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Tribune: « Se déprendre de la mystique de l’État occidental »

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‘‘Le vivre-ensemble peut-il n’être seulement que la résultante d’une souveraineté de l’État? C’est-à-dire une puissance absolue et perpétuelle de domination sur la société acquise par la force ou par le consentement majoritaire dans la démocratie représentative’’? Questionnement de l’auteur, Mamadou Diallo, qui estime qu’il est possible pour les Africains de se déprendre de l’État occidental et de la tentation des insurrections villageoises djihadistes, en s’appuyant sur leurs propres valeurs dans la construction du vivre-ensemble. 

Se déprendre de la mystique de l’État occidental et renouer avec les fondements philosophiques négro-africains de la construction du vivre-ensemble.

Le Roi est mort, vive le Roi ou, plus exactement, vive la Couronne!

Le gouvernement, l’assemblée nationale sont dissouts, vive l’État!

La constitution est abrogée, vive l’État!

Telle est bien là, le mystère de l’État qui peut survivre aux institutions les plus fondamentales, indifférent à la société elle-même qui en est pourtant la matrice. Telle est bien la force symbolique de la fiction de l’État comme « personne publique » construite par la civilisation occidentale et qu’elle a universalisé pour ainsi dire.

Telle est, selon Pierre Dardot et Christian Laval, «(….)  la grande leçon de Kantorowicz et de tous les historiens qui ont pris au sérieux la théologie politique: l’État n’est certes pas un donné primitif, une réalité originaire d’où tout aurait découlé, mais il s’est construit par un discours qui en a fait l’objet d’une croyance d’où il tire sa force propre.

Cet objet de croyance n’a pu se constituer que par le long récit changeant de la souveraineté, qui fait authentiquement partie de la mythologie occidentale, qui est même au cœur de la mythologie occidentale. Même si les raisons de croire en lui ont changé au cours de son histoire, l’État est resté l’objet d’une foi qui le fait exister pour les sujets question de savoir si, le vivre-ensemble peut-il n’être seulement que la résultante d’une souveraineté de l’État? C’est-à-dire une puissance absolue et perpétuelle (Jean Bodin) de domination sur la société acquise par la force ou par le consentement majoritaire dans la démocratie représentative.

Il nous faut explorer à grands traits, les racines anthropologiques, sociales, épistémologiques, juridiques et politiques de l’État occidental et les mettre en perspective avec les fondements philosophiques négro-africains de la construction du vivre-ensemble.

Georges Dumézil, célèbre philologue français, dans un labeur de 70 ans a laissé à la postérité une œuvre gigantesque sur les structures de la pensée des indo-européens qui fournit une clé de compréhension de la civilisation occidentale dont le rôle historique est sans équivalent dans l’histoire humaine actuelle.

Pour notre propos, ce savant est un point de référence solide, car comme Cheikh Anta DIOP l’a fait pour la civilisation négro-africaine, il a articulé ses recherches sur la civilisation Indo-européenne en s’appuyant sur la profondeur historique; il a mis au point une méthode, la méthode de la comparaison génétique qui s’appuie sur la cosmogonie, la linguistique, l’archéologie et la documentation écrite non contestée des époques les plus reculées, relatives à des populations nomades dont le point de départ migratoire est le berceau nordique c’est-à-dire les steppes eurasiatiques. Il s’agit «des peuples conquérants qui au cours des III et II millénaires se déplaçaient en Asie et en Europe, de l’Inde au Caucase en passant par l’Iran, puis ont progressé vers l’Anatolie et l’Atlantique».

