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RD Congo: quand Mukwege, Fayulu et Matata dézinguent Tshisekedi

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Le président congolais, Félix Tshisekedi (Ph. d'archives)

Service militaire obligatoire et service militaire contractuel en République démocratique du Congo. La mesure est louable et devrait apporter du renfort, un appui non négligeable pour les Forces de défense de la RD Congo dans leur combat au quotidien contre les groupes rebelles qui écument notamment l’est du pays. Cependant, la décision si elle est saluée par nombre de citoyens est loin d’emballer l’actualité comme cette déclaration commune de trois leaders incontestés de la politique et de la société civile.

Certes, le feu allumé par le trio de choc, est loin d’être une première en la matière dans une Afrique où les alliances contre un régime ou pour un pouvoir se font et se défont pour se refaire et se…défaire, au gré des intérêts souvent personnels et égoïstes du moment. Mais cette sortie d’ensemble de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, l’opposant Martin Fayulu, et le Nobel de la paix Denis Mukwege, n’est pas un acte de mariage autour d’un quelconque projet politique. A la limite elle peut être le prémisse d’un heureux rapprochement d’hommes de bonne foi et jouissant d’une popularité certaine dans les milieux politique et de la société civile, pour dénoncer et lutter contre les dérives du fils de l’autre.

Arrivé au pouvoir par un tour de passe-passe dont seuls lui et son prédécesseur Joseph Kabila gardent encore le secret, Félix Tshisekedi, a vite emprunté la voie de ces opposants africains qui, dès qu’ils arrivent aux affaires, n’éprouvent aucune gêne, encore moins la moindre difficulté, pour faire de la mal gouvernance, la prédation de la liberté d’expression, les compromissions, le clientélisme, le népotisme et le musellement de leur peuple, leurs sports favoris. Pire, les anciens alliés de ces nouveaux dirigeants pour qui le pouvoir devient un moyen de répression féroce, deviennent des ennemis à écraser par tous les moyens. Pendant ce temps, les richesses du pays se transforment en propriétés privées de ces gouvernants pour qui le luxe et les honneurs, symbolisés par le tapis rouge qui leur est déroulé partout où ils passent, deviennent les valeurs les mieux appréciées.

Et c’est contre toutes ces dérives et d’autres, que se liguent Mukwegue, Fayulu et Matata, lassés de voir les conditions de vie des populations se dégrader inexorablement et la RD Congo sombrer dans la guerre et ce qu’ils ont appelé «l’émiettement du pays». Pesant bien leurs mots très durs, choisis dans un répertoire sans fard, l’ancien Premier ministre, le candidat qui n’a jamais digéré cette victoire qui lui a été volée lors de la présidentielle de décembre 2018 et «l’homme qui répare les femmes» n’ont laissé aucune place à la complaisance à l’endroit de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le «Fatshi national».

Les pourfendeurs de Félix Tshisekedi, avec la dernière énergie, refusent d’avoir à répondre devant l’histoire comme des témoins ou complices d’un pouvoir «irresponsable et répressif», d’un régime de corruption, de détournement des deniers publics, de clientélisme, de tribalisme, etc., et qui favorise la perte de l’intégrité physique du territoire national, tout en instrumentalisant la justice et les services fiscaux contre les candidats à la présidentielle. Le chapelet des récriminations égrené contre le président de la RD Congo par les trois leaders qui demandent, entre autres, la rupture des relations avec le Rwanda accusé de porter à bout de bras les rebelles du M 23 qui envahissent la RD Congo,  est des plus longs. Si Denis Mukwege se défend, en toute logique, de s’associer à une candidature commune contre Etienne Tshisekedi, il n’en demeure pas moins que sa détermination est grande dans ce combat commun contre «des situations anormales par rapport aux institutions de la république».

Même Matata Ponyo et Martin Fayulu, les deux hommes politiques sont encore loin de cette candidature unique qu’ils évitent cependant d’écarter.  S’il faut ajouter à ces deux probables challengers du président actuel, le richissime homme d’affaire Moïse Katumbi, candidat déclaré et d’autres, on peut le dire sans aucun risque de se tromper que «Fatshi» doit se taper bien des nuits blanches jusqu’au 20 décembre 2023, la date indiquée pour la prochaine présidentielle en RD Congo.

Mais d’ici à là, beaucoup d’eau aurait coulé sous les ponts et d’autres alliances nouées ou…dénouées!

Par Wakat Séra