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Procès du putsch manqué: des éléments «voulaient attaquer la gendarmerie» (lieutenant Gorgo)

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Photo d'archives

L’audience de ce mardi 11 septembre 2018, a été ouverte avec la poursuite de l’interrogatoire du lieutenant Jacques Limon qui est revenu sur l’histoire du marché public qui aurait provoqué un différend entre lui, l’expert Younous Sanfo et le directeur de la justice militaire burkinabè, le colonel Sita Sangaré. A la suite du lieutenant Limon, a été appelé à la barre, le lieutenant Honoré Gorgo, ex-commandant du Groupement des Unités d’Intervention (GUI) de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Dans sa déposition, il a confié avoir dissuadé des éléments qui «voulaient aller attaquer la gendarmerie», au moment du putsch manqué de septembre 2015.

Accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures, le lieutenant Gorgo est resté sur ses déclarations faites à la gendarmerie et devant le juge d’instruction. Il a dit ne pas reconnaitre les faits à lui reprochés.

Sous les ordres de son chef de corps, le commandant Aziz Korogo, il aurait œuvré «à faire rentrer les hommes qui étaient en ville», selon sa narration des faits. «Le chef de corps a dit qu’il a reçu des informations comme quoi, des hommes étaient en ville et frappaient des gens et qu’il fallait les faire revenir et récupérer les armes et les moyens roulants», a affirmé le lieutenant Gorgo.

Pour cet accusé, il n’a fait que poser des actes entrant dans ses missions régaliennes. «Le 17 septembre 2015, quand j’ai suivi la déclaration du médecin colonel Mamadou Bamba, je suis allé voir le lieutenant Korogo pour savoir la conduite à tenir. Il m’a dit que c’est de la politique et qu’il faut laisser le général Gilbert Diendéré et les politiques gérer cela et nous nous allons continuer à faire notre mission régalienne», a soutenu le lieutenant Gorgo.

Et c’est dans cette même lancée qu’il aurait dissuadé des éléments qui étaient prêts à «aller attaquer la gendarmerie». Selon ces éléments, des gendarmes les cherchaient pour les emprisonner. «Ils (les éléments, ndlr) avaient des fusils et des grenades», a-t-il indiqué, précisant qu’il s’agit «des militaires de la classe 2013».

Le lieutenant Honoré Gorgo, qui a dit avoir fait l’objet de menaces de la part d’autres éléments du RSP, au moment du putsch manqué, a reconnu avoir, dès le 16 septembre 2015, vers 16h30, participé à la réunion du général Diendéré avec les officiers. A cette réunion, le général aurait dit que «des éléments du corps ont retenu des autorités au palais et qu’il faut l’excuser de nous avoir pas informés tôt car ce genre de chose, on ne peut pas mettre tout le monde au courant». Pour lui le putsch est «imputable au général Diendéré et aux éléments réfractaires, Roger Koussoubé, Mohamed Zerbo, Ollo Poda, Boureima Zouré».

«J’étais sceptique quant à l’aboutissement d’un tel projet (putsch) car, non seulement les officiers ont été mis à l’écart et en plus, les élections étaient proches», a-t-il soutenu, notant que «c’était inopportun».

Il a également reconnu avoir instruit le lieutenant Zagré pour qu’il aille occuper la Place de la Nation et se rendre à Yimdi quand des éléments ont été attaqués. Selon lui, la mission de la Place de la Nation consistait à empêcher tout rassemblement car il y avait un risque d’affrontement entre des organisations de la société civile.

A la suite de sa déclaration, la partie civile a exprimé son admiration à l’endroit de l’accusé. Pour Me Prosper Farama, le lieutenant Honoré Gorgo a été simple et constant dans sa déposition devant le tribunal.

L’audience a été suspendue vers 17h02 et reprendra demain mercredi 12 septembre 2018.

Par Daouda ZONGO