En résumé de son approche, nous pouvons prendre appui sur les propos mêmes de ce savant: «Au moment où ces grandes civilisation du Proche-Orient étaient à leur apogée, au moment où  Platon et Aristote travaillaient qu’est-ce qu’étaient ces européens dont malgré tout nous descendons? Eh bien si nous ne les connaissons pas des documents historiques, si nous n’avons aucune histoire des Celtes et des Germains, des Slaves au quatrième et cinquième siècle avant notre ère, nous pouvons par la comparaison, ce que j’ai appelé tout à l’heure la comparaison génétique, c’est-à-dire la comparaison destinée à reconstituer un prototype à partir de documents historiques dispersés, la comparaison génétique nous permet de définir non pas les évènements historiques qui leurs sont arrivés, des catastrophes ou des victoires, le détail de leurs migrations, nous ne pouvons pas toucher de l’histoire, mais nous pouvons toucher leur idéologie; c’est-à-dire ce qui soutenait leur conception du monde, ce qui justifiait leur conduite et d’une façon générale leur religion».

Ainsi, comme le souligne J. RIES, «au terme d’un quart de siècle, G. Dumézil a découvert la donnée fondamentale qui va constituer la clé permettant d’entrer dans les arcanes de la pensée aryenne. Il s’agit d’un héritage partagé par une série de peuples indo-européens et visible grâce aux traces qui en sont restées. Cet héritage est représenté par une idéologie fonctionnelle et hiérarchisée: la souveraineté religieuse et juridique; la force physique s’appliquant spécialement à la guerre; la fécondité soumise aux deux autres fonctions mais indispensable à leur épanouissement et à la vie de la société».

Cette structure de pensée imprègne les sociétés indo-européennes depuis la société des castes en Inde, les États-Cités grecs et romains, l’Empire romain, les sociétés ternaires au moyen âge, le modèle de l’Église-État, l’État moderne occidental, corroborant pour ainsi dire une certaine « Stabilité structurelle et morphogenèse», que suggère la théorie développée par le mathématicien

René Thom. L’histoire de la civilisation occidentale est marquée par une dynamique de lutte pour le monopole dans l’exercice de la souveraineté par les tenants des fonctions religieuse, guerrière et de production.

L’épopée indo-européenne a ainsi forgé une «société juridique» qui cède progressivement la place à une «société de normes» sous le néolibéralisme. La «société juridique» s’incarne dans le règne de la Loi qui est de la seule volonté d’un souverain (le Roi-prête, un monarque, une aristocratie, un Empereur, une majorité en régime de démocratie parlementaire, une junte militaire). La rationalité théologico-juridique, les diverses théories du droit naturel, ont articulé dans leur confrontation dialectique la matrice théorique de la souveraineté de l’État occidental.

La «société de normes» du néolibéralisme, s’incarne quant à elle dans le règne de la norme de l’Entreprise et de la Concurrence dans un marché global à laquelle, chaque individu et les institutions doivent s’auto-ordonner. Elle a pour matrice théorique, le positivisme et tout particulièrement l’utilitarisme.

L’époque néolibérale actuelle se caractérise tout particulièrement par la co-cooptation ou coalition des élites des trois fonctions dans l’oligarchie gouvernante de la globalisation; ce qui en une certaine manière, consacre l’ancrage de la dynamique de sécularisation amorcée au siècle des Lumières et la prééminence qui peut sembler paradoxale, du pouvoir civil sur l’institution militaire et sécuritaire.

Les révolutions bourgeoises et socialistes, les réformes mises en œuvre par les social-démocraties n’ont pu universaliser le bien-être qui était pourtant la promesse des Lumières; elles ont cependant porté la compétition de souveraineté au travers des États, Entreprises et Armées aux portes de la disparition de la société-monde (catastrophes et/ou guerres nucléaires, désordre écologique irréversible, déshumanisation de l’Homme).

Dans le monde occidental, et pour l’essentiel dans le monde asiatique et sémitique, il est particulièrement «difficile de se déprendre de l’État» car chacun y est «façonné pour partie par l’État, en son esprit comme en son corps», la réalité est massivement étatique, étatico-nationale et l’imaginaire est profondément étatique comme l’ont fait observer Pierre Dardot et Christian Laval.

C’est ce mystère de l’État, cette force symbolique de la fiction de l’État comme «personne publique» qui façonne les classes moyennes et supérieures africaines occidentalisées et que porte l’État-Nation postcolonial; c’est une telle fiction qui a bien du mal à subjuguer les sociétés villageoises africaines contemporaines qui vivent ‘’tranquillo’’, leur plénitude culturelle nègre.

