Accueil Politique Burkina: opposition et pouvoir divisés sur l‘adoption d’un projet de loi

Burkina: opposition et pouvoir divisés sur l‘adoption d’un projet de loi

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Le maire de Ouaga propose une solution au problème de mobilité aux populations de sa ville et celles des environs

Depuis vendredi 30 juin 2017, le ton est monté d’un cran entre l’opposition politique et les partis alliés au Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti au pouvoir au Burkina Faso. En cause, l’adoption en vue d’un projet de loi portant allègement des conditions du Partenariats public-privé (PPP), prévue ce lundi 3 juillet soir.

Les formations politiques affiliées au Chef de file de l’opposition (CFOP), ont indiqué avec véhémence, lors d’une conférence de presse tenue le 30 juin 2017 à Ouagadougou à leur siège, qu’elles s’opposent à la loi sur l’allègement des conditions d’exécution du programme des projets PPP.

Selon l’opposition, le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré s’apprêterait à organiser une «corruption de masse» à travers l’exécution de 38 projets dont elle estime le coût à «7 000 milliards de francs CFA». L’opposition a prévenu que si cette loi venait à passer au niveau de l’Assemblée nationale, elle appellerait les Burkinabè à «descendre dans la rue».

Comme il fallait s’y attendre, la réaction des partis de la majorité présidentielle n’a pas tardé. Le dimanche 2 juillet, soit deux jours après la sortie médiatique du CFOP, le regroupement dirigé par Salifou Diallo, président de l’Assemblée nationale, a, à son tour, invité les journalistes pour répondre aux accusations des opposants.

Le coût des 38 projets est estimé à «1 780 milliards de francs CFA» contre «7 000 milliards FCFA » annoncés par l’opposition, a précisé Simon Compaoré, premier vice-président du MPP, qualifiant les propos de l’opposition de «calomnieux et de mensongers». «La rue ne peut pas inquiéter ceux qui sont nés dans la rue. (…) Je me demande si c’est toute l’opposition ou une partie de l’opposition qui réagit comme ça», a appuyé Me Stanislas Bénéwendé Sankara, premier vice-président de l’Assemblée nationale, par ailleurs président de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS).

Le président du MPP, Salifou Diallo, ne s’est pas fait prier pour répondre à l’opposition: «Ceux qui sont contre la construction des routes peuvent décider de circuler à côté si nous en construisons. Ceux qui sont contre la construction des centrales thermiques peuvent également décider d’allumer une bougie ou une lampe la nuit».

Le président de l’Assemblée nationale a alors déclaré: «Personne ne peut nous empêcher de voter cette loi. Nous allons voter cette loi advienne que pourra. Nous allons la voter pour construire des hôpitaux et des routes pour nos parents; pour construire des forages pour nos populations; pour construire des universités pour ne plus clochardiser nos étudiants».

Cette actualité ne laisse pas indifférent certaines Organisations de la société civile. Le coordonnateur du réseau Dignité (proche du pouvoir), Michel Rabo, a indiqué à Wakat Séra qu’une loi doit être «dynamique». «Si en plus de la loi, il y a des structures de contrôle pour accompagner l’exécution des projets» de développement mis en œuvre par l’Etat, le réseau n’y voit pas d’inconvénient», a poursuivi M. Rabo.

Le coordonnateur du réseau proche du pouvoir, a cependant appelé les uns et les autres au bon sens pour que la «stabilité» du Burkina ne soit pas perturbée par ces querelles politiques.

Pour Pascal Zaïda, président du Cadre d’expression démocratique (CED), «il est trop tôt pour se prononcer, au risque de prendre parti». Le CED qui lutte actuellement pour une «vraie réconciliation», dit vouloir «attendre que le projet de loi soit voté avant tout propos».

Les plaintes des usagers en ce qui concerne l’administration publique est un argument qui donne raison au gouvernement pour qui la lenteur des procédures est une plaie pour l’efficacité des réalisations des projets du programme de Roch Kaboré. A cela s’ajoute l’urgence des préoccupations actuelles des Burkinabè exprimées sous forme de revendications sociales par les syndicats de la Fonction publique. Mais, est-ce pour autant que l’opposition ne jouera pas son rôle d’interpellateur? L’opposition doit-elle cautionner des actes de corruptions si elle les décèle?

Vivement que les deux parties accordent leurs violons pour le bien-être des populations burkinabè.

Mathias BAZIE