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Marine Le Pen au Tchad : et le Mali ?

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Marine Le Pen, la candidate du Front national (Ph. rfi.fr)

La coopération entre le Tchad et la France et la lutte contre le terrorisme ont été les questions essentielles au menu des échanges qu’ont eues Idriss Déby Itno (IDT) et Marine Le Pen, son hôte pendant 48 heures. Cette dernière qui se trouve des atomes crochus avec IDT sur la lutte contre le terrorisme, notamment lors de l’intervention militaire française en Libye qu’ils ont tous deux désapprouvée, apporte également du réconfort à ses compatriotes engagés dans le dispositif français Barkhane contre le terrorisme dans le Sahel. Pourquoi la candidate frontiste a-t-elle habilement évité le Mali où les Djihadistes ont élu domicile, rendant le nord de ce pays presque imprenable par l’administration ? N’est-ce pas au Mali que les troupes françaises continuent de payer le plus lourd tribut au terrorisme ?

Si c’est réellement pour encourager la  croisade contre l’hydre terroriste, le Mali était mieux indiqué. Par ce choix d’une destination autre que le Mali par Marine Le Pen, les âmes de nos confrères Ghislaine Dupont et Claude Verlon, seront encore plus pertubées, elles qui continuent d’errer dans le sable chaud de Kidal, en l’absence de vérité sur les auteurs de cet ignoble double assassinat jusque-là impuni. Mais la fille de l’autre pouvait-elle seulement se rendre au Mali, terre d’où proviennent ces nombreuses sauterelles qui empestent la France et dont elle  compte se débarrasser à la première occasion ?  Non, sauf miracle, Marine, posera difficilement les pieds au Mali.

Qui plus est, la visite de Marine Le Pen au Tchad, où elle a parcouru près d’un millier de kilomètres à partir de la capitale pour deviser avec un homme qui est loin de constituer un exemple en matière de démocratie est comme un signal fort que balance la potentielle locatrice de l’Elysée : la France des lepennistes s’accommodera fort bien de tous ces dirigeants africains, véritables prédateurs des droits de l’homme et qui étranglent leurs peuples en les privant du plus élémentaire des  droits, celui de s’exprimer. Certes, Ndjamena se défend d’apporter un quelconque soutien à la championne du Front national, mais le voulait-il le faire qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Saisissant l’opportunité, Marine Le Pen n’a pas manqué, du reste, de dire son souhait d’inviter Idriss Déby Itno à l’Elysée. « Un grand honneur pour moi », a-t-elle précisé ! Et comme elle aime les noirs lorsqu’ils sont bien loin de la France, Marine Le Pen met sa villégiature électorale à profit pour aller s’apitoyer sur le sort de femmes et enfants dans un hôpital de Ndjamena. Si le ridicule pouvait tuer !

Mais cette hypocrisie bien française au lieu de servir de leçon aux Africains afin qu’ils prennent pour de bon leur destin en main, semble n’avoir aucun effet de révolte positive. La France, continue d’être l’eldorado que les immigrants africains cherchent à rejoindre, aux prix de mille et un sacrifices, bravant le désert et la Méditerranée transformés en cimetière géants pour eux. Et quand les plus téméraires arrivent à marcher sur le sol de nos ancêtres les Gaulois, c’est pour y subir les pires humiliations.

A quelque chose malheur étant bon, peut-être que l’avènement des lepenniste au pouvoir ouvrira définitivement les yeux aux Africains, dirigeants et populations, que le véritable bonheur se trouve chez soi. Et comme l’a dit le célèbre historien et homme politique burkinabè, Feu le professeur Joseph Ki-Zerbo, on ne développe pas, on se développe ».

Par Wakat Séra