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OIF: Louise Mushikiwabo, super favorite

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Louise Mushikiwabo, la SG de la Francophonie (DR)

C’est en principe ce 12 octobre 2018 que sera connu le nom du nouveau Secrétaire Général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Deux candidates, en l’occurrence la Canadienne, Michaëlle Jean, la SG sortante, et la Rwandaise, Louise Mushikiwabo, ministre en charge des Affaires étrangères de son pays, étaient dans le starting-blocks pour le poste. Mais avant même l’ouverture de ce XVIIè sommet des chefs de l’Etat de l’OIF, le suspense ne semblait plus de mise.

Des couloirs d’Erevan, la capitale arménienne qui abrite cette rencontre au sommet, bruissaient de plus en plus et ont fait de Dame Mushikiwabo, la super favorite, pour ne pas dire la nouvelle Secrétaire Générale de l’OIF. Certes, les officiels de l’organisation refusent de se prononcer sur le sujet qui embarrasse un peu, mais c’est visiblement plié, surtout à la suite du retrait, ce mardi 9 octobre, du soutien du Canada et du Québec à l’actuelle SG. Michaëlle Jean, joviale et pleine d’effusion, affiche toujours le même engagement lors de différentes cérémonies qu’elle préside avec enthousiasme mais devra sans doute passer le témoin qu’elle a tenu avec brio pendant les quatre années qu’a duré son mandat.

L’exercice sera sans doute des plus émouvantes pour l’ex gouverneure générale du Canada, la troisième femme à s’asseoir dans ce fauteuil qui a changé d’occupant, vingt-sept fois. N’étant pas à son premier poste d’envergure, l’ancienne diplomate, animatrice de télévision et journaliste, saura sans aucun doute prendre les choses avec le fair-play qui sied en pareille circonstance.

Si l’on reste dans la logique que ce poste de SG de l’OIF, selon une règle non écrite, est depuis toujours la chasse-gardée des Africains dont Abdou Diouf, le célèbre prédécesseur de Michaëlle Jean, on pourrait être tenté de considérer la SG sortante comme une intruse. Sauf que celle qu’on pourra se permettre de qualifier sous peu d’ancienne SG, à moins d’un revirement de dernière minute, née à Port-au-Prince à Haïti, n’a jamais renié ses origines africaines et son attachement pour ce continent africain qu’elle a parcouru de long en large au cours de son unique mandat.

Toutefois, il faut reconnaître que si elle a pu prendre le gouvernail de l’OIF à Dakar, le 30 novembre 2014, c’est simplement par un concours de circonstances, les Africains étant divisés sur une candidature unique qui aurait évité d’en arriver à un vote à bulletin secret comme cela s’annonçait cette année.

Le consensus devant être la chose la mieux partagée pour ce genre d’exercice afin de sauvegarder la cohésion et l’unité indispensables pour la bonne continuation du mandat du nouveau patron de l’OIF, les Africains se sont, pour une des rares fois, entendus sur une candidature unique. Mais avaient-ils réellement un autre choix, lorsque la locomotive du train francophone, la France, pour ramener l’ordre de la succession aux couleurs africaines et pour des intérêts géostratégiques et politiques certains a tout de suite apporté son soutien à la candidature rwandaise?

Les Africains pouvaient-ils se dérober à la cour assidue que leur a faite le chef de l’Etat du Rwanda? Par ailleurs président de l’Union africaine, Paul Kagame, dans une magnanimité très intéressée et bien calculée ne vient-il pas d’accorder la liberté à plus de 1000 prisonniers dont l’opposante Victoire Ingabiré?

Tout compte fait, bien qu’ayant tourné le dos à la langue française pour faire de l’anglais sa langue officielle et tomber dans les bras du Commonwealth, le Rwanda n’en demeure pas moins un exemple en matière de développement et d’émergence. Il reste juste à espérer que l’occupation de postes d’importance comme celui du secrétariat général de la Francophone, confère au Pays des mille collines, un leadership en matière de respect des droits humains, chose qui est loin de constituer le dada d’un Paul Kagame pas très en phase avec l’alternance démocratique, et qui a surtout horreur de la contradiction portée par ses opposants, qu’ils soient à l’intérieur ou hors de ses frontières.

Si elle est élue au soir de la tenue du XVIIè sommet de la Francophonie, Louise Mushikiwabo portera le challenge de poursuivre l’œuvre formidable dont Michaëlle Jean aura été l’architecte, mais surtout la lourde charge de rendre le Rwanda et d’autres pays africains et ailleurs dans le monde, des amoureux de la bonne gouvernance et du respect des droits humains. Ce ne sera pas rien pour la Francophonie qui cherche toujours à imposer ses marques comme une organisation incontournable et un espace où il fait bon vivre pour ses 300 millions d’habitants.

Par Wakat Séra