun doute focalisé autour de IBK et de celui que ses affidés appellent affectueusement «Soumi». Et sans leur faire l’offense de les considérer comme des candidats de seconde zone, les autres seront forcément les accompagnateurs des deux «chefs». Si la constitution malienne, à l’instar de presque toutes les autres lois fondamentales sous les tropiques donnent le droit à tout citoyen jouissant de tous ses droits et ayant l’âge requis d’être électeur et éligible, il se pose tout de même une question de raison, surtout en ce qui concerne la course au palais présidentiel.

24 candidats pour une présidentielle, c’est trop pour un pays comme le Mali qui doit aujourd’hui miser sur l’oiseau rare qui le sortira des angoisses économiques et surtout sécuritaires. 24 candidats à la présidentielle, il faut en rire ou en pleurer, mais certainement pas s’aligner sur cette option qui confère un caractère de grande foire à cette élection du 29 juillet 2018. La stratégie des deux principaux candidats et davantage du pouvoir en place est claire: émietter l’électorat. Cela pourrait pourtant constituer un piège pour IBK si d’aventure il ne réalise pas le KO dès le premier round. Si avec ses partis satellites et candidats «motard» le pouvoir n’arrive pas à faire le plein dès le premier tour, il risque de passer à la trappe au second tour, si l’opposition arrive à rassembler plus large. L’hypothèse est d’autant plus à prendre au sérieux que Soumaïla Cissé ne cesse de mobiliser autour de sa personne, des leaders qui comptent au Mali, notamment ceux de la société civile comme l’activiste Ras Bath qui constituent un allié de poids pour lui. Certes, remplir le plus grand stade de Bamako n’est pas synonyme de victoire aux élections, mais c’est un signal fort qu’a lancé «Soumi» à un IBK plus en perte de vitesse qu’en remontée d’estime auprès de l’opinion.

Questions: quelle sera l’attitude de Amadou Toumani Touré, l’ancien président chassé par un coup d’Etat et qui, après des années d’exil au Sénégal voisin est revenu au bercail, grâce à IBK qui caresse le souhait de bénéficier des retombées de ce geste de magnanimité très calculé? Pour l’instant, ATT se tient loin du débat politique, mais pourrait bien faire parler dans les coulisses son aura jamais perdue auprès des populations. Inquiétude: Tous les Maliens, notamment ceux du Nord que le «Mali-ba» -ou grand Mali- a perdu au profit des jihadistes et bandits du même acabit auront-ils droit au vote? En espérant qu’il en soit ainsi, il faut souhaiter que la campagne électorale qui sera ouverte en principe le 7 juillet soit des plus apaisées pour conduire à des élections dans la quiétude et dont les résultats seront acceptés de tous. C’est de ça que le Mali a besoin pour recoller les pièces manquantes de son intégrité physique et retrouver la voie véritable du développement.

Par Wakat Séra