Accueil Editorial Obama et l’Afrique : No, we can’t !

Obama et l’Afrique : No, we can’t !

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Un noir à la Maison blanche ! Qui l’eut cru ? Surtout pas les Africains qui avaient fini par croire qu’ils sont des incapables, selon le cliché des occidentaux qui a traversé les époques. Et pourtant, le 6 novembre 2008, Barack Obama, un Kényan d’origine accèdera aux commandes de ce pays aux airs et à l’allure d’un continent. Mieux, le fils de l’Afrique rempliera en 2012, pour un second mandat de quatre, à la tête du plus puissant Etat du monde. Au crépuscule de son règne, car il doit passer le témoin au républicain Donald Trump, les Africains ont enfin compris que le « Yes, we can », le célèbre slogan de l’époux de Michelle, ne s’adressait pas à eux.

Aujourd’hui plus que jamais, l’enthousiasme et l’euphorie qui ont envahi le continent noir à l’élection de « son fils » comme président des Etats-Unis sont presque à la taille de l’amertume et de la désillusion qui animent la plupart des Africains.  « Ce à quoi nous assistons aujourd’hui, c’est à un retrait progressif mais continu des Etats-Unis en Afrique. Pour nous, c’est d’autant plus déconcertant que cela se passe alors même qu’un fils de notre continent est à la Maison Blanche ». Ces propos fortement empreints de déception de l’homme d’affaires et philanthrope soudanais Mo Ibrahim, résument assez bien le sentiment des Africains. Pire, la comparaison avec les prédécesseurs de Barack en matière d’actions au profit de l’Afrique, penche en défaveur du bientôt ex occupant de la Maison blanche.

Sa première véritable tournée en Afrique, Barack Obama ne l’effectuera qu’au début de son second mandat, s’étant auparavant contenté de séjours qu’on qualifie d’aller-retour au Burkina. C’est d’ailleurs au cours de l’un de ses voyages historiques que Barack dira, au Ghana, que « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, elle a besoin d’institutions fortes ».  Discours qui ira en contradiction avec certaines relations que les Etats-Unis de Obama entretiendront sur le plan de la sécurité, avec des Etats comme l’Ouganda, le Rwanda ou l’Ethiopie dirigés par des hommes, forts, et même très forts. Dans un tout autre registre, Bill Clinton et Gorges W. Bush, les devanciers de Barack Obama peuvent se targuer d’avoir manifesté un grand intérêt pour l’Afrique en instituant des programmes comme le President Emergency Plan for Aids Relief (Pepfar) dans la lutte contre le Sida, le Millenium Challenge Corporation (MCC), l’African Growth Act (Agoa) ou le Commandement militaire pour l’Afrique (Africom).

Les Africains ont donc compris que Barack Obama a ses racines en Afrique, mais la tête aux Etats-Unis qui l’a élu pour servir et défendre les intérêts de ses compatriotes américains. Avec lui, les Africains ont appris la leçon que leur salut doit venir d’eux-mêmes. Feu le Professeur Joseph Ki-Zerbo, éminent homme politique burkinabè, l’avait dit : « On ne développe pas, on se développe ». Mais le tableau est loin d’être complètement noir pour le premier président noir des Etats-Unis. Des projets importants ont été lancés sous le second mandat de Barack Obama et ont servi et contribueront encore au développement de l’Afrique, s’ils continuent d’être financés par le nouveau locataire de la Maison blanche. On peut citer le Feed Africa, pour l’autosuffisance alimentaire, le Trade Africa pour rendre plus aisées les exportations africaines qui visent les nouveaux marchés, et le Power Africa pour booster et multiplier par deux, l’accès à l’électricité en Afrique d’ici à 2030.

Quoiqu’il en soit, pour les Africains, notamment les jeunes, Barack Obama demeure cette fierté et ce modèle qui a contribué à rehausser la valeur du Noir. Et ça, ce n’est pas rien.

Par Wakat