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Mali: menaces sur la présidentielle!

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De nombreux Maliens pourraient ne pas aller aux urnes (Ph. maliactu.net)

Les 24 prétendants lancés à la chasse au fauteuil de Ibrahim Boubacar Keïta, lui-même candidat à sa propre succession sont déjà certains d’avoir tous perdu l’élection présidentielle sur un plan: celui de faire voter tous les Maliens. Qu’elle soit forcée à cause de la menace sécuritaire, ou volontaire par désamour des populations pour la politique,  l’abstention risque d’être l’une des vedettes de la présidentielle du 29 juillet prochain. C’est certain, plusieurs régions, notamment celle du nord mises sous coupe réglée par des terroristes et bandits de même nature ne répondront pas présentes à cette élection qui sera donc tout sauf inclusive. Du reste, des observateurs internationaux ont déjà exprimé clairement leur option d’éviter certains localités pour des raisons sécuritaires. Les regains de violence dans le Nord inquiètent fort logiquement les Maliens et la communauté internationale, car jetant de gros nuages sur l’organisation de l’élection présidentielle du 29 juillet prochain dans cette partie du Mali.

Plus désolant, ce sont ces nombreux Maliens dont ceux de Tombouctou, qui, d’ores et déjà affichent une indifférence totale à la chose. La raison est toute simple, ils ne se sentent plus Maliens parce que leur ville a été délaissée, à les en croire, par l’autorité. Ils ne croient donc plus aux promesses électorales jamais concrétisées et refusent de ce fait, d’être une fois de plus des dindons de la farce. Ils ne veulent plus de ces politiciens qui, une fois élus grâce à leurs voix, leur tournent le dos. Meurtris par cette ingratitude séculaire qui fait d’eux du bétail électoral toujours séduit à coup de tee-shirts et de billets de banque avant et pendant les scrutins, les parias de la république ont pris la décision de ne plus tomber dans le piège comme sans fin des politiciens véreux.

Dans cette flopée d’aspirants à la magistrature suprême, où figurent pêle-mêle, anciens premier ministre, ministres, et personnalités des différents secteurs socio-professionnels, qui obtiendra la sympathie des Maliens davantage préoccupés par la quête d’emploi et la sécurité de leurs biens et de leurs propres personnes? A moins que Djénéba Ndiaye, la seule femme qui osera descendre dans l’arène, en tant que femme d’affaire attache solidement le pagne pour faire changer de vision de vote aux Maliens déçus des hommes pour lesquels ils ont toujours votés sans aboutir à des lendemains meilleurs. Mais cela ressemblerait beaucoup plus à de la fiction, dans ce pays fortement musulman où la femme ne joue pas toujours les premiers rôles. A n’en point douter, le combat des gladiateurs sera focalisé sur le chef de l’Etat en exercice et le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé.

IBK et Soumaïla Cissé sont partis pour ne pas se faire de cadeau. Et leurs meetings de lancement à Bamako, le stade pour le chef de l’Etat et la place de l’Indépendance pour le chef de file de l’opposition, augurent des joutes bien animées pour cette campagne. Celui que ses affidés appellent affectueusement «Soumi», pourrait bien créer cette-fois ci la surprise, après sa campagne infructueuse d’il y a cinq ans. Et sans leur faire l’offense de les considérer comme des candidats de seconde zone, les autres seront forcément les accompagnateurs des deux «chefs». La stratégie des deux principaux candidats et davantage du pouvoir en place est claire: émietter l’électorat. Cela pourrait pourtant constituer un piège pour IBK si d’aventure il ne réalise pas le KO dès le premier round. Soumaïla Cissé ne cesse de mobiliser autour de sa personne des leaders qui comptent au Mali, notamment ceux de la société civile comme l’immense chanteur Salif Keïta et le célèbre activiste Ras Bath.

Questions: quelle sera l’attitude de Amadou Toumani Touré, l’ancien président chassé par un coup d’Etat et qui, après des années d’exil au Sénégal voisin est revenu au bercail, grâce à IBK qui caresse le souhait de bénéficier des retombées de ce geste de magnanimité très calculé? Pour l’instant, ATT se tient loin du débat politique, mais pourrait bien faire parler dans les coulisses son aura jamais perdue auprès des populations. Inquiétude: Tous les Maliens, notamment ceux du Nord que le «Mali-ba» -ou grand Mali- a perdu au profit des jihadistes et bandits du même acabit auront-ils droit au vote? En espérant qu’il en soit ainsi, il faut souhaiter que la campagne électorale ouverte le 7 juillet, soit des plus apaisées pour conduire à des élections dans la quiétude et dont les résultats seront acceptés de tous. C’est de ça que le Mali a besoin pour recoller les pièces manquantes de son intégrité physique et retrouver la voie véritable du développement.

Par Wakat Séra