Ainsi, comment peut-on prendre au sérieux, celles des élites qui pensent que nos sociétés villageoises africaines contemporaines pourraient être une « société juridique » ou « société de normes » au sens occidental ; que la formule ‘’nul n’est sensé ignoré la loi’’ pourrait y être opératoire. Le corollaire jamais démenti, c’est leur indifférence à l’égard de la production juridique de l’État-Nation dont la législation et la règlementation sont non seulement méconnues, mais aussi sont peu applicables et peu appliquées.

Ceux pour qui la législation et la réglementation dans différents secteurs sont compréhensibles peuvent aisément constater que pour l’essentiel, elles mettent hors la loi, l’activité politique, économique, culturelle, sociale que déploient les sociétés villageoises; autrement dit c’est la poursuite de la mission civilisatrice de l’Occident.

Les slogans comme entre autres, ‘’ Respect de la forme républicaine de l’État », ‘’insertion dans les chaines de valeurs du marché mondial’’, ‘’Alternance démocratique ‘’ sont particulièrement inaudibles pour les sociétés villageoises africaines contemporaines.

Ainsi, s’explique la panne d’imaginaire alternatif du vivre-ensemble des révolutions messianiques, des luttes et insurrections populaires conduites sous l’impulsion des élites urbaines occidentalisées, et des insurrections villageoises djihadistes ; piégées pour ainsi dire dans la mécanique de la souveraineté de l’Etat occidental.

Cheikh Anta DIOP dans son ouvrage « Civilisation ou Barbarie » a entrepris une réflexion sur la naissance des différents États et sur les révolutions dans l’histoire. Il montre ainsi qu’au sortir de leurs organisations claniques et tribales spécifiques, les sociétés humaines du berceau méridional sédentaire (Afrique) et celles du berceau nordique nomade (Eurasie) ont engagé la construction de l’institution étatique afin de relever de nouveaux défis existentiels (matériels, culturels, cultuels et somatique) en s’appuyant sur leurs organisations sociales et leurs cosmogonies.

Chacun des berceaux articule les trois fonctions mises en évidence par Georges Dumézil avec cependant une dynamique de hiérarchisation différente. La civilisation indo-européenne est marquée par l’esprit de conquête, de domination absolue et perpétuelle qui aboutit soit au génocide des peuples conquis soit à leur mise en esclavage pour les besoins de la production. Ce qui a donné lieu comme on le sait, aux régimes esclavagiste, des castes, de servage et d’accumulation primitive du capital les plus féroces de l’histoire humaine.

Cette dynamique de conquête et de domination s’est déroulée sur un fond de lutte acharnée pour le monopole de la normativité juridique entre la fonction religieuse et la fonction guerrière qui a abouti comme on le sait à la sécularisation et au transfert de ce monopole à l’État moderne occidental sous l’impulsion de la révolution française bourgeoise et libérale de 1789.

Ce monopole est aujourd’hui exercé par les partis ou coalitions majoritaires qui acquièrent ainsi le pouvoir d’instituer et de gouverner ; c’est-à-dire de commander et de se faire obéir au moyen d’une bureaucratie technico-administrative dans tous les domaines et à toutes les échelles territoriales nationales, et au moyen de l’administration des instruments de la violence dite légitime.

Dans la civilisation négro-africaine le monopole de la souveraineté a toujours échu à la fonction religieuse ; elle a ainsi rejeté toute sécularisation et tout développement de la fonction guerrière et sécuritaire. Ce dernier aspect a sans doute facilité les conquêtes pendant la colonisation. Ainsi, en ce qui concerne tout particulièrement l’État pharaonique, monarchie de droit divin, le plus  développé et le plus structuré de la civilisation négro-africaine on peut méditer sur ce qu’en a dit Cheikh

Anta DIOP.

