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Procès Dabilgou: « A chaque fin de mois on devait remettre une enveloppe au directeur de cabinet du ministre » (témoin)

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Le procès de l’ancien ministre burkinabè en charge des Transports, Vincent Dabilgou, et six autres personnes se poursuit, ce mardi 27 juin 2023, au Tribunal de Grande Instance (TGI) de Ouaga I avec l’audition des témoins. Le témoin Ibrahim Sanfo, directeur régional du Nord du ministère au moment des faits, invité à la barre a révélé qu’ « à chaque fin de mois, on devait remettre une enveloppe au directeur de cabinet du ministre ».

L’audience du procès Vincent Dabilgou et six autres personnes s’est ouverte, ce mardi 27 juin 2023, au Tribunal de Grande Instance (TGI) de Ouaga I avec l’audition des témoins. Les premiers à passer à la barre étaient tous des directeurs régionaux du ministère en charge des Transports au moment des faits.

Aristide Meda (Boucle du Mouhoun), Ali Ramdé (Cascades), et Ibrahim Sanfo (Nord) sont les trois témoins à se présenter à la barre en tant que directeurs régionaux du ministère. Ils ont tous avoué avoir signé des bordereaux de livraison de carburant sur instruction du comptable matière du ministère des Transports, Ousmane Sigué.

Le directeur régional de la Boucle du Mouhoun, Aristide Meda, dit avoir signé trois bordereaux. Le premier d’un montant de 9 315 000 FCFA, le deuxième de 2 500 000 FCFA et le troisième de 5 000 000 FCA, a déclaré M. Meda. 

A la question du procureur de savoir si l’acte était légal, M. Meda répond par la négative. « Alors pourquoi les avoir signés? Étiez-vous exposé à une quelconque menace », a relancé le ministère public. Le témoin affirme que c’est M. Sigué qui lui a notifié que l’ordre de signer venait du « patron », précisant qu’il s’agit du ministre. 

« Avez-vous des liens avec le ministre », lui demande le procureur. Le DR de la Boucle du Mouhoun souligne qu’en trois ans de service, il n’a rencontré le ministre qu’une seule fois et dit ne pas être un membre du parti du ministre, le Nouveau Temps pour la Démocratie (NTD).

Le deuxième témoin, Ali Ramdé, DR des Cascades, a aussi avoué avoir reçu les mêmes ordres de M. Sigué, c’est à dire la signature de trois bordereaux de livraison de carburant avec les mêmes montants.

« Pourquoi accepter de signer des documents de la part de personnes qui ne sont pas vos supérieurs », s’est adressé le ministère public au témoin. « On m’a dit que c’était le patron qui le demandait », a affirmé M. Ramdé.

C’est alors que le procureur lui a demandé s’il a pu contacter le ministre pour lui signaler cette situation. Le témoin reconnaît ne l’avoir pas fait. « J’ai fait deux ans et sept mois à mon poste, et je n’ai rencontré le ministre qu’une seule fois », a-t-il ajouté. 

Une réponse qui n’a pas semblé satisfaire le procureur qui s’offusque : « On vous fait signer de faux documents de plus de 16 millions FCFA, des faits assez graves et vous ne cherchez pas à contacter le ministre, c’est invraisemblable », s’est-il étonné.

« C’est un acte très regrettable de ma part », a fini par confesser le témoin Ali Ramdé.

Ibrahim Sanfo, directeur régional du Nord du ministère, est le troisième témoin à passer à la barre du TGI Ouaga 1. Il dit avoir aussi signé à trois reprises des bordereaux de livraison de carburant. Mais le DR confie ne pas se rappeler les montants exacts, mais a évoqué entre un million et quatre millions de francs CFA.

« Pourquoi avoir signé les documents », à cette question du procureur, M. Sanfo a affirmé avoir été mis sous pression quand on lui disait que c’était à la demande du patron. 

Du reste, il dit n’avoir jamais rencontré le ministre Dabilgou courant toute la période des deux ans et cinq mois qu’il a passée dans ses fonctions.

A en croire les déclarations du DR du Nord, des directeurs régionaux « passaient soutenir les activités du patron ». « A chaque fin de mois, on devait envoyer une enveloppe au directeur de cabinet du ministre », a-t-il révélé au tribunal. « Je ne le faisais pas, cela m’a finalement coûté mon poste », a déclaré M. Sanfo dans un PV lu par le parquet.

Convoqué par le tribunal pour être confronté aux déclarations faites par les différents témoins, le ministre Dabilgou a nié en bloc, soutenant n’avoir pas souvenance de bordereaux signés sur ses instructions.

Le procès se poursuit toujours avec l’audition des témoins.

Par Siaka CISSE