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Procès du putsch de 2015: le déport des avocats «n’est pas une stratégie» (Me Dieudonné Bonkoungou)

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Me Dieudonné Bonkoungou, avocat du général Djibrill Bassolé, ex-chef de la diplomatie burkinabè, a laissé entendre ce mercredi 9 mai 2018 face à la presse, que le déport de plusieurs avocats dans le dossier du putsch manqué de 2015, «n’est pas une stratégie» pour empêcher le jugement que certains voient s’installer dans la durée.

«Il n’y a pas de précipitation pour le procès (qui juge 84 accusés). Quand on va en procès on y va sereinement, donc qu’il y ait des reports ne peut pas être de la stratégie. Parce que vous ne pouvez pas demander à quelqu’un de venir compulser un dossier de plus de 15 000 pages en deux semaines et défendre un accusé qui encoure de lourdes peines», a signifié Me Dieudonné Bonkoungou.

«Même si c’est une stratégie, c’est simplement une stratégie pour mieux préparer la défense de nos clients. Il ne faut pas que nous soyons opportunistes dans ce procès parce que même au cours de l’audience, l’avocat peut se déporter à plus forte raison celui qui le fait la veille », a-t-il poursuivi, en réaction aux propos des avocats de la partie civile qui dénoncent un «manque de sérieux» de certains Conseils de la défense dont Me Paul Kéré, un des avocats de M. Bassolé, qui a adressé sa lettre de déport le 8 mai 2018, soit la veille de la reprise de l’audience après un mois de suspension.

Me Arnaud Sampébré, avocat de la défense

Sur cette question, Me Arnaud Sampébré, estime que les avocats «ne se consultent pas avant de se déporter» mais c’est en fonction de l’évolution du dossier qu’un avocat au regard des contraintes décide de se déporter ou pas. Me Sampébré a également rassuré son auditoire que les déports «ne vont pas créer un enlisement du dossier».

Quant à la question de savoir à ce stade du procès, qui du parquet militaire ou du tribunal doit faire la police du jugement, Me Arnaud Sampébré estime que «la loi est claire sur cette question (car) l’article 109 du code de la justice militaire qui assure la police de l’audience (signifie) que lorsqu’on commence le jugement, le parquet militaire devient une partie comme la défense, dispose des mêmes droits et obligations».

«C’est au moment des enquêtes qu’on donne une certaine force au parquet pour lui permettre de réunir un certain nombre d’éléments» pour pouvoir aller au jugement, a ajouté Me Sampébré, ajoutant que «dans le cas d’espèce, cette loi n’a pas à s’appliquer parce que c’est une disposition contenue dans le code de procédure pénale qui est une loi générale alors que nous sommes devant une juridiction spécifique avec ses lois, notamment le code de justice militaire pris avec l’ensemble de ses modifications qui ne prévoient pas cette disposition-là».

Au terme de cette audience, huit accusés se retrouvent sans avocats à cause de déports des avocats. Le tribunal a renvoyé le procès au 25 mai en vue de permettre aux six avocats commis d’office pour défendre 12 accusés de s’imprégner du dossier dont l’arrêt de renvoi fait plus de 15 000 pages, mais aussi pour pouvoir demander au Bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Mamadou Savadogo, de commettre d’autres avocats pour les huit autres accusés qui viennent d’être laissés à leur sort.

Par Mathias BAZIE