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Energie solaire et diplomatie: la guerre de l’Afrique aura lieu

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Le solaire, avenir du monde? (togotopinfos)

Contrairement à la guerre de Troie, la guerre de l’Afrique aura bel et bien lieu. Et ce ne sera pas de la fiction mais une réalité très proche. Les signes annonciateurs de la bataille des «grands» pour conquérir l’Afrique ou renforcer leurs positions sur le continent ne sont plus cachés. Si l’inauguration le dimanche 10 mars de l’Alliance solaire international (ASI), a attiré la participation d’une dizaine de chefs d’Etats africains concernés indubitablement par cette initiative pensée par la France et l’Inde lors de la Cop 21 en 2015, sur le continent lui-même, l’assaut de la conquête a été donné par les patrons des diplomaties américaine et russe qui y sont en visite. Et, tout en évitant soigneusement de se rencontrer, le Russe Sergueï Lavrov et l’Américain Rex Tillerson, ne se rejoignent pas moins sur la défense des intérêts économiques des leurs dans les pays africains qu’ils ont choisi de visiter presque en même temps. Si le hasard du calendrier les y a contraints (Sic), aucun des missi dominici ne se prive par contre de porter le message très clair aux Africains que leur continent est très courtisé. Toutes choses qui ont même conduit Mister Tillerson, dans un discours paternaliste très déplaisant et éculé, à mettre les Africains en garde dans leurs relations avec la Chine.

En tout cas, l’ASI si elle a été mise en place loin de «la mère de l’humanité» et le continent de l’avenir comme on aime à qualifier l’Afrique, c’est une alliance qui pourrait bien profiter aux Africains s’ils arrivent à en tirer profit. Car, au lieu de continuer à se faire brûler par un soleil dont la nature les comble souvent même plus que de besoin, les Africains pourraient enfin en jouir sur tous les plans, grâce aux objectifs de l’ASI de venir en aide aux petits pays pour le financement des technologies dont le coût est très élevé pour ne pas dire hors de portée. Déjà victime presque passive des gaz à effet de serre produits massivement par les industries occidentales qui dérèglent l’environnement climatique, l’Afrique connaît un développement en saut de puce, à cause d’un manque criard d’énergie. Les récurrents délestages, voire coupures d’électricité qui s’étalent parfois sur des mois dans certains pays, notamment en milieu rural, ont toujours constitué un obstacle énorme en matière d’industrialisation. Pire, même des secteurs clés comme la santé subissent de plein fouet cette absence d’électricité, plongeant régulièrement des centres de soins dans l’obscurité, causant ainsi des décès lors d’accouchement ou autres interventions chirurgicales.

Malheureusement, et une fois de plus, ce sont des pays occidentaux qui prendront les devants dans la production de cette technologie dont l’Afrique a besoin pour sa révolution du solaire. Au mieux des cas, ces machines seront négociées avec des fabricants véreux, sur fond de commissions exorbitantes, et au pire des situations, ce sont des technologies inappropriées au climat africain parce que conçues et montées en Occident qui seront fourguées à prix d’or aux pays africains. Une chose est certaine, entre phobie du péril noir, après celle du péril jaune, les occidentaux continuent de courir vers l’Afrique, non seulement pour ses matières premières, mais aussi pour le marché immense qu’elle constituera d’ici à là, compte tenu de sa démographie galopante.

Par Wakat Séra