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Mort de soldats américains au Niger: une opportunité pour la force du G5 Sahel?

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L'embuscade a été fatale aux soldats nigériens et américains (Ph d'illustration)

Le danger est partout et les Américains ne sont pas mieux en sécurité à New York qu’à Ouagadougou. C’est la grande leçon à tirer de la semaine noire que viennent de vivre les Américains. Au moins 58 morts et plus de 520 blessés le soir du 1er octobre lors d’un concert en plein air à Las Vegas, et çà ce n’était pas du jeu, même si la ville en porte la réputation. Alors qu’ils pleuraient encore cette hécatombe dont ils n’ont pas en réalité fini de dresser la comptabilité macabre, le mercredi 4, à des milliers de kilomètres de ce théâtre mortifère, ce sont 3 soldats américains qui sont tombés, fauchés par les balles meurtrières de la racaille djihadiste qui écume le Sahel qu’il a érigé comme en QG imprenable. A leurs côtés, leurs compagnons d’infortune nigériens qu’ils ont formés pour traquer les terroristes ne connaîtront pas meilleur sort. Le bilan provisoire de cette embuscade fait également état de 5 soldats nigériens. Pourtant, ils étaient du Bataillon de sécurité et de renseignement (BSR) nigérien, donc a priori bien informés. Mieux, ils étaient encadrés par des commandos américains reconnus dans le monde comme faisant partie des meilleurs, en matière de forces armées. Mais que pouvaient-ils faire dans un guet-apens, une facette de cette guerre asymétrique dans laquelle sont passés maîtres les djihadistes?

Certes, la riposte américaine à laquelle participe les «Macron Boys» de la Force Barkhane et l’armée nigérienne sera sans aucun doute féroce, à la taille de la forfaiture de ces hommes sans foi ni loi qui tuent, disent-ils, au nom de Dieu. Mais le mal est fait et pose malheureusement une fois de plus, et avec acuité, la faiblesse et surtout le dénuement des armées africaines face à la puissance de feu des djihadistes. Le constat est au quotidien alarmant et inquiétant, surtout que sous le prétexte de les mettre à l’abri, les Occidentaux, notamment Washington, évacuent leurs ressortissants de tous ces pays africains qui de havres exotiques ont basculé dans la liste rouge de pays à risques. Le Burkina Faso, qui s’est retrouvé depuis un peu plus de deux ans dans l’œil du cyclone djihadiste vient d’être déserté par les Volontaires du Peace Corps américain, abandonnant à leur triste sort, les familles qui les accueillent avec chaleur et dont ils contribuent en retour au développement de leurs localités et par ricochet du Burkina. Comme quoi, c’est dans le malheur que l’on connait les vrais amis, comme l’enseigne l’adage. Le grand paradoxe dans l’affaire, c’est que la véritable cible des terroristes, ce sont les intérêts occidentaux en Afrique. Alors, abandonner l’Afrique alors qu’elle peut peu face à l’hydre terroriste qui s’est nourrie des rançons que les mêmes occidentaux ont versés pour la libération de leurs compatriotes otages, sonne comme un peu lâche.

A quelque chose malheur étant bon, le guet-apens mortel d’Akabar pourrait bien faire changer la position de Donald Trump sur le financement de la force du G5 Sahel qui peine à réunir le budget de 423 millions d’euros que les Européens voudraient ramener avec plus de réalisme à 250 millions d’euros. Les objectifs de cette armée du G5 Sahel étant de libérer cette région des terroristes et autres contrebandiers de tous ordres qui l’empestent, peut-être que les Américains qui jusque-là manifestent une certaine frilosité à accompagner l’accouchement de cette force en deviendront les premiers ambassadeurs, rôle jusque-là tenu par la France.

Par Wakat Séra