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Modernisation des actes d’état civil burkinabè: le HCR s’imprègne de «iCivil» à Schiphra

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Photo des délégations du HCR et du gouvernement à la fin de l'explication du processus d'enregistrement de iCivil à la mairie centrale de Ouagadougou

Une délégation du Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) et des membres de l’Administration publique burkinabè ont rendu visite à des nouveaux nés, ce jeudi 16 août 2018 au Centre médical protestant Schiphra pour s’imprégner de la plateforme burkinabè «iCivil» qui vise à moderniser l’enregistrement des actes d’état civil dont les actes de naissance, a constaté un journaliste de Wakat Séra.

La délégation du HCR « est venue voir le produit iCivil de monsieur Sawadogo parce que je l’avais personnellement suivi à Banjul en 2017 sur l’apatridie », a déclaré Ioli Kimyachi, la représentante du HCR. Elle a signifié qu’en Afrique de l’Ouest, « on a, à peu près, un million de personnes qui n’a pas d’actes de naissance, ou bien des lois de leur pays qui leur interdit d’avoir une nationalité », affirmant qu’au Burkina Faso, le « HCR aide le gouvernement financièrement pour quelques personnes car on n’a pas énormément de fonds pour cela » pour ce genre de difficulté.

Après cette visite, le « HCR discutera avec le ministère de l’Administration territoriale pour voir dans quelle mesure (il) va accompagner le Burkina et dans le cas où il le faut, (‘organisme international) sensibilisera les partenaires ou les Etats » pour soutenir cette cause qui freine le développement des pays africains.

La représentante du HCR, Ioli Kimyachi (au centre)

Face à la difficulté que rencontre l’Etat de procéder rationnellement aux enregistrements des nouveaux nés, le Burkina a commencé à expérimenter la plateforme iCivil par une phase pilote qui se matérialise par l’enrôlement dans des centres médicaux notamment de la capitale Ouagadougou. De façon pratique, iCivil qui vise à donner un droit à l’ensemble des enfants africains d’être enregistrés dès leur naissance, utilise un « code à bulles unique et impossible à copier » qu’on intègre sur un bracelet.

La sage-femme ou toute personne habilitée flashe le bracelet avec son Smartphone qui est aussi codé. Par la suite un formulaire à remplir est automatiquement généré (sexe, nom de l’enfant, biographie des parents, etc). A la fin, les données sont envoyées par sms crypté au serveur du centre national d’état civil qui vérifie l’existence et la non utilisation du bracelet. Tout ce processus est suivi d’un enregistrement par l’officier d’état civil lors de la présentation du bracelet à bulles avec les compléments d’information nécessaires.

« L’idée de la création de cette plateforme iCivil m’est venue quand j’ai voulu construire une école dans le village de ma mère, où l’occasion m’a permis de constater que sur la centaine d’enfants venus pour s’inscrire, il n’y avait que quatre ou cinq qui avaient un acte de naissance », a confié Adama Sawadogo, co-inventeur de la plateforme électronique iCivil.

Le consultant en sécurité documentaire s’est dit alors que si l’Etat n’avait pas construit d’école dans ce village, « c’est parce qu’il n’avait pas connaissance de l’existence d’autant d’enfants à cet endroit. Donc en regardant un peu avec l’innovation technologique, je suis arrivé avec mon co-inventeur, un Français, en trois ans et demi de recherches, à avoir une solution unique au monde qui va aider nos Etats à bâtir des ressources d’état civil dynamiques, exhaustives et pérennes ».

Dans le cadre de la phase pilote de iCivil, les sites pilotes « ont enregistré plus de 35% des naissances parce que les femmes voulaient venir accoucher là où il y a des bracelets », a dit M. Sawadogo qui a confié que son équipe est en « contact avec beaucoup d’Etat de la sous-région, de l’Afrique de l’Est et même au-delà du continent africain pour voir dans quelle mesure avec les partenaires techniques financiers, ils vont accompagner la dynamique pour que tous les enfants africains puissent aujourd’hui avoir un état civil, afin qu’on puisse leur apporter l’ensemble des besoins les concernant pour leur développement ».

Le directeur général de la modernisation de l’état civil en abrégé DGMEC, relevant du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Maxime Bouda, a salué cette initiative portée par un compatriote car le gouvernement met l’accent sur la modernisation de l’état civil. « Lorsque nous avons cette chance d’avoir un compatriote qui innove et apporte des solutions pour nous permettre de déclarer le maximum d’enfants avec à long terme l’enregistrement de tous les enfants, dans un contexte où on met l’accent sur les audiences foraines, où on n’est pas souvent sûr que ceux qui en font la demande sont des actes authentiques, le système iCivil est à encourager ».

M. Bouda reconnait que pour l’acquisition des actes de naissance, « la situation est dramatique pour les enfants qui ont l’âge d’aller à l’école », rassurant que le gouvernement « a déjà cette volonté politique » de rectifier le tir et intégrera iCivil dans ses nouvelles politiques orientées vers l’enregistrement des actes d’état civil.

En rappel, la phase pilote de iCivil a été lancée depuis 2015.

Par Bernard BOUGOUM