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Procès Thomas Sankara: «Le 11 octobre 1987, Bossobè m’a dit qu’il y aura un coup d’Etat le 15 octobre» (témoin)

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A la suite de l’audition de l’accusé Tibo Ouédraogo, deux témoins sont passés à la barre, le jeudi 2 décembre 2021, dans le cadre du jugement du dossier de l’assassinat du président Thomas Sankara et de ses douze compagnons, pour faire leur déposition sur ce qu’ils savent des événements du 15 octobre 1987. Il s’agit de la restauratrice Thérèse Kationgo, ex-amie de l’accusé Bossobé Traoré, celui-là même qui lui aurait dit le 11 octobre 1987, que selon Nabié Nsoni (garde du corps de Blaise Compaoré) «il y aura un coup d’Etat le 15 octobre». Et le deuxième témoin est l’ex-fonctionnaire des Nations Unies, Abdoulaye Diallo.

Le premier témoin à passer à la barre après l’audition de l’accusé Tibo Ouédraogo, est Thérèse Kationgo, restauratrice au moment des faits. Elle est citée comme témoin car elle a été informée bien avant les événements qu’il y aura «un coup d’Etat le 15 octobre 1987» et que c’est «Blaise Compaoré qui est celui qui veut le faire».

«Entre le 11 et le 12 octobre 1987, Bassobé est passé me voir à mon restaurant soit disant pour me dire au-revoir», a déclaré Mme Kationgo qui affirme lui avoir demandé là où il partait. «Il m’a dit que Nabié (Nsoni) lui a dit de ne pas venir au sport de masse car il y aura un coup d’État le jeudi 15 octobre 1987. Je lui ai demandé qui veut faire le coup d’Etat et il m’a répondu que c’est le capitaine Blaise Compaoré», a fait savoir ce témoin qui lui aurait suggéré d’aller donner l’information à Thomas Sankara et il «a dit que Sankara était au courant». Il faut noter que le sergent Bossobé Traoré était un des gardes rapprochés du président burkinabè sous la Révolution d’août 1983.

Appelé à la barre pour une confrontation, le sergent Traoré a nié les faits. Il a soutenu qu’il n’a pas donné ces informations à son ex-amie. «Ce que Thérèse vient de dire là, moi je ne comprends rien. Je sais qu’elle m’a demandé si tout allait bien chez nous et j’ai dit oui. Elle a dit que ça ne va pas, qu’elle était au courant de tout et que Ouaga est dans leurs mains», s’est défendu l’accusé déclarant que son ex-amie lui en veut et que c’est elle-même qui a demandé au juge d’instruction de l’inculper. Mais selon le président de la Chambre de jugement qui a tenté de rassurer le sergent Bossobé Traoré lui a fait savoir que «ce n’est pas possible». «Mme Kationga ne peut pas faire cette demande à un juge», a-t-il poursuivi.

«La situation était sans issue»

A la suite de Mme Kationgo, l’ex-fonctionnaire des Nations Unies, Ismaël Diallo a été invité devant la Chambre de jugement à livrer ce qu’il sait des événements du 15 octobre 1987.

M. Diallo a été l’une des personnes à appeler le président Thomas Sankara le 15 octobre 1987 dans la matinée. Il affirme avoir parlé avec lui de la situation qui prévalait. «Je lui ai dit que la situation était sans issue ou l’issue était catastrophique, nous ne pouvons plus faire semblant». Mais Sankara s’est montré peu intéressé par ce qu’il disait. Il est donc allé voir Blaise Compaoré qui disait qu’il est malade. Le témoin lui aurait également parlé du même sujet et Blaise Compaoré lui a «demandé s’il a vu Gilbert (Diendéré) sortir quand il rentrait ?». «J’ai dit non et il m’a dit que c’est la première fois (qu’ils) parlent politique». Sur le sujet qui l’a amené au domicile de M. Compaoré le 15 octobre 1987 matin, M. Diallo lui a suggéré que lui et Thomas fassent une déclaration qui sera lue par une autre personne dans le but de rassurer les gens et apaiser la situation. «Il m’a dit que Thomas dira oui et il fera autre chose», a poursuivi le témoin qui déclare qu’il était loin d’imaginer que quelque chose se passera quelques heures après.

Selon Ismaël Diallo, il a appris les tirs du 15 octobre 1987 par une de ses nièces. Quant à la mort de Thomas Sankara, c’est un journaliste français qui l’en a informé le 15 octobre 1987 vers 15h30. «Je lui ai demandé de qui il tenait l’information et il m’a dit que c’est de l’ambassade de France.

Ce témoin informe aussi qu’avant les événements il a appris du président Nigérien Seyni Kountché que les présidents du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Togo auraient pris contact avec la France dans le but de faire un contre coup d’Etat au Burkina Faso.

L’audience a été suspendue et elle va reprendre le lundi 6 décembre 2021 avec la poursuite de l’audition du témoin Ismaël Diallo.

Par Daouda ZONGO