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Procès Thomas Sankara: le parti de Compaoré «s’abstient par principe» de commenter le verdict

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Les dirigeants du CDP dont Eddie Komboïgo (centre)

La direction politique du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), «s’est abstenue par principe», le vendredi 15 avril 2022, face à la presse à Ouagadougou, de commenter la décision de justice rendue par le Tribunal militaire au terme de six mois de jugement, alors que leur leader, l’ex-président Blaise Compaoré, fondateur de leur parti, exilé depuis fin octobre 2014 à Abidjan, a été condamné «à la prison à vie» dans ce dossier.

La direction politique du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), a animé ce vendredi une conférence de presse à son siège sis au Centre-ville à Ouagadougou pour se prononcer sur des questions majeures touchant à la vie de la Nation et de la crise que vit le parti qui a régné pendant 27 ans avant d’être renversé par une Insurrection populaire qui s’est dressée face à un projet de prolongation du mandat présidentiel de M. Compaoré.

Sur le verdict prononcé le 6 avril dernier par le Tribunal militaire, condamnant à la prison à vie, les trois principaux accusés que sont Blaise Compaoré, Hyacinthe Kafando et le général Gilbert Diendéré, le président du CDP, Eddie Komboïgo, dit «prendre acte» de la décision qu’il «s’abstient par principe de commenter (car) elle n’est pas définitive», vu que les parties aux procès peuvent toujours faire des recours devant de plus hautes juridictions.

«Il est cependant très regrettable que certains citoyens, notamment les avocats de la partie civile, au lendemain de ce verdict, s’arrogent le droit d’interdire sous menace le président du Faso et l’Assemblée législative de la Transition (ALT) de penser à user de leurs prérogatives constitutionnelles pour accorder la grâce présidentielle ou voter une loi d’amnistie », a-t-il condamné. Face à de telles postures de certains citoyens qui «ne grandissent nullement la Nation», le CDP appelle l’ensemble des filles et fils du pays à un «apaisement des cœurs et à aller vers une véritable réconciliation nationale pour consolider le vivre-ensemble».

Le CDP appelle à soutenir les nouvelles autorités

A la suite des évènements du 23 janvier ayant abouti à un coup d’Etat militaire le lendemain 24 janvier 2022, le parti de Blaise Compaoré s’est inscrit dans une logique de soutenir et d’accompagner la transition en prenant part aux grandes rencontres qui ont permis la mise en place des organes dirigeants de la transition. Le CDP qui s’est «réjoui» de ces différentes phases dit avoir «espoir» que les nouvelles atteindront leurs objectifs, dont les premiers sont de débarrasser le pays des terroristes qui sèment la terreur des villes et villages.

«Au regard des différentes mesures fortes déjà prises dans le cadre de l’opérationnalisation effective de la stratégie nationale des Forces de défense et de sécurité (FDS), l’espoir de la restauration de l’intégrité du territoire et du retour des déplacés internes dans leurs localités d’origine est permis », a déclaré Eddie Komboïgo, ajoutant que «contrairement à ce que certains considèrent déjà comme un échec des nouvelles autorités, le CDP demeure convaincu qu’avec le soutien des filles et des fils patriotes du Burkina, les forces vives de la Nation elles atteindront leurs objectifs et réussiront leur mission».

C’est la raison pour laquelle le parti de l’épis et de la daba, a appelé ses militants à soutenir les actions du gouvernement de la transition. Pour les conférenciers du jour, aucun Burkinabè ne doit rester en marge de la marche vers la libération du pays.

Dans cette optique, le CDP a, à la suite du chef de l’Etat, à son tour, lancé un appel aux Burkinabè qui ont pris des armes contre leurs frères à les déposer et de rentrer dans le processus de dialogue en cours. Le parti de M. Compaoré a salué d’ailleurs cette initiative des nouveaux dirigeants du pays.

Le CDP a appelé également la communauté internationale, notamment la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à travailler à accompagner les nouvelles autorités du pays pour le bonheur des populations. « Nous suivons avec la plus grande attention, les échanges diplomatiques entre la CEDEAO et les nouvelles autorités. Nous saluons la bonne disponibilité des deux parties à œuvrer ensemble à trouver le compromis nécessaire pour l’intérêt supérieur du Burkina Faso», a-t-il indiqué.

Sur la cherté des produits de première nécessité, le CDP dit se faire le porte-voix des populations déjà meurtries pour exhorter les nouvelles autorités à œuvrer davantage à rendre ces produits disponibles et accessibles. En phase avec cette actualité, le CDP a réitéré son appel à la communauté internationale pour accompagner le Burkina Faso dans le cadre humanitaire.

Mais les conférenciers ont mis en garde contre une éventuelle dérive ou changement de cap des nouveaux dirigeants. « S’ils dérapent, nous allons encore donner de la voix», a prévenu le président du CDP qui a « encouragé le Mouvement patriotique pour la restauration et la sauvegarde (MPSR) à faire revenir tous les exilés politiques».

Sur la vie du parti, Eddie Komboïgo a réagi qu’il n’y a pas d’inimitié au sein de son parti. La crise que traverse sa formation politique est une «lutte interne, une lutte d’idées». C’est pourquoi il a lancé un appel aux militants qui ont quitté le CDP à revenir à la maison mère pour le rebâtir. «Nous voulons unir davantage au CDP», a-t-il soutenu, appelant les militants de son parti à poursuivre «sereinement» le renforcement des organes à la base.

« Que ceux qui se sont trompés baissent la garde et reviennent à la raison. Chacun a sa place et sa contribution à apporter au parti. Le parti est là et c’est leur parti. Nous ne chassons personne », a affirmé en conclusion sur cette question, Eddie Komboïgo.

Par Bernard BOUGOUM