Accueil Editorial Sénégal: quand c’est Sall, Macky nettoie!

Sénégal: quand c’est Sall, Macky nettoie!

0
Même sort pour Khalifa Sall (à gauche) et Karim Wade? (Ph. dakar7.com)

Gouverner c’est prévoir. Le chef de l’Etat sénégalais a fait sien cet adage populaire séculaire en vue de s’éviter toute surprise désagréable pour l’élection présidentielle prévue pour 2019 dans son pays. Sauf tremblement de terre, Macky Sall tentera de briguer un second mandat, après son septennat finissant. Certes, l’homme n’a pas encore annoncé sa candidature mais c’est une formalité qu’il accomplira bientôt, sans coup férir. Les infrastructures grandioses dont l’aéroport international Blaise Diagne, respirant encore le neuf de tous ses pores, sont bien des signes qui ne trompent pas. Mais plus tangible encore comme preuve que l’enfant de Fatick se positionnera dans les starting-blocks pour la conservation de son fauteuil, c’est le grand nettoyage que fait le président sortant, dans les rangs de ses adversaires les plus à même de constituer des obstacles sur son parcours. C’est ainsi que Karim Meïssa Wade, le fils de l’autre, condamné à 6 ans de prison pour  «enrichissement illicite et détournement de fonds» et gracié ensuite par Macky Sall en 2016 pensait encore qu’il pouvait compétir dans la même catégorie que son «magnanime bienfaiteur», il a vite déchanté. Son sort a vite été ficelé par le rejet de sa candidature. La Cour suprême auprès de laquelle il espérait, sans grande conviction, trouver oreille attentive, vient de se déclarer incompétente de connaître du recours qu’il a déposé à son niveau.

Mais l’ancien «ministre du ciel et de la terre» ne sera pas le seul sur la liste des recalés. L’ancien maire de Dakar, l’autre gros arbre qui pouvait faire ombrage à Macky Sall vient d’être abattu. A moins d’un miracle, il ne pourra pas se relever de sa condamnation à 5 ans de prison ferme et 5 millions de francs CFA d’amende qui vient d’être confirmée en appel. A moins d’un miracle, le pourvoi en cassation, son ultime espoir ne connaîtra pas meilleur sort. La machine du pouvoir ne s’arrêtera pas en si bon chemin, dans son entreprise irréversible à broyer de l’opposant. Des concurrents poids lourds, Macky Sall n’en veut pas et son affaire semble bien ficelée pour qu’en 2019, il ne se retrouve qu’avec des candidats, sans volonté aucune de notre part de vouloir les traiter de menu fretin, qu’il pourra terrasser sans doute dès le premier tour. Ce ne sera pas une trouvaille exceptionnelle, encore moins l’apanage de Macky Sall. Ainsi fonctionnent les lois du simulacre d’alternance démocratique en Afrique et ce n’est pas Joseph Kabila qui dira le contraire, lui qui fait place nette autour de lui, pour laisser le champ libre à son candidat vers la victoire en décembre de cette année, date prévue pour l’élection présidentielle en République démocratique du Congo.

C’est donc clair, Macky Sall balaie la maison pour bien s’installer en 2019, avec le soutien du parti socialiste de Ousmane Tanor Dieng, pilier important de la Coalition Benno Bokk Yakaar. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, ce regroupement de formations politiques que certains qualifient d’alliance contre nature, car réunissant libéral et socialiste, portera encore son champion vers la victoire. En tout cas, le terrain est en train d’être méthodiquement déblayé avec l’aide considérable de la justice et des institutions électorales. Ainsi va la démocratie en Afrique!

Par Wakat Séra