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Procès putsch manqué: Michel Kafando libéré à cause de «son état de santé altéré»

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Le président de la transition burkinabè et représentant spécial de l'ONU, Michel Kafando n'aura pas une mission de tout repos (Ph. bujumburanewsblog.wordpress.com)

Le procès du putsch manqué du 16 septembre 2015, perpétré par des éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), débuté le 27 février 2018, se poursuit devant la chambre de jugement du tribunal militaire burkinabè présidé par le magistrat civil Seydou Ouédraogo. A la troisième journée de l’audition du colonel-major Boureima Kéré, ce mercredi 14 novembre 2018, il est ressorti que le président de la transition, Michel Kafando aurait été libéré car «son état de santé a été altéré» du fait de sa détention. Selon son médecin, le colonel Saïdou Yonaba, M. Kafando pouvait «ne pas survivre s’il passait encore 24 heures» en séquestration.

Le 16 septembre 2015, après leur enlèvement, des autorités de la transition ont été placées en détention au palais présidentielle et gardées par des soldats et sous-officiers du RSP, selon des éléments du dossier.

Parmi ces prisonniers des présumés putschistes, figurait le chef de l’Etat de la transition Michel Kafando. Selon la narration des faits du colonel-major Boureima Kéré, il serait celui qui a intervenu auprès du général Gilbert Diendéré, pour que le président de la transition soit libéré dans la soirée du 17 septembre 2015.

Mais selon le parquet militaire, le général Diendéré aurait accédé à la demande car le médecin colonel Yonaba, après avoir consulté l’état de santé de M. Kafando dans «sa prison», a confié au général que le président «pourrait ne pas survivre» s’il restait en détention «24 heures de plus».

Le colonel-major Boureima Kéré, chef d’état-major particulier à la présidence du Faso sous la transition, a estimé qu’il a «été trahi» car il «ne savait pas qu’avec les différentes crises, on pouvait arriver à une situation de putsch», affirmant qu’il a «le sentiment d’avoir failli à sa mission». Malgré ce qui est arrivé le 16 septembre 2015, il «pense avoir fait preuve de loyauté et de fidélité envers le président Kafando».

Le colonel-major Kéré reconnait avoir « accompagné le général Diendéré »

L’ex-chef d’état-major particulier à la présidence du Faso, le colonel Boureima Kéré, a reconnu avoir accompagné le général Gibert Diendéré dans le cadre du putsch.

«Si c’est l’accompagnement, j’ai accompagné en posant des actes, mais dans un contexte particulier», a-t-il affirmé. Pour lui, il a fait certaines choses parce qu’il ne pouvait pas faire autrement, citant la signature du communiqué qui fait du général Diendéré le président du Conseil national pour la démocratie (CND). Il avait indiqué dans ses déclarations précédentes qu’il a signé la déclaration sous les ordres du général au bureau du chef de corps du RSP où se trouvait un soldat armé. « La pression était énorme », a-t-il confié au tribunal.

Pour Me Prosper Farama de la partie civile, ce n’est pas parce qu’il dit avoir posé des actes dans un contexte donné que cela le déchargeait, mais soutenant que cela pourrait être considéré comme « une circonstance atténuante ».

L’authenticité du plumitif des greffiers remis en cause  

Au cours de l’audition du colonel-major Boureima Kéré, ce mercredi 14 novembre 2018, ses avocats, Me Dieudonné Bonkoungou et Me Mireille Barry ont remis en cause l’authenticité du plumitif des greffiers, utilisé par le parquet militaire comme un élément de preuve. Pour eux, les extraits de ce document, que le procureur militaire a fait appel, n’ont pas traduit fidèlement, et les propos de l’accusé et leurs propre propos devant la chambre de contrôle.

Mais selon le parquet, si la défense estime que ce qui est consigné dans le plumitif n’est pas ce qu’elle a eu à dire, «qu’elle apporte les preuves» de ce qu’elle avance.

Pour Me Séraphin Somé de la partie civile, la défense «cherche à noircir ce que le tribunal est en train de faire comme travail», soutenant que «c’est une défense qui a perdu sa sérénité».

L’audience a été suspendue vers 16h30 et reprendra le vendredi 16 novembre 2018.

Par Daouda ZONGO