Accueil Editorial Afrique: indépendances de façade, vraie parodie d’élections!

Afrique: indépendances de façade, vraie parodie d’élections!

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Les dirigents de l'Afrique francophone de l'ouest autour du Général De Gaule (DR)

Près de 60 ans d’indépendance et toujours dépendante! Le constat est amer mais se fait plus que jamais persistant, notamment en ce mois d’août qui rappelle à la conscience collective noire que la France avait pris la décision de distribuer à ses colonies, ces indépendances qu’elles voulaient et chantaient sur tous les toits. Et depuis lors, l’un à la suite de l’autre, dans un calendrier dont seul le maître blanc avait la maîtrise, les pays africains, notamment de la partie francophone de l’ouest du continent ont acquis leurs indépendances. Mais comme l’a si bien dit le chanteur sénégalais «ce que tu n’as pas défendu par les armes, ne crois pas le garder avec les larmes», indépendance non conquise est demeurée indépendance dans la dépendance. Soucieux de ne jamais lâcher cette vache laitière qui leur procure la plus grande source de leur subsistance, nos ancêtres les gaulois ont mis en place des mécanismes bien huilés et malheureusement entretenus pas nos dirigeants, pour avoir la main sur les richesses du continent. Des chaînes séculaires qui n’ont plus rien à voir avec les attaches grossières de l’esclavage mais tout autant, sinon plus solides, continuent de lier l’Afrique à l’ancien colon, prenant le nom plus subtile, d’«accords de partenariat et de défense». C’est ainsi que même la voie pour aller à un sommet du continent, à Addis Abeba en Ethiopie ou à Lomé au Togo, passe par Paris en France ou, peut-être moins, Londres en Angleterre

Au grand dam des populations au nom de qui ils seront passés, officiellement ou dans le secret le plus opaque, ces véritables «marchés de dupes» maintiennent des générations entières sous coupe réglée et les contraignent à rembourser des sommes colossales qui n’ont profité en réalité qu’à des roitelets véreux, plus soucieux de défendre leurs «trônes» durent-ils marcher dans le sang de leurs «sujets». Le franc CFA, objet aujourd’hui l’un des débats les plus divisionnistes entre Africains, demeure du reste le vestige le plus marquant de cette indépendance dans la…dépendance. Heureusement qu’à côté de cette politique d’assimilation, totale dans la partie francophone ou indirecte chez les voisins anglophones, des valeurs comme la langue et la démocratie, cette dernière dans une mesure très à relativiser, ont rapproché les Africains entre eux et avec d’autres nations dans le monde. Car, il faut reconnaître que l’Afrique ne pouvant vivre recroquevillée sur elle, avait bel et bien besoin de ces valeurs universelles qui offrent des ouvertures heureuses sur le respect des droits humains, la gouvernance, et l’alternance démocratique. Sauf que ce processus démocratique, s’est finalement présenté en certains endroits comme une camisole de force, ou un corset pour être plus «soft», dans laquelle les Occidentaux essaient d’engoncer les nations africaines au détriment de toutes leurs réalités socio-culturelles et surtout de leur passé glorieux dont se sont même inspirés dans certains fondements de la fameuse démocratie.

Question: cette démocratie importée de l’Occident et malmenée sous toutes ces angles par les Africains et même par «ses propriétaires» selon leurs intérêts, fait-il le bonheur des peuples africains? Non! Parce que la plupart du temps et partout en Afrique, ces moments dits de «vote transparent» par des observateurs nationaux et surtout internationaux chichement entretenus par le pouvoir en place, font vivre les populations  la peur au ventre. Elles sont contraintes d’assister, comme au Mali, au Zimbabwe et bientôt en République démocratique du Congo (RDC), à des parodies d’élections qui volent la victoire aux véritables gagnants et plongent les pays dans des crises post-életorales sanglantes, débouchant le plus souvent sur des guerres civiles dévastatrices.  Africains, qu’avons-nous fait de nos indépendances? Interrogation dont la réponse sincère pourrait nous faire changer le fusil d’épaule et nous faire penser comme le révolutionnaire Thomas Sankara et l’historien et politique Joseph Ki Zerbo «qu’on ne développe pas» mais qu’on se développe.

Par Wakat Séra