Accueil A la une Procès Marcel Tankoano et autres: ces messages qui accablent Lota, Alain Alain...

Procès Marcel Tankoano et autres: ces messages qui accablent Lota, Alain Alain et Lookmann Sawadogo

0
Les leaders d'opinions, Lota, Lookmann Sawadogo et Alain Alain

Le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Ouagadougou a lu des messages qui accablent les prévenus Abdoul Karim Baguian dit « Lota » et les journalistes Alain Traoré plus connu sous le pseudonyme « Alain Alain », et Lookmann Sawadogo, a constaté un journaliste de Wakat Séra, ce jeudi 22 juin 2023, au deuxième jour du procès de l’affaire dite de l’Appel à incendier le palais royal du Moogho Naaba Baongho. Le leader d’opinion Lota aurait dit qu’il est temps de « lancer l’assaut » contre le régime de la Transition dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré, à plusieurs autres de ses co-prévenus notamment Alain Alain et Lookmann Sawadogo.

Abdoul Karim Baguian dit « Lota » et les journalistes Alain Traoré alias « Alain Alain » ainsi que Lookmann Sawadogo ont été appelés à la barre de la Chambre de jugement du Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou (TGI Ouaga I) dans la soirée de ce jeudi. Ces trois accusés ont nié avoir commis les infractions pour lesquelles ils se tiennent devant le tribunal.

Mais vite, leur sérénité va être entachée car les juges vont lire des messages qui les chargent. Dans un message contenu dans un Procès-verbal et lu par le juge, Lota, dans un écrit, a déclaré qu’il est temps maintenant de « lancer l’assaut ». Le prévenu qui n’a pourtant pas sa langue de poche a partiellement reconnu le contenu de ce message envoyé à Alain Alain mais en précisant qu’il s’agissait ici de faire tout pour déloger les soutiens du président Ibrahim Traoré communément appelés « pro-russes » ou « pro-irissi » qui le menaceraient de mort.

Il a soufflé même avoir porter contre l’agissement des soutiens inconditionnels du chef de l’Etat qui ont érigé un de leurs QG non loin de l’ancien Premier ministère où le président siège en tant que président du Faso.

Relancer sur le même message, Alain Alain, l’interlocuteur de Lota, a affirmé qu’il a effectivement reçu la phrase de son co-accusé mais croyait que ce dernier faisait cas des activités du Collectif des journalistes et leaders d’opinion victimes de menaces. « C’est lorsqu’il a parlé de financement que je me suis rendu compte qu’on ne parlait pas de la même chose. Puisque je me suis dit qu’on n’a pas besoin de financement pour exprimer son opinion ». Sur ce, il a dit au tribunal que c’est Lota seul qui savait ce qu’il a voulu dire par la formule « lancer l’assaut ».

Selon toujours les révélations du tribunal, Lota a écrit au journaliste Abdoulaye Barry pour réitérer l’urgence de lancer l’assaut. « On ne peut plus attendre », aurait même lancé l’accusé à son interlocuteur, le journaliste Abdoulaye Barry. Et selon les juges, Lota a envoyé le même message à d’autres prévenus que sont Lookmann Sawadogo, Pascal Zaïda, Marcel Tankoano et aux deux activistes, Naïm Touré et Amina Rachow, vivant hors du pays.

A suivre toujours les PV de l’enquête préliminaire, dans une conversation par messagerie, Lota et Pascal Zaïda, l’initiateur du Front uni pour le Faso (FUF), ont soutenu que leur groupe devait accélérer pour passer en action et « déguerpir » les soutiens du président qui jouent la sentinelle au niveau Rond-Point des Nations unies. Lota aurait même dit à Zaïda dans leurs échanges qu’il a approché l’ancien ministre des Affaires étrangères, Dr Ablassé Ouédraogo, pour « essayer de convaincre » d’autres leaders politiques. Mais Ablassé se serait désengagement après que le vice-président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, ex-parti au pouvoir) et Eddy Komboïgo, président du parti de Blaise Compaoré, ont décliné l’idée.

Quant à Alain Alain, il n’a pas nié qu’il échange parfois avec des activistes comme Naïm Touré et Amina Rachow. Il a reconnu que leurs échanges portent généralement sur la situation nationale. « Il est très critique » sur la gestion du pays, dit-il en parlant du sieur Naïm Touré. Le présentateur célèbre de la radio privée burkinabè, Oméga, animateur de l’émission satirique « Le défouloir » où il prône les valeurs cardinales humaines et dénonce les actes anti républicains, a réagi que « c’est bien possible » qu’il souhaité la chute du pouvoir de la Transition à cause surtout des menaces de ses soutiens indéfectibles que sont les pro-russes. Lui aussi justifie son intention par le fait que les admirateurs du capitaine Ibrahim Traoré le menace ouvertement de mort.

Le journaliste Lookmann Sawadogo a également reçu la fameuse phrase de Lota qui dit de « lancer l’assaut ». Il dit n’y avoir pas pris au sérieux car avec Lota, son oncle, ils parlent du tout et de rien. Malgré les relance du tribunal, il n’a pas varié sur sa position. « Vous n’avez pas répondu qu’il faut agir vite en brûlant des pneus dans des marchés et yaars, sur des voies publiques et agiter les populations », a interrogé le juge. Mais Lookmann a répondu par la négative.

Dans leur intention d’avoir des nouvelles autorités, Pascal Zaïda, selon toujours les déclarations du juge, a proposé l’ex-leader de l’opposition politique burkinabè, Zéphirin Diabré, qui pourrait être le chef de l’Etat de la future Transition. Cela, a-t-il soutenu, serait l’occasion pour le président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), de « corriger ses erreurs de 2014 » où il avait mené l’insurrection populaire et refusé le pouvoir.

Par contre, Lota, dit ne pas être mêlé de près ni de loin, des enregistrements audio qui accablent les membres actifs du FUF. « En aucun moment, je n’ai réalisé un audio. Les camarades se sont succédés à la barre et nulle part personne n’a cité mon nom » concernant les enregistrements sonores appelant à saccager le domicile du Moogho Naaba Baongho. L’accusé dit même avoir un lien familial avec l’empereur des Mossé, d’où sa rapidité à se rendre au palais pour s’assurer qu’il n’y a pas de manifestations autour de la cour royale.

Le procès reprend demain à partir de 8H30 avec la poursuite des auditions de Lota, Alain Alain et Lookmann Sawadogo.

Les prévenus sont poursuivis pour des faits « d’association de malfaiteurs, de divulgation de fausses informations, d’incitation à un attroupement armé ou non armé ».

Par Bernard BOUGOUM