Accueil A la une Procès Dabilgou: la contre-offensive de la défense de l’ex-ministre 

Procès Dabilgou: la contre-offensive de la défense de l’ex-ministre 

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Le procès Vincent Dabilgou et six autres personnes, s’est poursuivi, ce mardi 4 juillet 2023, au Tribunal de Grande Instance (TGI) Ouaga 1 avec la poursuite des plaidoiries des avocats de la défense. Me Roger Yamba, avocat de l’ex ministre burkinabè en charge des Transports, a présenté l’ancien DAF du ministère, Jean Gabriel Séré, comme « le chouchou » du parquet qui « a passé un deal » avec le prévenu, « prenant ses déclarations pour parole d’évangile ».

La défense de l’ancien ministre Vincent Dabilgou a pris la parole à l’audience de ce mardi 4 juillet 2023, et n’y est pas allée du dos de la cuillère. Me Roger Yamba, avocat de M. Dabilgou, dans ses plaidoiries, a notamment chargé l’ancien DAF du ministère des Transports, Jean Gabriel Séré.

Il l’a présenté comme le « chouchou » du parquet qui « a passé un deal » avec le prévenu, « prenant ses déclarations pour parole d’évangile « . 

« On ne peut pas prendre pour preuve les déclarations d’un prévenu, car celui-ci a le droit de mentir », a soutenu, par ailleurs, l’avocat de l’ex ministre, qui a déclaré que le prévenu Séré a passé son temps « à charger » son client.

Me Yamba a révélé que « plusieurs chèques ont été touchés par M. Séré et des gens proches de lui, dont son épouse, mais le parquet, hypnotisé, est resté muet face à cela », a-t-il déploré.

Il a, en outre, relevé que son client, M. Dabilgou, n’est pas à son premier poste de responsabilité, soulignant qu’il a été maire et ministre sous le pouvoir de Blaise Compaoré. Sa gestion a été scrutée par l’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), « mais rien n’a été trouvé », fera noter l’avocat. 

Pour les principaux faits reprochés à l’ex ministre en charge des Transports, notamment le fait de « détournement de deniers publics », son avocat a signalé que ce dernier « n’était pas dépositaire de deniers publics ». Me Roger Yamba a ainsi plaidé que son client soit relaxé « ne serait-ce qu’au bénéfice du doute ou tout simplement pour infraction non constituée ». 

Les avocats du directeur administratif et financier (DAF) de la société Ildo Oil, Alhoussaïni Ouédraogo, sont aussi passés à la barre pour leurs plaidoiries. Sa structure a contracté deux marchés de livraison de carburant de plus de 127 millions FCFA avec le ministère des Transports. Ces marchés seraient partiellement exécutés avec du carburant d’environ 50 millions F CFA qui aurait été livré.

Pour les faits de « complicité de financement occulte de parti politique, d’enrichissement illicite », ils ont plaidé la relaxe pour leur client pour « infractions non constituées ».

Ils ont aussi rejeté la condamnation solidaire des prévenus réclamée par l’État burkinabè. « Il faut distinguer prévenu membre du NTD et prévenu non membre de ce parti. Les mettre dans le même sac, dire qu’ils se sont entendus, formés en coalition pour agir, je ne suis pas d’accord. On ne peut donc pas les condamner solidairement à payer des milliards à l’État », a fait observer Me Hien, qui a demandé que leur client soit aussi soustrait du paiement des amendes formulées par l’État burkinabè et du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC).

Le défilé des avocats à la barre pour les plaidoiries s’est poursuivi avec le passage des conseils de la responsable commerciale de la société Green Energy, Minata Coulibaly, et de son PCA, Yassia Sawadogo. Les deux prévenus sont poursuivis pour, entre autres, « complicité de détournement de deniers publics et d’enrichissement illicite ». Leur structure, Green Energy, aurait passé un marché « irrégulier » de 131 702 128 FCFA avec la SOPAFERB, une structure étatique.

Les avocats ont estimé que leurs clients ne peuvent pas être poursuivis pour les faits à leur reprochés, car l’argent dont il est question « a été dépensé bien avant les faits incriminés », à savoir la signature de contrats de marchés devant servir à justifier ces fonds dépensés par le ministère des Transports. 

Pour eux, il y a infraction de complicité « quand on connaît la destination de l’argent », ce qui n’est pas le cas de leurs clients, à entendre ces avocats. Ils considèrent Mme Coulibaly et M. Sawadogo, leurs protégés, comme étant « victimes d’une injustice », notant qu’ils ont été « utilisés » dans cette affaire.

Quant à la défense du prévenu Malick Kouanda, elle a plaidé la relaxe pour leur client pour « infraction non constituée ». Le directeur général de la SOPAFERB, en rappel, est poursuivi pour des faits « d’abus de fonction, de complicité occulte de parti politique et de détournement de deniers publics ».

Ses conseils ont estimé que le lien « n’a pas été établi » entre M. Kouanda et les sommes d’argent livrées en espèces au ministère des Transports. Ils soutiennent que leur client n’a, par ailleurs, bénéficié « d’aucun de ces montants », relevant qu’il s’est même endetté pour la campagne électorale menée au côtés du NTD. « Quel intérêt avait-il à s’endetter s’il savait qu’il pouvait puiser dans l’argent mobilisé pour cette campagne », ont-il relevé avant de souligner que cela « ne répondait à aucune logique ». 

La phase des plaidoiries étant terminée, les différents prévenus vont passer tour à tour, à la barre, pour leur dernier mot avant les délibérations du tribunal.

Par Siaka CISSE