« A notre avis, un des traits distinctifs (de l’État égyptien pharaonique) est l’importance du pouvoir civil par rapport au pouvoir militaire ; l’aristocratie militaire y est pratiquement absente et les militaires n’y jouent qu’un rôle politique effacé, sinon nul, en période normale. L’aristocratie militaire n’est pas le point de mire de la société. La guerre a plutôt une fonction défensive. Toute la superstructure idéologique n’est qu’une apologétique des valeurs morales et humaines, à l’exclusion des valeurs guerrières ».

Telle est la normalité des choses dans la culture nègre ; bien naturellement, l’histoire a pu enregistrer des écarts significatifs de structuration et de développement d’une fonction guerrière y compris à l’époque pharaonique tenant de circonstances particulières : faire face à des invasions de peuples conquérants, adoption de l’islam par certaines aristocraties et de la pratique du djihad, participation de certaines aristocraties à la traite négrière arabe et européenne, émergence ponctuelle d’aristocraties militaires conquérantes.

La nature et l’articulation spécifiques des fonctions religieuse, guerrière et de production dans la culture nègre sont partie intégrante de sa cosmogonie.

Chez les indo-européens l’idéologie trifonctionnelle est articulée à un ensemble hiérarchique des trois prêtes les plus importants et des dieux qu’ils sont appelés à servir ; dans le cas romain avant la République romaine antique : Jupiter (le Dieu souverain du Ciel, de la Terre, des autres Dieux et des êtres vivants), Mars (le Dieu de la guerre, de la jeunesse et de la violence) et Quirinus (Dieu de la production et de la reproduction selon Dumézil) ; puis Jupiter, Junon et Minerve à l’époque impériale. Cette triade se retrouve avec des dénominations spécifiques à chacune des langues des peuples de la famille indo-européenne.

Chez les négro-africains il en va tout autrement ; si l’on veut se fonder sur une expression de la     civilisation négro-africaine qui a laissé des traces écrites dans une langue et une écriture propres, il faut naturellement se référer à la cosmogonie égyptienne et tout particulièrement à Maât. « Maât est, dans la  mythologie égyptienne, la déesse de l’harmonie  cosmique, de la  rectitude  (ou conduite morale), de l’ordre et de l’équilibre du monde, de l’équité, de la  paix , de la vérité et de la  justice .

Elle personnifie l’ensemble de ces concepts, et à ce titre elle est la régulatrice de la course des astres, des saisons, ainsi que des actions des mortels et des dieux qui ont fait surgir l'ordre du chaos au moment de la création. Elle est l'antithèse de l' isfet  (le chaos, l'injustice, le désordre social, lancorruption, la violence, la malveillance…).

« Maât est également la fille de  Rê  (dieu solaire et créateur) et compagne de  Thot  (dieu érudit ayant enseigné les hiéroglyphes aux hommes)» ( Wikipedia).

Tels sont campés, les fondements philosophique négro-africains de régulation de la société humaine. On peut rattacher Maât de l’approche courante de la raison raisonnante ; on peut pour ce faire prendre appui sur différentes exégèses de spécialistes. Pour notre propos, nous allons nous référer à celle de Mbog Bassong présentée sur son blog.

« Diverses définitions ont été données par les Égyptologues pour expliquer Maât. Nous retenons celle de Georges Posener qui nous semble rigoureuse : « L’équilibre de tout cet univers, le rapport harmonieux de ses éléments, leur nécessaire cohésion au maintien des formes créées c’est ce que les égyptiens appellent Maât.».

L’équilibre est sous-tendu par un rapport harmonieux qui fonde la cohésion. Ainsi dit, on pressent que les anciens Égyptiens entrevoient dans ce concept, un jugement scientifique sur les conditions de l’harmonie et en même temps, une disposition éthique qui préfigure l’enjeu de la cohésion et donc, une sorte de norme d’action du savoir justifié. « Maât est un logos (Théophile Obenga)», une méthode de construction de la pensée conforme au Principe d’Ordre universel posé dès le départ comme une loi. L’égyptologue précise : « Maât, c’est donc à la fois l’ordre universel, et l’éthique qui consiste à agir, en toute circonstance, en accord avec la conscience de cet ordre universel. »

Matila Ghyka (Dans « Le Nombre d’or » chez Gallimard) saisit aussi le principe d’action du logos comme  le jugement, la faculté essentielle de l’intelligence raisonnante, la juste perception des rapports entre les idées et les choses.». Ailleurs, le philosophe allemand Hans Jonas conçoit un « principe de responsabilité » proche de Maât : « Agis de telle façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre».

