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Procès putsch manqué: «le général Diendéré» est le donneur d’ordre, selon deux adjudants

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(Ph. europe1.fr)

L’adjudant Jean Florent Nion, accusé d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires, dans le dossier du putsch manqué du 16 septembre 2015, rappelé à la barre, ce lundi 21 janvier 2019, pour une audition complémentaire, est resté sur ses premières déclarations faites devant la Chambre de jugement du tribunal militaire burkinabè. Il a été formel, l’ordre d’arrêter les autorités de la transition «vient du général (Gilbert) Diendéré».

L’adjudant Nion rappelé à la barre ce lundi, a laissé entendre que «c’est un plaisir pour (lui) de pouvoir revenir pour s’expliquer», après le passage du général Gilbert Diendéré. Il dit avoir pensé que le général Diendéré allait assumer les ordres qu’il a donnés. «Ce que j’ai entendu (au procès), moi ça me fait très mal. Je saigne au fond de moi», a dit l’accusé qui s’«inscrit en faux» contre les dires de l’ex-chef d’état-major particulier à la présidence, sous l’ex-président Blaise Compaoré. «Le général a dit qu’il n’a ni commandité, ni organisé, ni organisé, ni ordonné, ni exécuté» le coup d’Etat. «Ce que je sais est qu’il a ordonné l’arrestation des autorités», a soutenu l’adjudant Nion, faisant savoir que le général le déçoit depuis son passage à la barre.

Selon sa narration des faits, l’ex-garde de sécurité présidentielle, après avoir reçu, par l’intermédiaire du sergent-chef Roger Koussoubé, l’ordre du général Diendéré d’arrêter les autorités,   il aurait cherché confirmation auprès de celui-ci: «Quand je suis allé le (Diendéré) voir, il a demandé: «Ce n’est pas encore fait»? Pour l’adjudant Nion, le sergent-chef Koussoubé devrait dire la vérité. «Je ne sais pas pourquoi Koussoubé joue à ce jeu-là», s’est-il posé demandé, concluant que c’est «au tribunal d’apprécier les faits».

Pour Me Adrien Nion, «il est évident (que son client) reconnait ce qu’il a fait (arrêter les autorités)». Selon son avocat, l’accusé dit «la vérité» et «le général doit avoir le courage d’assumer jusqu’à la fin».

En ce qui concerne l’argent (1 941 000 FCFA) qu’ils (Mariétou Ouédraogo, Ali Ouédraogo, Jean Florent Nion, Issaka Ouédraogo, Eloi Badiel, Ouékouri Kossé et Adama Diallo) ont reçu, le client de Me Adrien Nion a indiqué que ça vient de la part d’une de ses connaissances (un homme d’affaire). Sa connaissance l’aurait appelé alors qu’ils étaient en train de manger en groupe et dans leur conversation, l’homme d’affaire lui aurait demandé si «ça va». C’est là que Jean Florent Nion lui a expliqué la situation, à savoir que les banques étaient fermées. «Il a dit qu’il va nous envoyer quelque chose», a affirmé l’adjudant Nion qui soutient avoir «eu la chance de connaitre des gens, de travailler avec des autorités». Pour lui c’est «la confiance» qu’il y a entre lui et le monsieur en question qui a amené celui-ci à les aider. L’accusé a, par ailleurs soutenu que cet argent n’a rien à voir avec les événements du 16 septembre 2015.

Avant l’adjudant Jean Florent Nion, c’est l’adjudant-chef major Eloi Badiel qui était à la barre pour son interrogatoire complémentaire. Accusé des mêmes faits, lui également a affirmé que l’ordre de faire le coup venait du général Diendéré, qui est passé par le sergent-chef Roger Koussoubé pour le lui transmettre.

En parlant du sergent-chef Koussoubé, l’adjudant-chef major Badiel a laissé savoir qu’il ne veut pas être désagréable avec lui, mais que celui-ci a joué à un jeu qui les a tous conduits ici. Il a affirmé que ce qu’il a entendu au procès c’est comme si l’initiative venait d’eux et pourtant ils «ne sont que des exécutants». «Je vais faire un coup d’Etat pour faire quoi? Je ne suis pas un politicien», a signifié Eloi Badiel, ajoutant qu’il n’a exécuté que des ordres venant du général Diendéré. «L’ordre a été donné d’arrêter les autorités, ce n’est pas un mouvement d’humeur (comme ce que dit le général). C’est faux. Le monsieur a été clair avant que l’ordre ne soit exécuté», a poursuivi l’adjudant-chef major.

Concernant l’action de l’arrêt de l’émetteur de RFI et celui de la radio Omega, l’adjudant-chef major a soutenu que les ordres venaient du capitaine Abdoulaye Dao.  Pour son avocat, Me Bertin Kiénou, «les instructions qu’il (son client) a eu à exécuter sont d’une gravité, il pouvait venir mentir, mais il a choisi de dire la vérité». Selon lui, l’adjudant-chef major «est quelque part victime car ceux qui ont donné les ordres sont venus nier».

L’audience a été suspendue à 16h30 et reprendra demain 22 janvier 2019, avec l’audition complémentaire du sergent-chef Roger Koussoubé.

Par Daouda ZONGO