Accueil Société Procès putsch manqué: des victimes militaires et policier à la barre

Procès putsch manqué: des victimes militaires et policier à la barre

0
(Ph. europe1.fr)

L’audition des parties civiles débutée le mardi 9 avril 2019, a pris fin ce mercredi 10 avril 2019. Une soixantaine de victimes dont des militaires et un policier sont passés à la barre pour relater leur mésaventure avec les éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), durant les événements du 16 septembre 2015 et jours suivants.

Ils sont près de 300 personnes de la partie civile, mais c’est finalement une soixantaine d’entre elles qui ont été entendues, durant deux jours, devant le tribunal en charge du dossier du coup d’Etat manqué de 2015. Parmi les victimes, figurent des hommes de tenue, notamment des militaires, un policier et le garde du corps principal, au moment des faits, du président du Faso, Roch Kaboré.

Ousmane Paré, est un militaire en service dans une compagnie des sapeurs-pompiers à Ouagadougou. Il a reçu une balle dans le dos, projectile qui est allée se loger dans sa poitrine, alors qu’il partait avec des collègues pour une intervention à la Place de la Nation. Selon le soldat du feu, c’est au niveau du pont Kadiogo, vers le siège du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), que des éléments de l’ex-RSP ont tiré sur leur ambulance par l’arrière et c’est ainsi qu’il a été touché par la balle qui est toujours dans son corps. D’autres militaires, comme cet agent, ont dit avoir subi la furie de leurs frères d’arme qui étaient détachés pour la sécurité présidentielle.

Quant au policier, l’assistant Yacouba Manli, qui assurait la sécurisation du domicile de l’ex-président de l’Assemblée nationale burkinabè, Feu Salifou Diallo, il a dit s’être vu roué de coups par des éléments de l’ex-RSP. Son arme lui aurait été retirée et lui-même aurait été conduit au camp Naba Koom. Déjà blessé, il aurait été sauvé grâce à l’intervention de l’adjudant Ardjouma Kambou et du colonel-major Boureima Kéré.

«Oui, quand il est arrivé au camp, il était blessé», ont confirmé le colonel-major Kéré et l’adjudant Kambou. Le colonel-major Kéré a déclaré que ce policier a reçu même des soins au camp. Mais les éléments identifiés par la victime, en l’occurrence le soldat Adama Kaboré et le caporal Soumaïla Diessongo ont tout nié. «Personne n’a frappé Manli. Quand on l’a amené au camp il n’était pas blessé», a soutenu le soldat Kaboré.

En ce qui concerne le garde du corps de Roch Kaboré, il a laissé entendre qu’il a été bastonné par des éléments de l’ex-RSP à l’entrée de l’hôtel Laïco, alors qu’il était là pour protéger son patron, à l’époque, président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, parti au pouvoir).

«Ils m’ont frappé avec une cordelette et la crosse d’une arme. A cause de ces bastonnades. Aujourd’hui, je ne peux plus faire le travail que je faisais. Actuellement, j’ai des problèmes de rein», a signifié Nicolas Kaboré.

Au cours de la période du putsch manqué, nombreux sont ceux qui auraient été victimes de coups et blessures. C’est le cas de cette dame qui aurait reçu une balle dans son ventre alors qu’elle était enceinte. Elle faisait la lessive chez elle. Arrivée à l’hôpital, on lui aurait fait une césarienne pour enlever le bébé qui a été également touché par la balle qui aurait perforé une de ses fesses. La balle a été plus tard retrouvée dans les selles de l’enfant qui a survécu, tout comme sa mère aux événements.

Suspension d’une semaine

Après avoir écouté les victimes, le tribunal devrait poursuivre le procès avec les plaidoiries des conseils de la partie civile. Mais les avocats ont souhaité une suspension de l’audience afin de mieux se préparer. Finalement il leur a été accordé une période d’une semaine.

L’audience qui a été suspendue reprendra le jeudi 18 avril 2019.

Par Daouda ZONGO