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Procès du putsch manqué de 2015: enfin les interrogatoires des accusés!

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Une vue des accusés dont les deux généraux Djibrill Bassolé (costume) et Gilbert Diendéré (tenue militaire) (Ph. Wakat Séra)

Le procès du coup d’Etat manqué du 16 septembre 2015 débuté le 27 février 2018 s’est poursuivi ce vendredi 29 juin 2018, dans la soirée, avec les interrogatoires des accusés. Le premier inculpé à passer à la barre est le sergent-chef Lahoko Mohamed Zerbo, qui dès l’entame de l’exercice a nié les faits «d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires», à lui reprochés.

«Je ne reconnais pas les faits», a répondu le sergent-chef Zerbo à la question du président du tribunal Seydou Ouédraogo, à savoir s’il reconnaissait les faits qui lui sont reprochés.

Né le 23 mars 1985 et accumulant neuf ans de service dans l’armée, le sergent Zerbo a indiqué avoir reçu un appel de Roger Koussoubé, le 16 septembre 2015 autour de 13h-14h, qui lui donnait l’ordre de se rendre immédiatement au niveau du garage du Palais de Kosyam où il y a trouvé, entre autres, le major Eloi Badiel, à son arrivée. «J’étais en tenue de sport et on m’a demandé d’aller me mettre en tenue (militaire). Je suis parti chez moi (au camp Naaba Koom II) pour me mettre en tenue avant de revenir», a expliqué le soldat de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle.

Interrogé sur sa mission au sein du Palais, le jour du putsch, le sergent-chef Lahoko Mohamed Zerbo a confié qu’à son retour au niveau du garage, il n’y a trouvé que l’adjudant Ouékouri Kossé qui lui a demandé de le conduire dans un véhicule V6 pour aller en mission d’observation dans l’Ouest du Palais où se tiennent souvent les cérémonies de décorations.

«C’est pratiquement le lendemain que j’ai appris à travers les ondes que des membres du gouvernement ont été arrêtés», a dit le sergent-chef Zerbo qui affirme n’avoir rien constaté d’anormal lors de sa mission d’observation le 16 septembre au Palais. «Je ne savais pas que quelque chose se passait (au niveau) de la salle des conseils des ministres», a-t-il insisté.

Après sa mission au sein du Palais, l’ex-élément de la garde présidentielle a confié avoir effectué une autre mission d’observation, avec trois autres soldats dont Ollo Poda, à la radio Savane FM. «A cette mission j’avais ma dotation (une Kalachnikov et 120 minutions). A notre retour on a constaté qu’il y avait des barricades au niveau de la télévision BF1 et nous avons dégagé ces barricades avant de passer», a déclaré le sergent-chef Zerbo qui dit avoir rendu compte à son supérieur au retour.

L’accusé à la barre a également laissé entendre qu’au niveau de la télévision BF1, il y’avait quelqu’un qui les filmait et le soldat Ollo Poda a voulu s’emporter. «Je lui ai dit de revenir et on est parti», a-t-il poursuivi.

Tout au long des interrogatoires de ce vendredi soir, le sergent-chef Lahoko Mohamed Zerbo n’a pas manqué de récuser ce qui est consigné dans les procès-verbaux (PV) de l’interrogatoire devant le juge d’instruction. «J’ai lu et signé les PV mais je ne suis pas d’accord avec ce qui y est écrit», a noté le sergent-chef Zerbo qui dit avoir signé les PV sous pression car pour lui il était en face d’un supérieur qu’un juge d’instruction.

Son avocat Me Idrissa Badini a demandé au tribunal de ne pas nécessairement tenir compte des déclarations consignées dans les PV, mais de prêter attention à ce que son client dit à la barre car il peut arriver qu’on décide de mentir devant le juge d’instruction mais venir dire la vérité à la barre.

Avant cet interrogatoire, le tribunal a examiné des exceptions introduites par des avocats de la défense. Des conseils des accusés sont revenus sur «l’incompétence du tribunal», une demande qui a été déclarée irrecevable. La seconde demande porte sur les citations à comparaître de Paul Sawadogo et Lassina Ouédraogo. Leurs avocats ont souhaité voir le tribunal déclarer la nullité de ces citations à comparaître car non seulement elles n’ont pas été faites à temps et leur clients ont été privés du droit de récusation des juges assesseurs par exemple mais en plus il y a eu un certain nombre de manquements dans les citations. Pour le tribunal, cette demande est recevable en la forme mais, au fond, l’a rejetée.

L’audience de ce vendredi débutée vers 9h a été suspendue à 17h11 et se poursuivra demain samedi avec l’interrogatoire du sergent-chef Lahoko Mohamed Zerbo.

Par Daouda ZONGO