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Tchad: 259 manifestants graciés par le président Déby

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Mahamat Déby (Ph. DW)

Au Tchad, 259 manifestants d’octobre 2022 ont été graciés, le lundi 27 mars 2023, à travers un décret signé du président Mahamat Idriss Déby, et ce, après leur condamnation le 2 décembre 2022. Un geste qualifié de «diversion» par les opposants du régime de Déby-fils.

N’Djamena semble être résolu dans son souhait d’apaisement de tensions. Un vœu formulé lors du dialogue national tenu fin août dernier.

En effet, 259 personnes ayant répondu à l’appel du 20 octobre 2022 de l’opposition tchadienne contre le pouvoir de Mahamat Idriss Déby bénéficient d’une mise en liberté anticipée du fait d’un décret du président les graciant.

Condamnés en début décembre passé de deux à trois ans de prison ferme pour des «faits d’attroupement non autorisé», entre autres,  ces détenus sont désormais libres,  de la prison de haute sécurité du Nord (en plein désert). ils étaient au total 262 personnes à être mis aux arrêts à la suite de la manifestation.  

Elles avaient été jugées, lors d’un procès de masse à huis clos, sans avocats ni médias indépendants, après plus d’un mois et demi dans des geôles pénitentiaires à 600 Km de N’Djamena.  

«C’est un geste de pardon pour permettre à tous les fils et filles du Tchad de bâtir leur pays sur des nouvelles bases», s’est réjoui, dès la publication du décret, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Aziz Mahamat Saleh.

«Ces personnes vont retrouver leur liberté, leur famille et reprendre le cours de leur vie», a  renchéri le coordinateur du collectif des avocats des ex-prisonniers du Nord, Frédéric Dainonet.

 Quant à l’opposition tchadienne, pas question de donner foi aux «diversions de la junte militaire» de N’Djamena. Selon les organisateurs des marches durement réprimées du 20 octobre, «il s’agit plutôt d’une manœuvre pour brouiller les cartes autour des nombreuses questions toujours en suspens au Tchad sous la dynastie Déby», se désole-t-elle.  

Outre les centaines de manifestants du «jeudi noir», autre appellation des violences du 20 octobre 2022, qui ont recouvrit la liberté, 380 rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (Fact) ont été graciés, deux jours plus tôt, là aussi, par un décret du président  Mahamat Idriss Déby.

Ces rebelles s’étaient fait reprocher la mort, en avril 2021, de l’ancien dirigeant et père de l’actuel chef de l’État, Idriss Déby Itno.    

Par Lassané SAWADOGO (Stagiaire)