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Sida en Afrique: longue sera encore la lutte

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Le Sida sera-t-il un jour conjugué au passé en Afrique? (Ph. rfi.fr)

La maladie est au sud et les médicaments au nord. C’est une réalité malheureuse qui a la peau dure et vaut pour tous les maux qui frappent l’Afrique et qui, tout comme la pauvreté et la mal gouvernance, constituent des boulets que le continent est comme condamné à porter ad vitam aeternam. De ces obstacles qui affectent, au propre comme au figuré, la santé de l’Afrique dont ils inhibent tout élan de développement. De Syndrome inventé pour décourager les amoureux comme désiglé sur fonds de la légendaire humeur africaine, le Sida, par ses ravages dignes des effets d’arme de destruction massive, a vite rappelé aux uns et aux autres, que le temps des plaisirs sexuels no limit était dépassé. Il faut désormais avoir des rapports sexuels protégés ou s’abstenir, n’en déplaise au président sud-africain, Jacob Zuma, qui, à l’époque a banalisé le «mal du siècle» arguant qu’une simple douche après le coït suffisait pour empêcher toute contamination. A l’exemple de Zuma, il faut reconnaître que l’Afrique, même si elle a pris la mesure des conséquences dévastatrices du fléau, est toujours à la traine dans la prise en charge par manque de moyens conséquents mais surtout en matière de prévention compte tenu de pesanteurs socio-culturelles.

Les us et coutumes constituant la pierre d’angle de la société traditionnelle africaine, les mariages forcés et le lévirat par exemple ont servi de véhicules naturels du virus qui a connu des piques inimaginables dans sa progression, notamment dans les parties centrale et australe du continent. Si dans les zones rurales, le Sida du fait des pratiques immuables de la tradition a sévi sans résistance, privant nombre de familles de leurs bras valides, les villes ont également subi la loi du virus, qui a décimé sans commune mesure dans le milieu des toxicomanes mais surtout des homosexuels, contraints de cacher leur penchant sexuel pour éviter la foudre d’une société très conservatrice de ses valeurs ancestrales. De ce fait, le Sida a fait des pas de géants, encouragé par la stigmatisation et l’ignorance qui ont fait pendant longtemps des séropositifs, des pestiférés dont on croit qu’ils peuvent transmettre leur mal par le simple contact. Fort heureusement, les campagnes de sensibilisation sur le port des condoms ont fait leur œuvre, tout comme la prise en charge des malades grâce aux aides venues de l’Occident a fini par montrer aux populations que le fléau, loin d’être une fatalité peut être vaincu ou tout au moins réduit à sa plus simple expression.

Les chiffres selon l’Onusida ont chuté, preuve que la lutte porte ses fruits. Cependant, les «mangeurs» du Sida, qu’ils s’appellent firmes pharmaceutiques, fabricants de préservatifs ou responsables d’associations qui ont fait de la maladie un fonds de commerce, luttent aussi pour que le «mal du siècle» retrouve un second souffle. Car, au lieu d’être de véritables cadres de réflexion et de prises de décision courageuse pour conjuguer le Sida au passé, les nombreux forums et sommets se transforment souvent en foires qui commencent et se clôturent sans grande conviction des organisateurs et participants d’avoir contribué à une quelconque avancée dans le combat contre cette maladie sans remède. Il est donc à souhaiter, pour le bonheur de l’humanité et particulièrement des Africains que la Conférence internationale de lutte contre le Sida et les infections sexuellement transmissibles  (ICASA) qui rassemble plus de 10 000 délégués, du 4 au 9 décembre, à Abidjan, ne soit pas un forum de plus mais un pas supplémentaire pour l’Afrique dans «une approche différente vers la fin du Sida».

Par Wakat Séra