Quelle forme et quelle grandeur pouvons-nous donner à ces rapports harmonieux entre les idées et les choses en vue d’énoncer le jugement éthique suspendu à l’entendement de la science, de la loi ? ». Comme on le sait, la cosmogonie égyptienne est d’essence matérialisme (la matière incréée) et  d’essence idéaliste (la puissance créatrice du Verbe, du Logos, de l’Esprit) ; elle postule une « Rationalité du réel : l’Ordre universel indépassable » que la raison raisonnante s’efforce d’appréhender et d’inférer en tout, y compris dans l’organisation sociale.

Maât tient des premières expériences de la vie humaine, celle de l’homo Sapiens sapiens en marche vers le paléolithique et le néolithique : les premiers acquis de la raison constituée : l’instinctif, et l’inné  que les sciences cognitives et l’éthologie nous dévoilent chaque jour ; l’homme, sa dépendance d’avec les autres éléments de la nature, d’avec son ascendance et sa descendance (le désir, l’amour de la filiation et de l’autre, la force du nombre) ; l’interdépendance harmonieuse de tous les éléments de la nature et l’émergence de la première science, celle de l’observation : chasse, pêche, cueillette, agriculture, élevage, la maladie et les soins, l’éducation, le traitement des dépouilles mortelles, le culte du souvenir de ce qui sont morts, la naissance de la famille et de l’organisation de la filiation, la cristallisation des acquis dans l’organisation sociale et dans la division du travail : clans, tribus, ethnies, castes, État et leurs modalités spécifiques de construction du vivre-ensemble qui devient ainsi un horizon de philosophie politique.

La clé de voûte de la philosophie politique négro-africaine est Maât ; c’est-à-dire, conjurer le chaos, l’injustice, le désordre social, la corruption, la violence, la malveillance. Le principe d’action est donc celui de la responsabilité autant pour le monarque que le commun des mortels, fondée sur Maât dont chacun devra en faire la preuve après sa mort au moyen de confessions négatives (ce qu’il n’a pas fait de qu’il ne devait pas faire de mal) et des confessions positives (ce qu’il a fait de ce qu’il devait faire de bien).

Ainsi on peut voir que l’enjeu pour la civilisation négro-africaine n’est pas la conquête, la domination, la construction de sujets asservis au monarque, taillables et corvéables à souhait, mais la quête de la bienveillance du cosmos, de l’harmonie sociale aux moyens de la sacralisation, de la ritualisation, de l’initiation, de la vérité, de la justice, de l’équité, de la solidarité, de la fraternité et de la citoyenneté.

Ces valeurs articulent les forces immanentes de la dynamique culturelle, sociale, politique, économique des sociétés villageoises africaines contemporaines et leur prolongement dans les couches populaires en milieu urbain. Elles constituent comme on le sait, l’écrasante majorité des populations africaines sans laquelle rien n’est possible.

Cela est donc d’évidence, aucune société ne crée d’emblée un État comme modalité du vivre-ensemble. Mais comme on le sait, les familles, les clans, les tribus et ethnies bien avant l’institution étatique au sens commun, se sont gouvernés et continuent largement à le faire en Afrique. C’est-à-dire que ces organisations sociales, ont mis en branle des processus instituant de leur vivre-ensemble; autrement dit, le Politique a existé bien avant l’État et continue en Afrique à exister à côté du Politique porté par l’État-Nation post colonial en Afrique.

Il est donc possible pour les africains de se déprendre de l’État occidental et de la tentation des insurrections villageoises djihadistes en s’appuyant sur ces valeurs dans la construction d’un imaginaire alternatif et d’instituions viables du vivre-ensemble.